Par Laurent Jaunaux

Cet article a été publié dans Acta Macionica n°14, en 2004 pour le bicentenaire du REAA en France.

 

Introduction

Le Rite Écossais Ancien & Accepté est il un rite « universel » ? Qu’entend-on par universalité en parlant de la Franc-Maçonnerie ? Telles sont les questions que je me suis un jour posées en voulant regarder d’un œil critique le rite qui m’a vu naître à la Maçonnerie il y a des années de cela.

Pourquoi finalement se poser ces questions ? Il apparaît que les Frères pratiquant le Rite Écossais Ancien & Accepté dans les pays francophones manifestent un très fort attachement à leur rite. Ils revendiquent paradoxalement spécificité et universalité.

Spécificité parce qu’ils considèrent qu’ils pratiquent un rite très codifié, précis, héritier d’une longue tradition ésotérique et initiatique qu’on ne trouve dans aucun autre rite et universalité parce que fort de ses spécificités ce rite s’intègre parfaitement dans l’Ordre Maçonnique Universel. Pour reprendre l’expression de Yves-Max Viton, Passé Grand Maître de la Grande Loge de France, nous pourrions dire que le REAA est un soliste dans le concert de la Franc-Maçonnerie Universelle.

Pour bien comprendre ces réflexions, il nous appartient de faire un bref rappel de l’histoire de ce Rite.

 

Résumé historique

Le Rite Écossais Ancien & Accepté est né il y a un peu plus de deux siècles, en 1801 exactement, à Charleston en Caroline du Sud. Il comporte aujourd’hui 33 degrés allant de celui d’Apprenti à celui de Grand Inspecteur Général, le fameux 33e degré.

C’est en décembre 1802 qu’une « Circulaire aux deux hémisphères » annonça la création d’un Suprême Conseil du 33e degré des États-Unis d’Amérique le 31 mai 1801 à Charleston.

En Europe, ce Rite est arrivé grâce au Comte Alexandre François Auguste De Grasse-Tilly, membre du Suprême Conseil de Charleston. De Grasse-Tilly s’empressa de fonder le Suprême Conseil de France qui naquit à Paris en Octobre 1804 (le Suprême Conseil de France, celui de la rue Puteaux, toujours en activité à Paris, souché sur la Grande Loge de France).

C’est grâce au traité d’Union de 1805 unissant le Rite Écossais au Grand Orient que ce dernier le reçu en son sein. Alors que le Suprême Conseil de France était en sommeil, cette obédience fonda en 1815 un Suprême Conseil des Rites qui eut Germain Hacquet, ancien Grand Officier du Suprême Conseil de France comme premier Souverain Grand Commandeur. Le Suprême Conseil de France fut réveillé en 1821. Il continua jusqu’à ce jour à diffuser l’esprit et les initiations propres à ce rite.

En Belgique, le Rite Écossais Ancien & Accepté est arrivé grâce à l’armée Napoléonienne qui comptait en son sein de nombreuses Loges. C’est la Respectable Loge « Les Amis Philanthropes » qui fut la première à utiliser ces rituels Cette Loge du Grand Orient de Belgique, toujours en activité, pratique le Rite Moderne. Cependant, une fois par an, elle pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté à l’occasion d’une tenue particulière. .

 

Organisation du REAA

Aujourd’hui le Rite Écossais Ancien & Accepté est très distinctement séparé en classes :

Les Loges Bleues (ou symboliques) forment une première classe qui est administrée par une Grande Loge. Les Loges symboliques dépendent de la Grande Loge, tant dans leur organisation, leur administration que dans la pratique de leur rite.

Les degrés allant du 4ème au 33ième sont placés sous la juridiction d’un Suprême Conseil (pour les Frères venant de la Grande Loge Régulière de Belgique ou d’une obédience reconnue par elle, c’est le Suprême Conseil Pour la Belgique qui administre le Rite pour les degrés supérieurs au 3ième.). Le Suprême Conseil est indépendant de la Grande Loge, néanmoins des accords régissent l’appartenance à l’un et l’autre de ces corps Maçonniques constitués.

La séparation des 3 premiers degrés des autres de la hiérarchie de ce rite n’a pas toujours été aussi nette en Europe. Pendant la période allant de 1821 à 1894, le Suprême Conseil de France a administré l’ensemble des degrés du Rite.

Si nous nous plaçons dans l’optique de démontrer que le Rite Écossais Ancien & Accepté est un rite universel, nous pouvons nous demander si il est cohérent qu’un Suprême Conseil administre des degrés symboliques. La réponse est bien évidemment négative.

D’abord parce que la Circulaire aux 2 hémisphères, écrite par Dalcho et Mitchell en décembre 1802 sépare bien les loges symboliques du système écossais.

Bien que nombre de degrés Sublimes soient, en fait, le prolongement des degrés Bleus, il n’y a pas pour autant ingérence entre les deux institutions

[…]

Les Maçons Sublimes ne procèdent jamais à des initiations aux degrés Bleus sans autorisation de droit accordée dans ce but par une Grande Loge Symbolique

[…]

Les Dénominations des Degrés Maçonniques sont comme suit, à savoir :

1e Degré Apprenti Admis

2e Compagnon

3e Maître Maçon, conférés par la Loge Symbolique

Négative toujours parce que nous savons que Grasse-Tilly, Mitchell et Dalcho appartenaient à des Loges de Rite « Ancien ». Grasse-Tilly ayant également été fondateur et Vénérable Maître de la Respectable Loge « La Candeur La Respectable Loge La Candeur, fondée en 1796 et intégrée le 21 janvier 1798 à la Grand Lodge of Free and Accepted Masons of Southern Carolina (la Grande Loge des « Moderns »). » de Rite « Moderne ».

Négative enfin parce que Grasse-Tilly, dans son « thuileur Cf. la superbe réédition de ce tuileur faite en décembre 2003 à l’initiative du Suprême Conseil pour la France (souché sur la GLNF, sis avenue de Villers) » édité en 1819 fait commencer le Rite Écossais Ancien & Accepté à partir du 4ième degré, conformément à la Circulaire de 1802.

La façon dont est pratiqué le Rite Écossais Ancien & Accepté aujourd’hui nous permet de nous poser la question de savoir si il est universel ?

Pour répondre à cette question, nous allons analyser le Rite, son histoire et sa pratique sous trois aspects : Le premier sera de constater l’apport de ce Rite à la Franc-Maçonnerie Française grâce à une étude de deux textes dits fondateurs. Nous verrons ensuite comment le Rite a su se diffuser dans les principales obédiences Françaises. Nous verrons enfin comment les rituels symboliques Écossais ont évolué depuis 1744. Cela nous permettra de tirer quelques conclusions et de définir des critères « universels » qui définissent l’appartenance d’un rituel au REAA.

carte voeux 2004 REAA

Figure 1 : Loge du REAA au 19e siècle. Photo aimablement communiquée
par le Musée-Archives-Bibliothèque de la Grande Loge de France. (merci François Clignement d'œil )

 

 

 

L’apport du Rite Écossais Ancien et Accepté

Le Rite Écossais Ancien et Accepté s’est vite développé dès son arrivée sur notre vieux continent. En fait, l’annonce de sa création a été faite par la Circulaire aux Deux Hémisphères de décembre 1802. Nous allons constater que cette circulaire est un authentique hymne à l’universalité. L’étude de l’introduction à la version latine des Grandes Constitutions de 1786, publiée dans les actes du Suprême Conseil de France en 1830 viendra confirmer cette hypothèse.

 

La Circulaire aux deux hémisphères Une traduction de la Circulaire de 1802 est donnée en annexe. : Un hymne à l’Universalité ?

Quelle est la situation maçonnique mondiale en décembre 1802, au moment où la Circulaire est envoyée aux deux hémisphères ?

Le premier mot qui nous vient à l’esprit pour la qualifier est : Chaotique. En Angleterre, la Grande Loge des « Ancients » s’oppose à celle des « Moderns », chacune essaimant, distribuant chartes et patentes. Aux États-unis la situation est identique. La Caroline du Sud par exemple, berceau du Rite Écossais Ancien et Accepté, compte deux Grandes Loges : La Grande Loge de Caroline du Sud, moderne, et la Grande Loge des « Ancients York Mason », la Grande Loge « Ancienne ». Elles ne s’apprécient pas du tout.

En Europe Continentale le problème est légèrement différent : les Maçons « Modernes » s’opposent aux Maçons « Écossais ». En fait, ces derniers revendiquent des privilèges spéciaux en Loge en vertu des degrés supplémentaires qu’ils ont reçus Ces « privilèges » apparaissent de façon explicite dans le Guide des Maçons Écossais :

Si le frère visiteur est un officier d’une mère-loge, ou député près d’elle, un grand élu de la voûte sacrée, ou subl.’. prince de Royal-Secret, il est reçu à la porte avec cinq étoiles, les maillets battans , et on le fait passer sous la voûte d’acier; avec trois étoiles si c’est un vénérable. . La Maçonnerie bourgeoise parisienne s’oppose également à la Maçonnerie aristocratique provinciale.

C’est dans ce contexte que Dalcho et Mitchell entreprennent une « rénovation » du Rite du Royal Secret Ce rite est connu sous le nom de « Rite de Perfection ». Il comptait 25 degrés qui ont été repris dans le Rite Écossais Ancien & Accepté. du Frère Morin pour aboutir au Rite Écossais Ancien et Accepté. Ils annoncent la création du Rite par la Circulaire aux Deux Hémisphères, envoyée en décembre 1802. Elle commence par ces mots :

De l’Orient du Grand et Suprême Conseil des Très Puissants Souverains,

Grands Inspecteurs Généraux, sous la Voûte Céleste du Zénith situé par 32 deg. 45 Min. de L.N A nos Illustres, très Vaillants et Sublimes Princes du Royal Secret, Chevaliers K.H, Illustres Princes et Chevaliers, Grands, Ineffables et Sublimes Maçons, Francs Maçons Acceptés de tous les degrés, Anciens et Modernes, répandus à la surface des deux Hémisphères. A tous ceux auxquels parviendra cette correspondance : Santé Constance et Vigueur

Que constatons nous ? Nous remarquons que cette circulaire s’adresse à l’ensemble de la Maçonnerie connue alors ; à savoir les maçons Anciens et Modernes sans distinctions de rite ni de degrés.

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Figure 2 : Emplacement du Suprême Conseil de Charleston en 1801

Dalcho et Mitchell annoncent ainsi une organisation rituelle commune pour tous.

Commune, le mot est lâché. Est il trop fort ? Peut on penser que Dalcho et Mitchell ont voulu créer un système de hauts grades commun à l’ensemble de la Maçonnerie ? L’introduction ne laisse pas subsister le moindre doute puisqu’elle est à destination de tous.

Cette impression est confirmée par la présentation de l’organisation des degrés :

Les Dénominations des Degrés Maçonniques sont comme suit, à savoir :

1e Degré Apprenti Admis

2e Compagnon

3e Maître Maçon, conférés par la Loge Symbolique

Remarquons encore que la notion de rite n’est pas précisée. Il est simplement écrit « degrés maçonniques » sans autre indication, renforçant cette idée d’universalisme déjà soulevée.

A la lecture de la circulaire, nous remarquons que la hiérarchie des degrés n’est pas encore celle que nous connaissons aujourd’hui. Observons les degrés 29 à 32. Le 29e est le Kadosch. Les 30e, 31e, 32e sont les Sublimes Princes du Royal Secret Le degré de Sublime Prince du Royal Secret était le « nec plus ultra » du Rite dit de Perfection de Morin. .

Un autre paragraphe suscite cette idée d’universalité du Rite :

Outre ces degrés, qui se succèdent régulièrement, la plupart des Inspecteurs possèdent un certain nombre de degrés séparés, conférés dans diverses parties du monde et qu’ils communiquent en général, sans frais, aux Frères qui ont l’élévation suffisante pour les comprendre. Ainsi les Maçons Choisis des 27 et le Royal-Arche, conférés sous l’égide de la Constitution de Dublin. Six degrés de la Maçonnerie D’Adoption, Compagnon Écossais, Le Maître Écossais & Le Grand Maître Écossais, &c., faisant en tout 52 degrés.

Ce dernier paragraphe est intéressant en ce sens qu’il exclu une quelconque exclusivité du Rite en permettant aux Maçons d’être en possession d’autres degrés qui n’auraient pas été intégrés à la hiérarchie écossaise. Nous remarquons entre autres dans cette liste le fameux « Royal Arch », le « Maître Choisi des 27 ».

Il existe aujourd’hui des Suprêmes Conseils Européens qui refusent que les membres de leur juridiction puissent appartenir à d’autres Rites. L’appartenance à plusieurs systèmes est elle incompatible avec le Rite Écossais Ancien & Accepté ?

Les partisans de l’exclusivisme utilisent l’argument de la dispersion ; en appartenant à plusieurs Rites, un Frère pourrait avoir une dispersion intellectuelle qui l’empêcherait de se concentrer sur l’essentiel du Rite pratiqué.

La réponse est, de mon point de vue, négative. Le Rite Écossais Ancien et Accepté, par l’esprit d’ouverture et par ce syncrétisme qu’il affiche dans la Circulaire de 1802 ne saurait restreindre une pratique Maçonnique à un seul Rite. C’est ainsi que le Suprême Conseil pour la Belgique accepte parfaitement, pour l’épanouissement initiatique et intellectuel des membres de sa juridiction, qu’ils appartiennent à un autre système reconnu par la Grande Loge Régulière de Belgique.

Le recueil des actes du Suprême Conseil de France de 1830 publie les Constitutions de 1786 (version dite latine). Une introduction est ajoutée en en-tête ; comme la Circulaire de 1802 cette introduction diffuse l’idée de rite universel.

 

Les Constitutions de 1786 et l’introduction de 1830

Ordo Ab Chao, telle est la devise du Rite Écossais Ancien et Accepté. Pouvait il en être une autre ? Il me semble qu’elle résume l’esprit du Rite dans son ensemble, à savoir mettre de l’ordre dans le foisonnement de degrés maçonniques du début du 19e siècle.

Voici quelques extraits de l’introduction aux Grandes Constitutions de 1786 telle que publiée dans les actes du Suprême Conseil de France en 1830.

[…]

Mais, dans la suite des temps, la composition des organes de la Maçonnerie et l’unité de son gouvernement primitif ont subi de graves atteintes, causées par les grands bouleversements et les révolutions qui, en changeant la face du monde ou en soumettant à des vicissitudes continuelles, ont, à différentes époques, soit dans l’antiquité, soit de nos jours, dispersé les anciens Maçons sur toute la surface du globe. Cette dispersion a donné naissance à des systèmes hétérogènes qui existent aujourd’hui sous le nom de RITES et dont l’ensemble compose l’ORDRE.

[…]

Ces raisons et d’autres causes non moins graves nous imposent donc le devoir d’assembler et de réunir en un seul corps de Maçonnerie tous les RITES du Régime ÉCOSSAIS dont les doctrines sont, de l’aveu de tous, à peu près les mêmes que celles des anciennes Institutions qui tendent au même but, et qui, n’étant que les branches principales d’un seul et même arbre, ne diffèrent entr’elles que par des formules, maintenant connues de plusieurs, et qu’il est facile de concilier. Ces RITES sont ceux connus sous les noms de Rit Ancien, d’Hérédom ou d’Hairdom, de l’Orient de Kilwinning, de Saint-André, des Empereurs d’Orient et d’Occident, des Princes du Royal Secret ou de Perfection, de Rit Philosophique et enfin de Rit Primitif, le plus récent de tous.

Adoptant, en conséquence, comme base de notre réforme salutaire, le titre du premier de ces Rites et le nombre des Degrés de la hiérarchie du dernier, nous les DÉCLARONS maintenant et à jamais réunis en un seul ORDRE, qui, professant le Dogme et les pures Doctrines de l’antique Franche-Maçonnerie, embrasse tous les systèmes du Rit Écossais sous le nom de RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE.

[…]

Tous les Degrés des Rites réunis, comme il est dit ci-dessus, du premier au dix-huitième, seront classés parmi les Degrés du Rit de Perfection dans leur ordre respectif et d’après l’analogie et la similitude qui existent entr’eux ils formeront les dix-huit premier Degrés du RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE ; le dix-neuvième Degré, et le vingt-troisième Degré du Rit Primitif formeront le vingtième Degré de l’ORDRE. Le vingtième et le vingt-troisième Degré du Rit de Perfection, soit le seizième et le vingt-quatrième Degré du Rit Primitif formeront le vingt-unième et le vingt-huitième Degré de l’ORDRE. LES PRINCES DU ROYAL SECRET occuperont le trente-deuxième Degré, immédiatement au-dessous des SOUVERAINS GRANDS INSPECTEURS GENERAUX dont le Degré sera le trente-troisième et dernier de l’ORDRE. Le trente-unième Degré sera celui des Souverains-Juges-Commandeurs. Les Grands Commandeurs, Grands Élus Chevaliers Kadosch prendront le trentième Degré. Les Chefs du Tabernacle, les Princes du Tabernacle, les Chevaliers du Serpent d’Airain, les Princes de Merci, les Grands Commandeurs du Temple et les Grands Écossais de Saint-André composeront respectivement le vingt-troisième, le vingt-quatrième, le vingt-cinquième, le vingt-sixième, le vingt-septième et le vingt-neuvième Degré.

[…]

Ces extraits, bien que rédigés après 1815, montrent qu’à la fin du 18e siècle il existait un foisonnement de rites et de degrés, voire de systèmes. Tous ces degrés, rites ou systèmes se dénommaient « écossais ».

La grande ambition de Dalcho et de Mitchell a été, je crois, de vouloir créer un système fédérateur et universel de degrés dits écossais.

Fédérateur car il regroupe l’ensemble des degrés connus à l’époque et tente de les organiser non sans mal.

Universel tel que préconisé dans la Circulaire de 1802, à destination des Maçons de tous les Rites, de tous les degrés.

Ordo Ab Chao, c’est un ordre issu du chaos des degrés de l’époque.

A la lecture des différents passages présentés ci-dessus, par le fait qu’il ait intégré de façon syncrétique des degrés d’origines différentes, nous constatons que le Rite Écossais Ancien et Accepté se comporte en conservatoire des Rites Écossais et qu’à ce titre, les Grands Inspecteurs Généraux du 33e degré en sont les véritables gardiens et conservateurs.

Nous comprenons alors qu’il n’y a pas nécessairement un enchaînement logique d’un degré à l’autre.

Certains diront que le Rite est linéaire, qu’il est prévu que les Frères engagés dans son cursus doivent passer d’un degré à l’autre, ce qui est tout à fait exact et prévu par la Circulaire Tout Maçon sera tenu de parcourir successivement chacun de ces Degrés, avant d’arriver au plus sublime et dernier ; et à chaque Degré, il devra subir tels délais et telles épreuves qui lui seront imposés conformément aux Instituts, Decrets et Réglemens anciens et nouveaux de l’ORDRE, ainsi qu’à ceux du Rit de Perfection. de 1802. Il n’existe cependant pas nécessairement de lien entre un degré et le degré suivant. Certains degrés peuvent ainsi être vécus indépendamment. C’est bien là que se trouve la grande subtilité du Rite. Ses fondateurs ont considéré qu’il fallait être en possession de certains degrés pour en comprendre d’autres, même si il n’existe pas de lien entre eux. D’ailleurs, l’introduction des Grandes Constitutions se place dans cette optique. Elle explique comment les degrés épars ont pris leur place dans un système universel, unique et syncrétique.

Le Rite Écossais Ancien et Accepté dans ses textes fondateurs se défini comme un système Maçonnique universel. Il a su fédérer différents degrés en un système ordonné même si parfois sa cohérence globale bien que située dans le triptyque connaissance J’attribue la Connaissance aux Loges de Perfections, la Réflexion aux Chapitres et l’Action aux degrés situés au-delà du 19ième. /réflexion/action, peut nous échapper.

C’est un rite qui se situe au-delà des clivages rituels que nous connaissons et que la Maçonnerie a connu. Il est ouvert à tous les Frères, quels que soient leur rite d’origine. C’est comme cela qu’il a été conçu dès son origine.

Si le Rite Écossais Ancien et Accepté est avant tout un système de Hauts Grades, il existe en Europe de nombreuses loges symboliques qui le pratiquent. C’est ce que nous allons maintenant voir.

 

Apparition des Loges Symboliques du REAA

Avant de parler de l’apparition et de la chronologie de la transmission du Rite Écossais Ancien et Accepté en loge bleue, il convient de nous arrêter sur la définition de certains termes récurrents dans le jargon maçonnique : Ancien, Écossais et Rite Écossais Ancien et Accepté.

 

Anciens, Écossais et REAA

J’entends parfois des Frères parler d’écossisme, de Rite Ancien ou encore de Rite Écossais Ancien et Accepté comme si les trois vocables recouvraient un même champ lexical. Voici des explications qui permettront, je l’espère, de bien distinguer les trois mouvements.

 

Rite Ancien et Rite Moderne

En 1717 il y a en Angleterre 2 types de loges :

Des loges purement spéculatives qui acceptent des nobles, des notables, des bourgeois dans leurs assemblées et il existe encore des loges issues de loges opératives dont certains Maçons continuent à œuvrer sur les chantiers bien réels. Ces Loges sont principalement composées d’Irlandais et d’Écossais, Maçons Catholiques généralement restés fidèles aux Rois Catholiques Anglais, les Stuarts, exilés en France.

La Grande Loge de Londres va grossir, acceptant indifféremment les Loges et leurs spécificités. Pendant ce temps là, dans les Loges composés d’Irlandais et d’Écossais, une révolte commence à gronder. Cette révolte est menée par un certain Lawrence Dermott. En 1750, la révolte explose. Les Maçons Irlandais et Écossais accusent la Grande Loge d’Angleterre d’avoir dénaturé les rituels Maçonniques. Ils lui reprochent entre autres :

  • d’avoir déchristianisé les rituels
  • d’avoir inversé les colonnes et mots sacrés des 2 premiers degrés
  • d’avoir abandonné le degré de Royal Arch, complément du degré de Maître Maçon,
  • d’avoir abandonné l’installation secrète du Vénérable Maître en Chaire de Salomon

En 1751 les Maçons en révolte constituent à Londres la « Très Ancienne et Honorable Fraternité des Maçons Francs et Accepté », encore appelée « Grande Loge des Anciens ». La Grande Loge d’Angleterre devenant alors dans le langage courant la Grande Loge dite des « Modernes ». Tous les rites Maçonniques sont issus de l’une ou de l’autre Grande Loge.

La querelle opposant les Anciens aux Modernes trouvera son issue en 1813. Un traité d’union toujours en vigueur les scellera. Cela se concrétisera par la fusion des 2 Grandes Loges en une Grande Loge Unie d’Angleterre. Un rite sera également créé à cette occasion : le Rite Anglais dit Émulation. Il sera utilisé par l’ensemble des Loges du Royaume. Le Rite dit Émulation reste cependant très proche du Rite Ancien, les Modernes ayant fait beaucoup de concessions.

 

Écossisme

L’Écossisme est un mouvement né dans les années 1735-1740 et dont la paternité est attribuée à Michel André de Ramsay. En fait, il se rendit célèbre par la rédaction et la lecture d’un discours dans lequel il affirmait que la Maçonnerie ne descendait plus des Compagnons opératifs, des bâtisseurs de cathédrales mais de la Chevalerie et des Croisés. Voici le passage de son discours qui concerne les origines chevaleresques de la Franc-Maçonnerie :

INSTITUTION DE L’ORDRE PAR LES CROISÉS

Du temps des guerres saintes dans la Palestine, plusieurs Princes, Seigneurs et Citoyens entrèrent en Société, firent voeu de rétablir les temples des Chrétiens dans la Terre Sainte, et s’engagèrent par serment à employer leurs talens et leurs biens pour ramener l’Architecture à primitive institution. Ils convinrent de plusieurs signes anciens, de mots symboliques tirés du fond de la religion, pour se distinguer des Infidèles, et se reconnoître d’avec les Sarasins. On ne communiquoit ces signes et ces paroles qu’à ceux qui promettoient solemnellement et souvent même au pieds des Autels de ne jamais les révéler. Cette promesse n’étoit donc plus un serment exécrable, comme on le débite, mais un lien respectable pour unir les hommes de toutes les Nations dans une même confraternité. Quelques temps après, notre Ordre s’unit intimement avec les Chevaliers de S. Jean de Jérusalem. Dès lors et depuis nos Loges portèrent le nom de Loges de S. Jean dans tous les pays. Cette union se fit en imitation des Israélites, lorsqu’ils rebâtirent le second Temple, pendant qu’ils manioinent d’une main la truelle et le mortier, ils portoient de l’autre l’Epée et le Bouclier.

La grande révolution apportée par cet extrait est la revendication que la Franc-Maçonnerie ne descend plus seulement des Compagnons et des bâtisseurs de cathédrales ; elle descend aussi et surtout des Croisés et des Chevaliers.

Derrière le mot Chevalier, dans l’esprit du 18ième siècle, se cache le mot « noble ». Un noble du 18ième siècle est appelé par son titre, son quartier de noblesse. Le Chevalier est le premier échelon de l’échelle nobiliaire. Dire que la Maçonnerie descend de la noblesse, c’est permettre aux Frères roturiers, bourgeois et artisans, d’accéder symboliquement à une noblesse héréditaire.

Les premiers degrés « écossais » furent inspirés par la chevalerie. Force est de constater que de nombreux degrés s’appelaient « chevalier de… » (Chevalier de l’Arche Royal, Chevalier d’Orient, Chevalier de l’Épée, Chevalier Kadosch, Chevalier de la Palestine, sans oublier le Chevalier de Dieu et de son Temple, et d’autres encore…).

Ce foisonnement de hauts grades ou de degrés se situant au-delà de celui de Maître Maçon a abouti à la formation de différents systèmes Exemple : l’Ordre du Royal Secret, le système de Clermont, la Stricte Observance Templière ou encore le Rite Écossais Rectifié, dits « écossais » dont l’agrégation contribuera à la formation du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Nous pouvons alors nous poser la question de l’origine même de l’épithète « Écossais ». Pourquoi les Loges se qualifient elles d’Écossaises ?

Cette question est d’autant plus intéressante que le Très Illustre Frère Pierre Noël, éminemment membre de la Loge de recherche Ars Macionica à Bruxelles écrivait récemment sur une liste Maçonnique qu’il a fallu attendre 1738 pour que la Grande Loge D’Écosse connaisse le degré de Maître Maçon. Or en 1736 apparaissent en France d’autres degrés appelés « Écossais ». Nous sommes là devant une évidence : Les Maçons Écossais ne venaient pas d’Écosse. D’Angleterre peut être, mais certainement pas d’Écosse. Alors, pourquoi l’Écosse ?

Une Légende Maçonnique veut que Pierre d’Aumont, alors Grand Maître de la Province d’Auvergne de l’Ordre du Temple, réunit des Templiers qui n’étaient pas emprisonnés. Ils s’habillèrent en Maçons et fuirent vers l’Écosse où ils rejoignirent d’autres Templiers. Hébergés par le Roi Robert de Bruce, ils perpétuèrent l’Ordre du Temple. En 1314 ils aidèrent le Roi d’Écosse à remporter la bataille de Bannockburn et gagnèrent ainsi son estime. Il fonda pour eux l’Ordre de Saint André du Chardon. Cet Ordre se déplaça à Aberdeen, puis à Kilwinning où fut fondée vers 1599 la première loge Maçonnique dite Écossaise (il est fait mention de l’existence de cette loge dans la seconde édition des Statuts Shaw du 28 décembre 1599).

Une autre Légende Maçonnique veut qu’il y ait un lien entre la Franc-Maçonnerie et la dynastie écossaise des Stuart. Voici pourquoi.

Le petit-fils de Jacques Ier d’Écosse, Jacques II, est proclamé Roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande en 1685. Peu intelligent, autoritaire, violent, il fait preuve d’un catholicisme intransigeant et d’une admiration sans bornes pour Louis XIV, Roi de France.

Cette attitude choque vivement les britanniques et leur parlement. Avec l’aide du gendre de Jacques II, Guillaume de Nassau, prince d’Orange, ils chassent leur Roi au cours de la Glorieuse Révolution de 1688. Jacques II est obligé de trouver refuge en France. Guillaume d’Orange et Marie, son épouse, fille de Jacques II, reçoivent alors les couronnes d’Angleterre et d’Irlande en février 1689. Peu après, l’Écosse suit cet exemple.

Jacques II Stuart s’installe définitivement à Saint Germain en Laye en 1689. Une partie de sa cours et de son armée l’ont accompagné. Ses régiments sont composés d’Irlandais et d’Écossais restés fidèles à la monarchie Catholique, ceux que nous appelons les Jacobites (Il est admis, sans certitudes toutefois, que Ramsay fut Jacobite).

La légende veut qu’au sein des régiments de cette armée en exil il y eu des Loges Maçonniques dont nous connaissons les noms : La Bonne Foy et La Parfaite Égalité, et qu’elles pratiquaient le rite en usage en Écosse à ce moment là. C’est ce rite qui aurait été importé en France par les Jacobites Nous avons vu que l’Écosse n’a pas connu le degré de Maître avant 1738, ce qui vient confirmer l’aspect légendaire de cette transmission. .

Je parle d’une filiation légendaire car à ma connaissance nous n’avons pas de trace de ces loges avant le milieu du 18e siècle. Lorsque le Grand Orient de France, le 13 mars 1777, a intégré la Bonne Foy, il a été précisé que sa date de fondation était antérieure à 1700.

Le mot Écossais fait donc référence aux origines légendaires chevaleresques et écossaises de la Franc-Maçonnerie.

 

Rite Écossais Ancien et Accepté

Le Rite Écossais Ancien & Accepté apparaît en 1804 en France. Il se présente comme un « dépositoire » des différents systèmes dits « écossais » de l’époque. Voici un extrait de l’introduction aux Grandes Constitutions de 1786, publiée dans les actes du Suprême Conseil de France en 1832 et qui le présente :

Ces raisons et d’autres causes non moins graves nous imposent donc le devoir d’assembler et de réunir en un seul corps de Maçonnerie tous les RITES du Régime ECOSSAIS dont les doctrines sont, de l’aveu de tous, à peu près les mêmes que celles des anciennes Institutions qui tendent au même but, et qui, n’étant que les branches principales d’un seul et même arbre, ne diffèrent entr’elles que par des formules, maintenant connues de plusieurs, et qu’il est facile de concilier. Ces RITES sont ceux connus sous les noms de Rit Ancien, d’Hérédom ou d’Hairdom, de l’Orient de Kilwinning, de Saint-André, des Empereurs d’Orient et d’Occident, des Princes du Royal Secret ou de Perfection, de Rit Philosophique et enfin de Rit Primitif, le plus récent de tous.

Adoptant, en conséquence, comme base de notre réforme salutaire, le titre du premier de ces Rites et le nombre des Degrés de la hiérarchie du dernier, nous les DÉCLARONS maintenant et à jamais réunis en un seul ORDRE, qui, professant le Dogme et les pures Doctrines de l’antique Franche-Maçonnerie, embrasse tous les systèmes du Rit Écossais sous le nom de RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE.

Ce passage de l’introduction ne parle t’il pas de lui-même ? Devant la profusion des systèmes écossais de l’époque, le Rite Écossais Ancien et Accepté semble être apparu comme une solution fédératrice acceptable, honorable et surtout… universelle. Derrière ce « nouveau » Rite, c’est l’écossisme tout entier Du moins, c’est ce qu’il prétendait faire. N’ont pas été inclus le Rite Écossais Rectifié ni le Rite Français qui est un système « écossais » par le biais de ses 5 « ordres ». qui semblait se fédérer.

Depuis 1804, le Rite Écossais Ancien & Accepté est un système en 33 degrés qui fédère l’ensemble des systèmes dits « écossais ». Il s’inscrit dans le prolongement historique de l’Écossisme.

Maintenant que nous avons définis certains termes, nous pouvons dresser une chronologie de la transmission des grades symboliques du Rite Écossais Ancien & Accepté.

 

Chronologie de la Transmission

Il nous apparaît intéressant de présenter maintenant une chronologie synthétique de la transmission du Rite Écossais Ancien & Accepté, depuis son apparition en France en 1804 à nos jours. Cette chronologie indicative nous permettra de constater avec quelles facilités ce Rite a su passer d’une obédience à l’autre, s’adaptant sans cesse aux spécificités de celles-ci.

 

La Grande Loge Générale Écossaise de France

Lorsque Grasse-Tilly arrive des États-unis à Bordeaux en 1804, il est porteur d’une patente qui l’autorise à créer un Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté dans tous les pays où il aura à séjourner et où il n’y en aura pas déjà un d’établi. C’est bien ce qu’il fera. Il commencera par créer le 22 septembre 1804 une structure maçonnique symbolique avec l’aide de la Mère Loge Écossaise, Saint Alexandre d’Écosse : La Grande Loge Générale Écossaise de France. Ses rituels sont ceux qui sont connus sous l’appellation de « Guide des Maçons Écossais ». Cette obédience a juridiction sur les 3 degrés symboliques qui sont Apprenti, Compagnon et Maître Maçon. Le Suprême Conseil du Rite Écossais pour la France semble avoir existé le 22 octobre suivant Il est intéressant de noter que le Suprême Conseil du 33e en France a été définitivement constitué le 22 décembre 1804, alors que le traité d’Union avec le Grand Orient de France avait déjà été signé. Ceci soulève une question intéressante : Le REAA appartenait il au Grand Orient de France lorsque le premier Suprême Conseil en France a été officiellement constitué ? Le « concordat » de 1804 reste aujourd’hui un sujet très sensible qui oppose le Suprême Conseil de France au Grand Orient de France. . En constituant la Grande Loge Générale Écossaise de France, Grasse-Tilly est apparu comme un unificateur des différentes loges écossaises marginalisées (il faut quand même le dire) par le Grand Orient de France. Remettons nous dans le contexte de l’époque : que représentaient les loges Écossaises par rapport à l’ensemble de la Maçonnerie Française et du Grand Orient de France ? Pas grand-chose, assurément…

 

Le Grand Orient de France

L’Empereur à vent des querelles qui opposent Écossais et Français au sein de la Franc-Maçonnerie. Il demande au Grand Orient d’Unir à lui les différents rites pratiqués en France. C’est ainsi qu’est créé le traité d’union (encore appelé « concordat ») du 3 décembre 1804 unissant Il s’agissait réellement d’une fusion au sein du Grand Orient de France. le Rite Français et le Rite Écossais au Grand Orient de France.

Le Suprême Conseil de France est officiellement constitué le 22 décembre 1804, sous concordat, nous pouvons le constater. Grasse-Tilly en fut élu Souverain Grand Commandeur. Le 21 juillet 1805 le Grand Orient créait le Grand Directoire des Rites composé de membres du GODF. Ce Grand directoire comportait autant de section qu’il y avait de Rites dont une pour le Rite Écossais Ancien & Accepté.

Le Suprême Conseil de France récupéra son indépendance à la suite de ce qu’il considérait être une « violation » du traité le 6 septembre 1805.

Malgré cette indépendance relative du SCDF, le Grand Orient de France conservait l’administration des 18 premiers degrés du Rite et le Suprême Conseil de France celle des degrés 19 à 33.

En 1814 le Grand Orient de France invita le Suprême Conseil de France à revoir sa position de 1805. Le SCDF perdit des membres qui partirent au Grand Orient de France. Celui-ci érigea en 1815 un Suprême Conseil des Rites (Grand Directoire) avec un ancien Grand Officier du Suprême Conseil de France à sa tête : Germain Hacquet.

Le Suprême Conseil de France tomba en sommeil jusqu’en 1821.

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Figure 3 : Médaille commémorative de la création du SCDF le 22 décembre 1804, datée de 1812

La Grande Loge Centrale de France

Le Suprême Conseil de France fut réveillé en 1821 grâce à celui dit « des Isles d’Amérique », fondé par Grasse-Tilly en 1802 à Saint-Domingue puis réveillé par Delahogue vers 1810. Une fusion des Suprêmes Conseils fut opérée sous l’égide du Suprême Conseil de France.

Le Suprême Conseil des Isles d’Amérique avait des loges symboliques qui travaillaient sous ses auspices depuis 1818. A l’image de ce Suprême Conseil, celui de France intègre des Loges Symboliques. Il crée la Respectable Loge « La Grande Commanderie » en 1821 pour administrer l’ensemble de ses Loges Symboliques. Elle change de nom la même année et devient « La Grande Loge Centrale », travaillant toujours « au nom et sous les auspices du Suprême Conseil de France ».

 

La Grande Loge Symbolique Écossaise

En 1880, quelques loges du Suprême Conseil de France se séparent de l’obédience. Elles souhaitent avoir une réelle indépendance par rapport à la hiérarchie du Suprême Conseil. Elles forment la Grande Loge Symbolique Écossaise, obédience qui sera indépendante jusqu’à la date de sa fusion avec la Grande Loge de France en 1911. Elle est connue pour sa devise : Un Maçon libre dans sa Loge libre.

 

La Grande Loge de France

Le Suprême Conseil de France accorde une autonomie « relative » à ses loges symboliques en 1894. Les loges se groupent en fédération qui prend le nom de « Grande Loge de France ». Cette fédération est rejointe par la Grande Loge Symbolique Écossaise. La fusion est totale en 1911. Entre-temps, le Suprême Conseil de France a complètement accordé son autonomie à la jeune obédience de rite écossais.

La Grande Loge de France et le Suprême Conseil de France suivent depuis des chemins parallèles, le second recrutant parmi les effectifs de la première.

 

La Grande Loge Nationale Française

Le Suprême Conseil de France est agité par des remous en 1964. A cette époque le Suprême Conseil de France est reconnu par tous les autres Suprêmes Conseils du Monde alors que la Grande Loge de France ne joui pas de cette aura. En fait, depuis 1913 la Grande Loge « reconnue » comme « régulière Il n’est pas question ici d’entrer dans le sempiternel débat de la régularité. » est la Grande Loge Nationale Française.

En 1964, des membres du Suprême Conseil de France qui aspirent à une reconnaissance universelle se séparent de l’obédience dans des circonstances tragiques. Le Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France, Charles Riandey, est en pourparlers avec celui des Pays-Bas pour rallier la sphère d’influence Britannique. Il rejoint la Grande Loge Nationale Française avec vraisemblablement entre 800 et 1000 Frères.

Le Souverain Grand Commandeur est ré-initié aux 33 degrés de l’écossisme en présence du Souverain Grand Commandeur des Pays-Bas. Il forme alors le Suprême Conseil Pour la France, souché sur la Grande Loge Nationale Française et en devient le premier Souverain Grand Commandeur.

Le Frère Cerbu (ancien Frère de la Grande Loge de France ayant suivi le mouvement vers la GLNF) est chargé de la rédaction des rituels, tenant compte des spécificités théistes de l’obédience. Les tabliers du REAA de l’obédience adoptent les 3 rosettes rouges ainsi que les pendillons qui rappellent les tabliers anglais.

Depuis 1976, le Suprême Conseil Pour la France est officiellement reconnu par l’ensemble des Suprêmes Conseils du Monde, la reconnaissance du Suprême Conseil de France lui ayant été retiré.

Le Rite Écossais Ancien et Accepté s’est facilement diffusé dans les différentes obédiences Françaises et Européennes. Le Rite s’est diffusé de la même façon dans les obédiences Belges depuis son introduction aux Amis Philanthropes, puis à la Grande Loge de Belgique, enfin à la Grande Loge Régulière de Belgique, affirmation de son universalité.

 

Les rituels symboliques du REAA ont évolué parallèlement à sa propagation. Je vous propose maintenant de voir quelle a été l’évolution des rituels dits « écossais » depuis leur introduction vers 1744 jusqu’à nos jours.

 

Évolution des rituels symboliques depuis 1744 Il s’agit de la date de publication de la divulgation « Le Parfait Maçon ». Il est fait mention d’un quatrième grade intitulé « le Maître Écossais ».

Le but de cette partie est de présenter l’évolution des rituels dits de Rite Écossais depuis le 18e siècle. Dans un premier temps nous allons constater qu’il y a eu 4 types de rituels identifiables et distincts. Je vous propose de voir également comment la légende d’Hiram a évolué avec le temps entre ces différents rituels. Enfin, nous proposerons une série de critères qui permettent de définir qu’un rituel appartient au Rite Écossais Ancien et Accepté.

 

Les quatre types de Rituels

Il convient de constater l’évolution qu’ont subits les rituels symboliques du Rite Écossais Ancien et Accepté. Nous devons constater que les rituels dits écossais ont eu au moins quatre types identifiables :

  • Les rituels écossais qui étaient pratiqués au 18e siècle,
  • Les rituels écossais de 1804 à 1829
  • Les rituels écossais de 1829 à 1877
  • Les rituels écossais depuis 1877.

Pourquoi ces périodes ?

Nous avons vu que le terme « Écossais » avait une signification ambiguë au 18e siècle. Il nous appartient de voir quels étaient les rituels qui étaient utilisés sous ce vocable.

En 1804, Grasse-Tilly apporte avec lui le Rite Ancien. Il l’intègre au Rite Écossais Ancien et Accepté sous le nom de « Guide des Maçons Écossais ». Si nous en croyons les fac-similés reproduits dans l’excellent numéro d’Ordo Ab Chao consacré à l’origine et à l’évolution des Rituels Ordo Ab Chao, numéro double 39-40, Origine et Évolution des rituels des trois premiers degrés du Rite Écossais Ancien et Accepté, deuxième semestre 1999 du REAA, il apparaît que le Guide des Maçons Écossais ou ses variantes ont au moins été utilisés jusqu’en 1829 Cf. Rituels des Trois Premiers Degrés selon les Anciens Cahiers, in Ordo Ab Char 39-40, pp 297 et suivantes. , sinon jusqu’en 1843 Cf. Rituels de la Respectable Loge « Le Progrès de l’Océanie », numéro 124 à l’Orient d’Honolulu, In Ordo Ab Chao 39-40, pp 477 et suivantes. .

Les rituels de la Respectable Loge « Le Progrès de l’Océanie » écrits en 1843 ont pris une autre tournure. La légende d’Hiram se rapproche considérablement de celle du Rite Français alors que l’ouverture et la fermeture des travaux restent identiques à celles du Guide des Maçons Écossais ; il convient que nous nous y attardions pour constater l’évolution flagrante de ces rituels.

En 1877 c’est au tour de l’ouverture et de la fermeture des travaux à être affectés par cette évolution.

A chacune de ces périodes correspond un rituel écossais facilement identifiable que je vais maintenant vous présenter.

 

Les rituels Écossais du 18e siècle

Il est une minorité de Frères intéressés par l’histoire maçonnique qui soutient que les Maçons dits « Écossais » du 18e siècle étaient issus des Loges Écossaises géographiques et que la transmission de ces loges s’est faite en France, vers la fin du 17e siècle, lorsque Jacques II Stuart a rejoint Saint Germain en Laye vers 1690.

Une légende tenace dit que Jacques II serait arrivé à Saint Germain avec sa cours et son armée Deux régiments sont concernés par la Légende : les régiments Irlandais Walsh et Dillon qui étaient en garnison à Saint Germain en Laye aux côtés de Jacques II Stuart. au sein de laquelle il y avait des Loges Maçonniques. L’une d’entre elle, La Parfaite Égalité Cette loge est toujours en activité à Saint Germain en Laye, sous les auspices de la Grande Loge de France. Ses archives ne remontent pas avant le 19e siècle. Les plus vieilles ont été perdues. fut intégrée au Grand Orient de France le 13 mars 1777. L’obédience l’intégra et prit pour sa date de fondation le 25 mars 1688, sans autre vérification.

Nous n’avons donc aucune preuve de l’existence d’une quelconque Loge dite « Écossaise » en France avant 1743.

Mais alors, qu’appelait on une loge « écossaise » au 18e siècle ?

Il convient, je pense, de nous arrêter sur la définition du mot « écossais » tel qu’il était employé au 18e siècle. En fait, nous constatons plusieurs emplois de ce terme :

Le terme écossais pouvait signifier qu’une loge était originaire d’écosse. Ce fut vraisemblablement un phénomène de mode. Rien ne distinguait des Loges Françaises des Loges Écossaises si ce n’est que ces dernières s’appelaient ainsi.

Le terme écossais pouvait également signifier qu’une loge pratiquait un degré supérieur ou encore le degré de Maître Écossais. Ce degré est mentionné dans la divulgation intitulée « La Parfait Maçon » publié en 1744 et dont voici la reproduction du passage concernant ce degré :

Secret des maçons écossais

On débite parmi les maçons, qu’il y a encore plusieurs degrés au dessus des maîtres dont je viens de parler; les uns en comptent six en tout et d’autres vont jusqu’à sept. Ceux qu’on appelle maçons écossais, prétendent composer le quatrième grade. Comme cette maçonnerie, différente de l’autre en bien des points, commence à s’accréditer en France, le public ne sera pas fâché que je lui communique ce que j’en ai lu dans le même manuscrit, qui paraît en effet accorder aux Écossais le degré de supériorité sur les apprentis, compagnons et maîtres ordinaires.

Au lieu de pleurer, comme font leurs confrères, sur les débris du Temple de Salomon, les Écossais s’occupent à le rebâtir.

Personne n’ignore qu’après soixante et dix ans de captivité dans Babylone, le grand Cyrus permit aux Israélites de relever le Temple et la cité de Jérusalem; que Zorobabel, de la race de David, fut constitué par lui le chef et le conducteur de ce peuple, dans son retour en la cité sainte; que la première pierre du temple fut posée du règne de Cyrus, mais qu’il ne fut achevé que dans la sixième année de celui de Darius, monarque des Perses.

C’est de ce grand événement que les Écossais tirent l’époque de leur institution et, quoiqu’ils soient postérieurs aux autres maçons de plusieurs siècles, ils se disent supérieurs en grade. Voici sur quoi ils fondent leur prééminence.

Lorsqu’il fut question de réédifier le temple du Seigneur, Zorobabel choisit dans les trois états de la maçonnerie les ouvriers les plus capables mais comme les Israélites eurent beaucoup d’obstacles et de traverses souffrir pendant le cours de leurs travaux, de la part des Samaritains et des autres nations voisines, jamais l’ouvrage n’eût été conduit à sa fin, si ce prince n’eût eu la précaution de créer un quatrième grade de maçons dont il fixa le nombre à 753, choisis entre les artistes les plus excellents ; Ceux ci, non seulement avaient l’inspection sur tous les autres, mais il étaient aussi chargés de veiller à la sûreté des travailleurs; ils faisaient toutes les nuits la ronde, tant pour faire avancer les travaux que pour reconnaître les embûches, ou prévenir les attaques de leurs ennemis.

Leur emploi étant beaucoup plus pénible que celui des autres maçons, il leur fut aussi accordé une paie plus avantageuse; et pour pouvoir les reconnaître, Zorobabel leur donna un signe et des mots particuliers.

Le signe des Écossais se fait en portant l’index de la main droite sur la bouche, et le second doigt de la main gauche sur le coeur.

Et, leurs paroles sont Scilo, Shelomeh abif. Le premier de ces mots n’est différent du Schilo des maîtres ordinaires, que par la suppression de la lettre h, et il exprime la même chose. Les deux autres mots Shelomeh abif, signifient en français Salomon mon père.

Enfin, les maîtres écossais ont aussi un langage et des questions qui leur sont propres; j’ai même ouï dire à quelques uns d’eux, que ces questions sont en grand nombre, mais malheureusement le manuscrit de mon frère n’en rapporte que huit.

Les voici :

D. Etes vous maître écossais ?

R. J’ai été tiré de la captivité de Babylone.

D. Qui vous a honoré du grade écossais ?

R. Le prince Zorobabel, de la race de David et de Salomon.

D. En quel temps ?

R. Soixante et dix ans après la ruine de la Cité sainte.

D. A quoi s’occupent les maçons écossais ?

R. A reconstruire le Temple de Dieu.

D. Pourquoi cela ?

R. Pour accomplir ce qui a été prédit.

D. Pourquoi les maçons écossais portent ils l’épée et le bouclier ?*

R. En mémoire de ce que, dans le temps de la reconstruction du Temple, Neémie ordonna à tous les ouvriers d’avoir toujours l’épée au côté, et leurs boucliers proches d’eux pendant le travail pour s’en servir en cas d’attaque de leurs ennemis.

D. Comment a été bâti le nouveau Temple ?

R. Sur les fondements de celui de Salomon,

* Les maçons écossais portent tous un grand cordon rouge, auquel pend une forme de Bouclier.

R. conformément à son modèle.

D. Quelle heure est il ?

R. Le Soleil se lève.

Ou bien

Le Soleil est couché.

C’est par cette dernière question que les maçons écossais ouvrent et ferment leurs loges.

Les Loges symboliques « écossaises » pratiquaient alors un rituel dit « Moderne » en référence à celui utilisé par la Grande Loge de Londres lorsqu’elle créa les premières Loges en France.

Ainsi, nous pouvons citer l’exemple de la Respectable Loge « Le Patriotisme » à l’Orient de La Cour Il s’agit de Versailles. . Dans son rituel (1767) cette loge se déclare écossaise. Elle utilise comme acclamation le « houzzai » à la place du traditionnel « vivat » utilisé dans les Loges Modernes Françaises. Cependant, l’ensemble de son rituel reste moderne, en ce sens que les colonnes sont placées conformément aux usages « modernes », qu’elle utilise le Maître des Cérémonies ainsi que l’Expert…

Je souhaiterais vous faire part d’une piste de réflexion qui mérite de retenir notre attention.

Les échanges économiques et militaires entre la France et les jeunes États-unis se sont accrus à partir de 1774. La France a participé à sa façon à l’indépendance en envoyant troupes et munitions. Nous pouvons penser que parmi les troupes se trouvaient des Francs-Maçons. Les échanges s’accentuant, les militaires et commerçants revenaient en France rapportant avec eux les rites pratiqués aux États-unis, notamment le Rite Ancien. Aucun document n’a, à ce jour, apporté de preuve venant confirmer cette hypothèse. Si cela s’est toutefois produit, il s’agit d’un fait marginal.

Si le terme écossais peut signifier plusieurs types de Loges au 18e siècle, sa définition change avec le développement en France du Rite Écossais Ancien et Accepté.

 

Les rituels de 1804 à 1829 : Le Guide des Maçons Écossais

Grasse Tilly rentre de Saint-Domingue en 1804. Il apporte avec lui le Rite Écossais Ancien et Accepté. Il a été reçu au 33e et dernier degré du rite, selon la circulaire de Décembre 1802, à la date du 21 février 1802 Le 21 Février 5802 notre Illustre Frère le Comte Alexandre François Auguste De Grasse, Inspecteur Général Délégué fut nommé par le Suprême Conseil Grand Inspecteur Général et Grand Commandeur des Antilles françaises ; et notre Illustre Frère Jean-Baptiste Marie De La Hogue, Inspecteur Général Délégué, fut également reçu Grand Inspecteur Général et nommé Lieutenant Grand Commandeur des mêmes Iles.. Il a l’autorité et le pouvoir de créer un Suprême Conseil pour communiquer et administrer les degrés qui lui ont été conférés.

Il fonde la Grande Loge Générale Écossaise le 27 août 1804. Il crée le Suprême Conseil du 33e en France le 22 septembre de la même année Le Suprême Conseil est officiellement créé en décembre 1804. .

La Grande Loge Générale Écossaise a eu une durée de vie de quelques mois. Née en août, elle disparaît en février de l’année suivante lorsque le Suprême Conseil de France passe un « concordat » avec le Grand Orient de France.

Les rituels de la Grande Loge Générale Écossaise sont différents des rituels qui existaient en France à cette époque. En fait, ils affichent clairement une origine « Ancienne ». Voici quelques éléments qui permettent de l’affirmer :

  • Utilisation des Diacres (premier et deuxième Diacres)
  • Inversion des mots, à savoir Bø au premier degré et Jø au second
  • Ce sont des Compagnons qui partent à la recherche du corps du Maître
  • Salomon puni les mauvais compagnons.

Les rituels de la Grande Loge Générale Écossaise sont plus connus sous la désignation de « Guide des Maçons Écossais ». Il s’agit du premier ensemble connu de rituels dits du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Ces rituels ont été importés par les « Américains » dans les pays francophones, à savoir par Grasse-Tilly, Delahogue, Hacquet lors de leurs retours du nouveau continent.

En fait, tout porte à croire que les Frères Français installés aux États-unis y ont découvert le Rite Ancien. Ce dernier Rite avait voyage d’Écosse et d’Irlande aux USA profitant des afflux massifs d’immigrants.

Le Rite Ancien s’est développé aux États-unis à partir de la seconde moitié du 18e siècle. Il a été pratiqué de diverses manières jusqu’à ce qu’un Frère décide d’écrire les rituels et de les harmoniser ; c’est l’œuvre de Thomas Webb. La diffusion et l’harmonisation des rituels ont eu lieu à partir de 1797, alors que Grasse-Tilly et d’autres étaient aux États-unis. Il est donc probable qu’ils eussent connu le Rite Américain (et donc Ancien).

En apportant le Rite Écossais Ancien et Accepté en France, Grasse-Tilly apporte le Rite Ancien ou tout au moins ce qu’il en connaît.

Lorsqu’il crée la Grande Loge Générale Écossaise de France, c’est ce rite qu’il utilise.

Afin de bien montrer combien ce rite est différent du Rite Moderne (Français 1818, selon le Régulateur de 1801), voici un tableau comparatif de l’ouverture des travaux :
Rite « Ancien » (GLGE) – 1804 Rite Français Moderne (GODF) – 1818
Le Vbleø debout, chapeau en tête, frappe un coup de maillet et dit au 2eø DiacreDø … fø 2eø Diacre, quel est le Premier devoir d’un macø

Rø … c’est de voir si la Lø est couverte

Le Vbleø dit :

fø 2eø Diacre, faites votre devoir.

(Nota) Le fø Thuileur doit être à l’extérieur du temple pour écarter tout Profane, le 2eø Diacre se rend à la Porte du temple et y frappe 3 coups, s’il n’y a personne, le thuileur ne répond pas, alors le 2eø Diacre dit :

Tø Vbleø la Loge est couverte.

Le Vbleø dit :

Dø … fø Perø Survtø, quel est le Second devoir ?

Rø Vbleø c’est de s’assurer si tous les membres Présents sont macø

Dø …Voulez-vous bien vous en assurer, ff:. Perø et 2eø Survtsø ?

(Les Perø et 2eø Survtsø ayant fixé leur Colonnes, et ayant vu tous les membres à l’ordre du Grade, le 2eø Survtø dit au Perø)

Tous les ffø de ma Colonne sont macø

Le Perø Survtø dit au Vbleø :

Rø … Vbleø tous les membres qui décorent l’une et l’autre Colonne sont macø

Dø …f 2eø Diacre, quelle est votre Place en Lø ?

Rø derrière le Perø Survtø ou à sa Droite s’il veut le permettre.

Dø …quel est votre Devoir en cette Place ?

Rø de porter les messages du Perø Survtø au 2eø, et autour de la Lø s’il le requiert, et veiller avec lui à ce que les ffø se tiennent décemment sur les colonnes.

Dø …fø Perø Diacre, où est votre Place en Lø ?

Rø derrière le Vbleø ou à sa droite s’il veut le permettre.

Dø …quel est votre devoir en cette Place ?

Rø de Porter les messages du Vbleø au fø Perø Survtø, et aux officiers Dignitaires afin que les travaux soient plus vite exécutés.

Dø …f ø 2eø Survtø où est votre place en Lø ?

Rø au Sud.

Dø …Pourquoi mon fø ?

Rø Pour mieux observer le soleil à son méridien, envoyer les ouvriers à la Récréation, les rappeler de la Récréation au travail, et observer s’ils arrivent au tems fixé.

Dø …fø Perø Survtø où est votre Place ?

Rø à l’Ouest.

Dø …quel est votre devoir en cette place ?

Rø Comme le Soleil se couche en cette partie pour fermer la Carrière du jour, de même, le Perø Survtø s’y tient pour fermer la Lø payer le salaire des ouvriers et les renvoyer satisfaits.

Dø …où se tient le Vbleø?

Rø à l’Est.

Dø …Pourquoi ?

Rø Comme le Soleil se tourne en cette Partie pour ouvrir le jour, de même le Vbleø s’y tient pour ouvrir la Lø la diriger dans les travaux et l’éclairer de ses lumières.

(Le Vbleø se tourne ensuite vers le Perø Diacre, et font mutuellement le Signe Guttural, et décline au Perø Diacre tout bas à l’oreille, les mots sacrés)

(Le Perø Survtø le reçoit du Perø Diacre qui l’envoie par son Diacre au 2 eø Survtø lequel après l’avoir reçu, dit en frappant un coup 🙂

Vbleø tout est juste et parfait.

Le Vbleø ôte son Chapeau et dit : « au nom de Dieu et de Stø Jean d’Ecosse je déclare cette Lø ouverte et couverte, il est défendu de parler, quitter sa place, ni passer d’une Colonne à l’autre, sans en avoir obtenu la Permission sous la Peine que la majorité de la Lø croira convenable ».

(il frappe 3 coups de maillet par tems égaux • • •, remet son Chapeau et dit :

à moi mes ffø

(tous font le signe guttural, puis applaudissent, et disent 3 fois houzé.)

Le Vbleø dit :

Prenez Place, mes ffø

Les FFø étant réunis dans le local, habillés et décorés (l’habit d’un maçon en Loge est le tablier), le Vénø frappe un coup de maillet. A ce signal, chaque Frère prend place et s’y tient debout.Le Vénø dit:

Fø 1er Survø, êtes-vous maçon ?

Fø 1er Survø :

Mes FFø me reconnaissent pour tel.

Tø Vénø:

Quel est le premier devoir d’un Survø en Loge?

Fø 1er Survø:

De voir si la Loge est couverte extérieurement et intérieurement.

(Nota: Il faut que les portes du Temple soient fermées, qu’il n’y ait aucun profane dans la salle, et dans l’intérieur que des FFø qui soient membres de la Loge.)

Tø Vénø:

Faites-vous en assurer, mon Fø!

Le 1er Survø transmet l’ordre au 2e Survø qui dit au Fø Expø ou au Fø Couvreur : « Faites votre office ! »

Le Fø Exp, le glaive en main, ouvre la porte de l’Atø, en retire la clef, il la dépose sur une table placée entre les Survø. Il ordonne au Fø Tuileur de veiller à la garde extérieure dont il répond, il referme la porte et se place à l’entrée intérieure du Porche.

Quand tout cela est terminé, le Fø Couvreur dit à voix basse au 2e Survø: Les travaux sont couverts.

Le 2e Survø le répète à demi voix au Fø 1er Survø qui dit à haute voix au Très Vénø:

Les Travaux sont couverts extérieurement et intérieurement.

Le Vénø dit:

A l’ordre, mes FFø!

Et il continue:

Quel est le deuxième devoir d’un Fø Survø en Loge ?

Fø 1er Survø:

De s’assurer si tous les FFø sont à l’ordre.

Très Vénø:

Y sont-ils ?

Le 2e Survø dit à demi voix au 1er Survø:

Tous les FFø sont à l’ordre à la Colø du Nord.

1er Survø:

Très Vénø, tous les FFø sont à l’ordre sur les deux Colø

Très Vénø:

A quelle heure les Maçons ouvrent-ils leurs travaux ?

1er Survø:

A midi.

Très Vénø:

Quelle heure est-il ?

1er Survø:

Il est Midi.

Très Vénø:

Puisqu’il est l’heure à laquelle nous devons ouvrir nos travaux, FFø 1er et 2e Survø, invitez les FFø de vos Colø à se joindre à moi pour ouvrir la Loge de …, à l’Or ø de …, au Grade d’Apprenti.

Les Survø répètent l’annonce.

Le Vénø frappe sur l’Autel les trois coups mystérieux: O O O

Ces coups sont répétés par les deux Survø.

Très Vénø:

Mes FFø, les travaux sont ouverts, prenez vos places.

Nous constatons que les rituels sont très différents. Voici les différences par étapes, à savoir :

  1. La vérification que la Loge est à couvert
  2. Vérification que les Frères sont tous Apprentis
  3. Instructions rituelles (âge/heure…)
  4. Ouverture par le Vénérable Maître et les Surveillants

Les étapes 1 et 2 sont des constantes que l’on retrouve dans tous les rituels Maçonniques. La première différence importante réside dans le jeu des questions réponses et des instructions rituelles. Le Rite Moderne est simple et paraît dépouillé à côté de l’instruction longue et verbeuse du Guide des Maçons Écossais. Dans ce dernier rituel, 5 officiers participent activement à l’ouverture : Le Vénérable Maître, les 2 Surveillants et les 2 Diacres. Ceux-ci remplissent une fonction importante à l’ouverture des travaux : Ils ont pour mission de faire circuler autour de la Loge le mot du Grade.

Autre différence importante, l’ouverture des travaux au Guide des Maçons Écossais, rite théiste, se fait au nom de Dieu et de Saint Jean d’Écosse. Les travaux étaient clos avec une prière explicite :

Grand Architecte, source féconde et immortelle de lumière, de bonheur et de vertus, les ouvriers de ce temple, cédant aux mouvemens de leurs coeurs, te rendent mille actions de grâces, et rapportent à toi tout ce qu’ils on fait de bon, d’utile et de glorieux dans cette journée solennelle, où ils ont vu s’accroître le nombre de leurs frères. Continue de protéger leurs travaux, et dirige-les de plus en plus vers la perfection. Que l’harmonie, la paix et la concorde soient à jamais le triple ciment qui leur serve à lier leur ouvrage !

Amitié, bienfaisance ! Passion des âmes nobles et sensibles ! Délicieuses jouissances des coeurs délicats et honnêtes ! Soutenez et ornez à jamais ce temple, dans lequel tous nos efforts ne tendront toujours qu’à vous fixer. Et vous prudente discrétion ! Modeste aménité ! Soyez le constant apanage des frères de cet At.’.; et que rentrés dans le monde civil, on reconnaisse toujours à leurs discours, à leur maintien et à leurs actions, qu’ils sont les vrais enfans de la V.’. Amen.

Cette prière de clôture du Rite Écossais Ancien et Accepté est inexistante au Rite Français.

Il y a cependant entre les deux ouvertures un point commun lié à l’histoire de la Maçonnerie : Dans aucun des deux rituels n’est considéré l’allumage des flambeaux (ou « étoiles » selon la terminologie en usage de nos jours). Le temple était préparé et illuminé avant l’entrée des Frères dans la Loge (d’où l’importance du tuilage à l’entrée, afin de ne pas laisser entrer un profane dans un lieu sacré).

 

Les Rituels Écossais de 1829 à 1877

Afin de comprendre l’évolution des Rituels du REAA au 19e siècle, nous devons revenir à une date importante pour le Suprême Conseil de France : 1821.

De 1815 à cette date, le Suprême Conseil de France avait cessé toute activité maçonnique. Il s’était mis en sommeil. La plupart de ses membres avait rejoint le Suprême Conseil des Rites fondé en 1815 par le Grand Orient de France, ce qui lui avait permis de s’approprier le système dans son intégralité. Germain Hacquet, ancien dignitaire du Suprême Conseil de France, Frère dit « Américain » en ce sens qu’avec Grasse-Tilly et Delahogue il avait contribué à ramener le REAA des États-unis, avait été élu Souverain Grand Commandeur de ce nouveau Suprême Conseil souché sur le Grand Orient de France.

En 1821 le Suprême Conseil de France sort de son sommeil et reprend ses travaux. Comme l’avait fait le « Suprême Conseil des Îles d’Amérique dans le Vent et sous le Vent » (le Suprême Conseil de Grasse-Tilly), il crée et intègre des Loges bleues dans sa juridiction.

Deux Loges vont ainsi être intégrées :

« La Grande Commanderie » qui portera le numéro 1 au tableau des Loges symboliques du Suprême Conseil de France et « Les Propagateurs de la Tolérance » sous le numéro 2.

La Grande Commanderie prendra le nom de « Grande Loge Centrale » quelques mois après sa création. Elle aura pour mission d’administrer sous les auspices du Suprême Conseil de France les ateliers symboliques de la Juridiction. Il s’agit en quelques sortes des prémices d’un long processus qui aboutira en 1894 à la création de la Grande Loge de France que nous connaissons à Paris.

Avec sa réorganisation structurelle, le Suprême Conseil de France réorganise le Rite sur l’ensemble de sa hiérarchie. Il crée des loges symboliques et adapte les rituels.

Les rituels utilisés par les loges symboliques écossaises jusqu’en 1829 étaient principalement le Guide des Maçons Écossais.

supcons

Figure 4 : Premier Sceau du Suprême Conseil du 33e en France

En 1829, les rituels en usage au Suprême Conseil de France semblent au premier abord très proches de ceux du Guide des Maçons Écossais. L’ouverture et la fermeture sont comparables. Il y a cependant une différence importante : La légende d’Hiram n’est plus celle du Guide ; elle ressemble à celle du Rite Français avec une variante que nous pouvons penser inspirée par le Rite Ancien : Le mot des Maîtres n’est plus connu comme au Rite Moderne, il est perdu.

Dans le cadre tu travail effectué sur ses rituels, le Suprême Conseil de France tenta une harmonisation de la légende d’Hiram, du 3ième au 14ième degré. Les deux derniers degrés de cette hiérarchie sont véritablement importants pour l’initié car c’est à ceux-ci qu’il retrouve l’Ancien mot des Maîtres. Ainsi, la tradition du Royal Arch si chère aux « Ancients » reste maintenue dans un contexte différent il est vrai.

La Légende du 3e degré, Ancienne dans le Guide, s’intégrait mal avec les degrés 9-11 du Rite. Voici une partie de cette légende qui nous permettra de comprendre pourquoi le Guide, dans la réorganisation du Suprême Conseil de France, a été abandonné :

Les trois assassins s’étant rejoints, ils se demandèrent réciproquement la parole de maître; mais voyant qu’ils n’avaient pu l’obtenir, et désespérés d’avoir commis un crime sans utilité, ils ne songèrent plus qu’à en dérober la connaissance. À cet effet, ils enlevèrent le corps d’Hiram, et le cachèrent sous des décombres, et dans la nuit ils le portèrent hors de Jérusalem, sur une montagne, et l’enterrèrent. Le R.’. maître Hiram ne paraissant plus aux travaux comme à son ordinaire, Salomon fit faire les plus exactes recherches, mais inutilement.

Lorsque les douze compagnons qui s’étaient rétractés, soupçonnèrent la vérité, ils se réunirent, et résolurent entr’eux d’aller trouver Salomon, avec des gants blancs, comme le témoignage de leur innocence, et l’informèrent de ce qui s’était passé.

Salomon envoya ces douze compagnons à la recherche de leur maître Hiram, leur ordonna, dans le cas où ils le trouveraient, de chercher sur lui la parole de maître, et leur observant que s’ils ne pouvaient pas la retrouver, elle était perdue, attendu qu’il n’y avait que trois personnes qui la connussent, et qu’elle ne pouvait être donnée que par ces trois personnes réunies, dont Hiram faisait partie. Il leur observa, en supposant qu’il fût mort, que pour l’avenir le premier signe et le premier mot qui seraient fait et prononcé en retrouvant et en exhumant le corps de ce R.’. Maître, seraient substitués aux anciens signe et mot de maître.

Ces compagnons ayant la promesse de Salomon d’être récompensés par la maîtrise, s’ils parvenaient au but de leur recherche, partirent, et se divisèrent en quatre bandes.

Trois allèrent vers le nord, trois au sud, trois à l’ouest et trois à l’est.

Une de ces quatre bandes descendit la rivière de Joppa : un d’eux s’étant reposé à côté d’une roche, il entendit de terribles lamentations par l’ouverture du rocher. Prêtant l’oreille, il entendit une voix qui disait :

Oh ! Que j’eusse eu plutôt la gorge coupée, la langue arrachée jusqu’à la racine, et que j’eusse été enterré dans les sables de la mer à la basse marée et à une encablure de distance du rivage où la mer flue et reflue deux fois par jour, plutôt que d’avoir été complice de la mort de notre regretté maître Hiram !

Oh! dit un autre, que mon coeur ait été arraché de mon sein, et jeté pour servir de proie aux vautours, plutôt que d’avoir été complice de la mort d’un aussi bon maître!

Mais, hélas! dit Jubelum : Je l’ai frappé plus fort que vous deux, puisque c’est moi qui l’ai tué ! Que j’eusse eu mon corps séparé en deux, une partie au midi, une autre au nord, et mes entrailles réduites en cendres et jetées aux quatre vents, plutôt que d’avoir été le meurtrier de notre respectable maître Hiram !

Ce compagnon, après avoir entendu ces plaintes lamentables, appela les deux autres compagnons; ils convinrent entr’eux d’entrer dans l’ouverture du rocher, de se saisir des ouvriers, et de les transporter devant le roi Salomon; ce qu’ils exécutèrent.

Ces meurtriers avouèrent à Salomon ce qui s’était passé et le crime qu’ils avaient commis, et témoignèrent le désir de ne pas survivre à leur forfait.

En conséquence, Salomon ordonna que leur propre sentence fût exécutée, puisqu’ils avaient désigné eux-mêmes le genre de leur mort, et ordonna qu’il fût fait ainsi :

Jubelas eut la gorge coupée.

Jubelos eut le coeur arraché.

Jubelos eut le corps coupé en deux parties, l’une fut jetée au nord, l’autre au midi.

Salomon ayant ainsi vengé la mort du R.’. Maître Hiram-Abif renvoya les mêmes compagnons pour remplir leur première mission.

Ces douze compagnons partirent une seconde fois, et voyagèrent pendant cinq jours sans rien trouver.

La légende Ancienne n’est pas compatible avec les degrés de Maître Élu des Neufs, Maître Élu des Quinze et Sublime Chevalier Élu du Rite Écossais Ancien et Accepté, tout au moins dans le cadre une pratique « linéaire » du Rite. Les degrés cités sont dits de vengeance. Le candidat doit venger le Respectable Maître tombé sous les coups des meurtriers, il doit les retrouver, ce qui faisait double emploi avec la légende du 3ième degré. L’obédience a tranché : les meurtriers sont retrouvés dans les hauts grades.

Les degrés symboliques ont été retravaillés pour aboutir à une linéarité à peu près établie du 1er au 14e degrés du Rite. Dans ce travail que le Suprême Conseil de France mena de 1829 à 1894 Date de fondation de la Grande Loge de France que nous connaissons aujourd’hui. . La légende d’Hiram se trouva fortement modifiée, très inspirée il faut le dire par le Rite Français.

 

Les Rituels Écossais depuis 1877

Une quatrième vague de modification des rituels semble être apparue à partir de 1877. Les rituels imprimés et publiés par le Suprême Conseil de France à cette date préfigurent les rituels qui seront utilisés tout au long du 20e siècle.

L’ouverture des travaux est réduite à son élément le plus simple : vérification de la qualité de Maçons des assistants par les Surveillants, phrases d’ouvertures rituelles. En fait, cette version est très proche (pour ne pas dire identique) de celle du Rite Français de 1818.

Depuis, l’ouverture s’est un peu étoffée ; des questions réponses tirées de l’instruction sont venues la compléter. Voici l’ouverture telle que pratiquée en 2003 à la Grande Loge Nationale Française (REAA dit Cerbu) comparée à celle du Rite Français du Grand Orient de France en 1818.
REAA (GLNF) – 2003 Rite Français Moderne (GODF) – 1818
Vénø MøFrère, Premier Surveillant, êtes-vous maçon ?

1er Survø

Vénérable Maître, mes frères me reconnaissent pour tel.

Vénø Mø

Quel est le premier devoir d’un Surveillant en loge ?

1er Survø

C’est de s’assurer que la loge est couverte extérieurement.

Vénø Mø

Assurez-vous de cela, mon frère.

1er Survø

Frère second Surveillant, je vous prie de faire voir si la loge est bien couverte.

2e Survø

Frère Couvreur, voyez si la loge est bien couverte.

Sur cette invitation, le frère Couvreur armé de son glaive, sort du temple, en visite l’extérieur et les avenues. Cela fait, il rentre dans la loge et dit :

Couvø

Frère second Surveillant, la loge est couverte extérieurement.

2e Survø

Frère premier Surveillant, la loge est couverte extérieurement.

1er Survø

Vénérable Maître, la loge est couverte extérieurement.

Vénø Mø

Frère second Surveillant : Quel est le second devoir d’un Surveillant en Loge ?

2e Survø

Vénérable Maître c’est de voir si tous ceux qui composent l’assemblée sont maçons.

Vénø Mø

Assurez-vous en donc frères premier et second Surveillants, chacun sur votre colonne, et rendez m’en compte.

Il frappe, seul, un coup et dit :

Vénø Mø

0 – Debout, mes frères ! Face à l’est.

2e Survø

0 – Frère premier Surveillant ! Tous ceux qui décorent la colonne du nord sont maçons.

1er Survø

0 – Vénérable Maître ! Tous ceux qui décorent les colonnes du nord et du midi sont maçons.

Le Vénérable Maître, s’étant mis à l’ordre, ainsi que tous les frères qui sont à l’Orient, dit :

Je reconnais aussi pour maçons tous ceux qui sont à l’est.

Prenez place mes frères.

Vénø Mø

Frère second Surveillant où est votre place dans la loge ?

2e Survø

Au midi. Vénérable Maître.

Vénø Mø

Pourquoi êtes-vous placé ainsi ?

2e Survø

Pour mieux observer le soleil à son méridien, pour envoyer les ouvriers du travail à la récréation et les rappeler de la récréation au travail. afin que le Maître en tire honneur et contentement.

Vénø Mø

Frère premier Surveillant. où est votre place dans la loge ?

1er Survø

A l’occident, Vénérable Maître.

Vénø Mø

Pourquoi êtes-vous placé ainsi ?

1er Survø

Comme le soleil se couche à l’ouest pour fermer la carrière du jour, de même Le Premier Surveillant s’y tient pour aider Le Vénérable Maître à fermer la loge, payer les ouvriers et les renvoyer contents et satisfaits.

Vénø Mø

Frère Premier Surveillant où se tient Le Vénérable Maître ?

1er Survø

A l’Orient, Vénérable Maître.

Vénø Mø

Pourquoi, mon frère ?

1er Survø

Comme le soleil se lève à l’est pour ouvrir la carrière du jour, de même le Vénérable Maître s’y tient pour ouvrir la loge, la diriger dans ses travaux et l’éclairer de ses lumières.

Vénø Mø

A quelle heure les maçons ont-ils coutume d’ouvrir leurs travaux ?

1er Survø

A midi. Vénérable Maître.

Vénø Mø

Frère second Surveillant ! Quelle heure est-il ?

2e Survø

Il est midi, Vénérable Maître.

Vénø Mø

Puisqu’il est midi, heure à laquelle commencent les travaux des maçons, frères premier et second Surveillants, prévenez sur vos colonnes, comme je le fais à l’orient, que je vais ouvrir les travaux du premier degré.

1er Survø

0 – Frère second Surveillant, frères qui décorez la colonne du midi, je vous préviens que Le Vénérable Maître va ouvrir les travaux au premier degré.

2e Survø

0 – Frères qui décorez la colonne du Septentrion, je vous préviens que Le Vénérable Maître va ouvrir les travaux au premier degré.

1er Survø

L’annonce est faite, Vénérable Maître.

Vénø Mø

0 – Debout et à l’ordre, mes frères. Frères Expert et Maître des Cérémonies, remplissez vos offices.

Le Maître des Cérémonies précédé du frère Expert porteur d’un glaive se rend à l 0rient par le nord, muni d’une étoile, qu’il allume à celle qui se trouve sur le plateau du Vénérable Maître : puis il se rend à la colonnette ionique (Sagesse), et allume l’étoile qui y est disposée.

Vénø Mø

0 – Que la sagesse préside à la construction de notre édifice.

Le Maître des Cérémonies, toujours muni de son étoile, se rend par le sud à la colonnette ionique (Force) et allume l’étoile qui y est disposée.

1er Survø

0 – Que la force l’achève !

Le Maître des Cérémonies, toujours muni de son étoile, continue à faire le tour de la loge par le nord, l’est et le sud, se rend à la colonnette corinthienne (Beauté) et allume l’étoile qui y est disposée.

2e Survø

0 – Que la beauté l’orne !

L’Expert déploie le tableau du premier degré sur le pavé mosaïque. Un ancien Vénérable ou, à défaut, l’Expert, se rend devant l’autel des serments, ouvre le Volume de la Loi Sacrée aux premiers versets de l’Evangile de Saint-Jean, pose dessus le compas et ensuite l’équerre, de manière que celle-ci couvre les deux pointes du compas, se met à l’ordre et fait le signe.

Vénø Mø

Frappe trois coups -0-0-0

1er Survø

Frappe trois coups -0-0-0

2e Survø

Frappe trois coups -0-0-0

L’Expert et le Maître des Cérémonies croisent l’épée et la canne au-dessus de l’autel pendant l’invocation du Vénérable Maître.

Vénø Mø

A la gloire du Grand Architecte de l’Univers, au nom de la Franc – Maçonnerie Universelle. sous les

auspices de la Grande Loge Nationale Française, en vertu des pouvoirs qui m’ont été conférés, je déclare ouverte au grade d’apprenti cette Respectable Loge de Saint – Jean, constituée à l’Orient de …. sous le N° .. et le titre distinctif …

A moi mes frères, par le signe, la batterie et l’acclamation écossaise.

O – O – O

HOUZZÉ – HOUZZÉ – HOUZZÉ

Mes frères ! Nous ne sommes plus dans le monde profane, nous avons laissé nos métaux à la porte du temple; élevons nos cœurs en fraternité et que nos regards se tournent vers la lumière!

Vénø Mø

O – Prenez place mes frères.

Les FFø étant réunis dans le local, habillés et décorés (l’habit d’un maçon en Loge est le tablier), le Vénø frappe un coup de maillet. A ce signal, chaque Frère prend place et s’y tient debout.Le Vénø dit :

Fø 1er Survø, êtes-vous maçon ?

Fø 1er Survø :

Mes FFø me reconnaissent pour tel.

Tø Vénø:

Quel est le premier devoir d’un Survø en Loge ?

Fø 1er Survø:

De voir si la Loge est couverte extérieurement et intérieurement.

(Nota: Il faut que les portes du Temple soient fermées, qu’il n’y ait aucun profane dans la salle, et dans l’intérieur que des FFø qui soient membres de la Loge.)

Tø Vénø:

Faites-vous en assurer, mon Fø!

Le 1er Survø transmet l’ordre au 2e Survø qui dit au Fø Expø ou au Fø Couvreur : « Faites votre office ! »

Le Fø Exp, le glaive en main, ouvre la porte de l’Atø, en retire la clef, il la dépose sur une table placée entre les Survø. Il ordonne au Fø Tuileur de veiller à la garde extérieure dont il répond, il referme la porte et se place à l’entrée intérieure du Porche.

Quand tout cela est terminé, le Fø Couvreur dit à voix basse au 2e Survø: Les travaux sont couverts.

Le 2e Survø le répète à demi voix au Fø 1er Survø qui dit à haute voix au Très Vénø:

Les Travaux sont couverts extérieurement et intérieurement.

Le Vénø dit:

A l’ordre, mes FFø!

Et il continue :

Quel est le deuxième devoir d’un Fø Survø en Loge ?

Fø 1er Survø:

De s’assurer si tous les FFø sont à l’ordre.

Très Vénø:

Y sont-ils ?

Le 2e Survø dit à demi voix au 1er Survø:

Tous les FFø sont à l’ordre à la Colø du Nord.

1er Survø:

Très Vénø, tous les FFø sont à l’ordre sur les deux Colø

Très Vénø:

A quelle heure les Maçons ouvrent-ils leurs travaux ?

1er Survø:

A midi.

Très Vénø:

Quelle heure est-il ?

1er Survø:

Il est Midi.

Très Vénø:

Puisqu’il est l’heure à laquelle nous devons ouvrir nos travaux, FFø 1er et 2e Survø, invitez les FFø de vos Colø à se joindre à moi pour ouvrir la Loge de …, à l’Or ø de …, au Grade d’Apprenti.

Les Survø répètent l’annonce.

Le Vénø frappe sur l’Autel les trois coups mystérieux: O O O

Ces coups sont répétés par les deux Survø.

Très Vénø:

Mes FFø, les travaux sont ouverts, prenez vos places.

La comparaison des deux rituels est éloquente. Le jeu des questions/réponses est identique d’un rituel à l’autre. Nous pouvons penser qu’ils ont une origine commune à savoir le Rite Moderne. Voici les grandes étapes de ces rituels :

  1. La vérification que la Loge est à couvert
  2. Vérification que les Frères sont tous Apprentis
  3. Instructions rituelles (âge/heure…)
  4. Ouverture par le Vénérable Maître et les Surveillants

Les étapes 1 et 2 sont identiques (pour ainsi dire) entre les deux rituels présentés. Les instructions diffèrent légèrement. Dans le REAA-GLNF, il a été ajouté une série de questions/réponses sur les emplacements des officiers (est-ce un reliquat du Guide des Maçons Écossais ?). Figure aussi l’allumage des colonnettes. Ce dernier détail est important car il n’existait pas dans le Guide des Maçons Écossais ni dans les rituels Français du 18e siècle.

En fait, au 18e et 19e siècle, les temples étaient préparés et prêts avant l’entrée des Frères Dans le Guide des Maçons Écossais, le Frère ayant l’office d’« Architecte du Temple » était dévolu à cette tâche. . Les flambeaux (que nous appelons aujourd’hui « étoiles ») étaient allumés, les trois grandes lumières, lorsqu’elles existaient, étaient déjà disposées. Il semble normal que l’allumage des colonnettes ne figure pas à l’ouverture des travaux au rite Français. La pratique de l’allumage des colonnettes est apparemment un emprunt aux Rite Écossais Rectifié et par là même à l’Ordre des Élus Coen.

Concernant l’ouverture, le REAA utilise l’acclamation dite « écossaise », à savoir houzza (que nous pouvons trouver sous la forme de oz’zé, huzza ou encore oshé selon les rituels). Cette acclamation a été utilisée dans les loges qui se disaient écossaises au 18e siècle. Nous pourrions citer la Respectable Loge « Le Patriotisme » à l’Orient de la Cour (Versailles) qui pratiquait un rituel vraisemblablement Moderne (J pour les Apprentis et B pour les Compagnons) et qui utilisait l’acclamation « Huzza » à l’ouverture des travaux.

Les modifications apportées aux rituels symboliques du Rite Écossais Ancien & Accepté afin d’harmoniser les degrés 3 à 14 conjuguées à la double influence Ancienne et Moderne des ces rituels ont créé une véritable incohérence dans la Légende d’Hiram qu’il convient, me semble t’il, de souligner. Ambiguïté ou rupture, la légende d’Hiram n’est plus cohérente. Je vous propose de l’étudier. Nous verrons ensuite comment nous pourrions simplement la corriger.

 

La rupture de la Légende d’Hiram

 

Une ambigüité affichée

Dans les loges symboliques qui pratiquent le Rite Écossais Ancien et Accepté, une sorte d’incohérence apparaît au 3e degré, au moment de l’exaltation.

Voici la légende aujourd’hui contée dans les Loges de la Grande Loge Nationale Française et dans celles de la Grande Loge de France (les rituels de ces deux obédiences sont pour ainsi dire identiques) :

Mes FFø ! Depuis le fatal événement qui nous a privé du Maître, le monde est demeuré dans les ténèbres les plus épaisses ; tous les travaux sont suspendus.

Ne pourrions-nous donc rien entreprendre pour recouvrer la lumière ?

Mais, qui ne serait découragé à l’aspect d’un si funeste sort ?

Si l’homme d’une vertu si éminente a dû succomber, quel espoir aurions-nous d’être plus heureux ?

Lui seul, d’ailleurs, possédait le secret de l’oeuvre commencée; qui oserait se présenter pour lui succéder ?

Cependant, mes FFø, ne perdons pas courage ! Après avoir pleuré notre Maître, cherchons ses restes que les meurtriers ont sans doute cachés, afin de rendre à sa dépouille mortelle les honneurs qui lui sont dus. Peut-être recueillerons-nous quelques traces de sa science; la Lumière peut reparaître encore !

Voyagez, mes FFø, de l’Occident à l’Orient, du Septentrion au Midi, jusqu’à ce que vous ayez découvert le lieu sacré où les indignes scélérats ont pu déposer le corps de notre Respectable Maître !

(Les Vénérables Maîtres Expert et Maître des Cérémonies suivis de sept VVøMMø, font par trois fois, dextrorsum, le tour de la Loge. Ils s’arrêtent ensuite, de manière que l’Expert se trouve près de la branche d’acacia).

Cet arbre funéraire, cet acacia, annonce une sépulture. Il n’y a pas longtemps qu’il est planté; peut-être ombrage-t-il le tombeau de notre Respectable Maître HIRAM…

Oui ! Il est dit que la Connaissance repose à l’ombre de l’acacia ! Ce lieu désert me porte à croire que ce pourrait être, en effet, le tombeau de notre Maître. Mais, que vois-je ? Une équerre et un compas qui paraissent y avoir été placés à dessein, ne me laissent plus aucun doute ! Gardons-nous donc de toucher à cette terre jusqu’à ce que nous ayons averti le Maître !

Que trois FFø demeurent ici, tandis que nous allons rendre compte de notre découverte.

(Trois Maîtres se placent autour du cercueil, deux à la tête, à droite et à gauche et le troisième au pied, la face tournée vers le corps. Le Fø Expert, le Fø Maître des Cérémonies et les autres Maîtres retournent à leur place).

La question que ce pose le nouveau Maître Maçon est celle-ci : Pourquoi Salomon envoie t’il des Frères Maîtres chercher la Parole des Maîtres ? Si ils sont Maîtres, n’en sont ils pas pourvus ?

En fait, une lecture attentive de cette partie du rituel nous montre qu’il n’est pas précisé qui Salomon envoie à la recherche du corps. S’agit il de Compagnons ou de Maîtres ?

Ambigüité assurément. En fait l’ambigüité de la légende ainsi présentée est suscitée par la double origine de ces rituels à la fois Anciens et Modernes.

Voici la légende Ancienne, telle qu’elle apparaît au Rite Anglais (dit Émulation).

Nous nous sommes interrompus dans notre histoire traditionnelle au récit de la mort de notre Maître H. A.. Une perte aussi importante que celle du principal Architecte ne pouvait manquer de se faire sentir partout et très sérieusement. L’absence des plans et des instructions qui avaient été jusque là régulièrement distribués aux différentes classes d’ouvriers fut le premier indice qu’un grand malheur avait du frapper notre Maître.

Les Ménatschins ou Intendants, autrement dit les chefs de chantier, déléguèrent les plus qualifiés au Roi Salomon pour lui faire part de l’extrême confusion dans laquelle l’absence d’H. les plongeait et pour lui dire qu’ils avaient lieu de craindre qu’une disparition si soudaine et si mystérieuse ne fut la conséquence de quelque catastrophe fatale.

Le Roi Salomon ordonna immédiatement de faire un appel général de tous les ouvriers appartenant aux différentes sections.

Trois ne répondirent pas à l’appel. Le même jour, les douze compagnons qui avaient été à l’origine associés à la conspiration se présentèrent devant le Roi et confessèrent volontairement tout ce qui s’était passé jusqu’au moment où ils avaient cessé d’en faire partie. Cette confession augmenta naturellement les craintes du Roi Salomon pour la sûreté de son principal Architecte. Il choisit donc quinze fidèles compagnons et leur commanda de se mettre en quête de notre Maître et de chercher à découvrir s’il était encore en vie, ou s’il avait péri victime de la tentative faite pour lui arracher les secrets de son grade éminent.

En conséquence, après avoir fixé la date de leur retour à Jérusalem, ils se formèrent en trois Loges de compagnons et se mirent en route en prenant pour point de départ les trois portes du Temple. Bien des jours passèrent en vaines recherches ; une des sections même revint sans avoir fait aucune découverte importante.

Une autre cependant eut davantage de succès, le soir d’un certain jour, après les fatigues et les privations les plus grandes, un des FF. qui s’était étendu sur le sol afin de se reposer, saisit pour se relever, la branche d’un arbuste qui se trouvait près de lui ; mais à sa grande surprise, l’arbuste céda et fut déraciné sans effort. Après un examen plus attentif, il s’aperçut que la terre avait été fraîchement remuée. Il appela donc ses compagnons, creusèrent la terre et y trouvèrent le corps de notre Maître qui y avait été indignement enfoui. Ils le recouvrirent avec le plus grand respect et la plus grande vénération et, pour marquer l’endroit, plantèrent une branche d’acacia en tête de la fosse. Puis ils partirent en toute hâte pour Jérusalem, afin d’annoncer la triste nouvelle au Roi Salomon.

Le Roi, après avoir donné un premier cours à sa douleur, leur ordonna de retourner à la fosse, de relever notre Maître et de l’honorer d’une sépulture qui convint mieux à son rang élevé à ses grands talents. En même temps, il leur annonça que par la mort prématurée du Maître, les secrets du M.M; étaient perdus. Ils accomplirent leur tâche avec la plus grande fidélité ; lorsque la fosse fut ouverte de nouveau, un des FF., en tournant la tête, (le V.M. se lève) remarqua quelques-uns des FF. dans cette attitude (le V.M. fait le signe d’Horreur et s’assure que le candidat copie) frappés d’horreur à la vue du spectacle affreux et navrant qu’ils avaient devant eux (le V.M. cesse le signe d’horreur) tandis que d’autres, contemplant l’horrible blessure visible encore sur le front de notre Maître, se frappèrent le front (le V.M. fait le signe de Compassion et le candidat copie) afin d’exprimer la compassion qu’ils éprouvaient pour ses souffrances (le V.M. cesse le signe de compassion et se rassied).. Deux des FF. descendirent alors dans la fosse et s’efforcèrent de le relever au moyen de l’attouchement d’apprenti, mais la chair quitta les os, puis au moyen de l’attouchement de compagnon, mais la chair quitta encore les os. Voyant qu’ils avaient échoué tous deux, un Frère zélé et expérimenté saisit plus solidement notre Maître par le poignet et aidé des deux premiers, releva notre Maître au moyen des cinq points parfaits, tandis que d’autres, entraînés par l’émotion, s’écrièrent …….ou……… Ces deux mots ont presque le même sens, l’un signifie la mort de l’Architecte et l’autre, l’Architecte est mort. Le Roi Salomon ordonna donc que ces signes accidentels, cet attouchement et ces mots serviraient à désigner les MM. dans tout l’Univers, jusqu’à ce que le temps ou les circonstances fissent retrouver les authentiques.

Il ne me reste plus qu’à vous rendre compte de ce qui arriva à la troisième section qui avait poursuivi ses recherches dans la direction de Joppé et songeait à retourner à Jérusalem lorsqu’un jour, en passant par hasard devant l’entrée d’une caverne, ils entendirent des lamentations et des exclamations de remords. Ils pénétrèrent dans la caverne pour en chercher la cause et y trouvèrent trois hommes dont le signalement correspondait à la description des fugitifs. Accusés du meurtre et voyant que la retraite leur était coupée, ils firent un aveu complet de leur crime. Ils furent alors chargés de liens et conduits à Jérusalem où le Roi Salomon les condamna à la mort que l’atrocité de leur crime avait si amplement méritée.

Nous constatons que Salomon envoie des Compagnons chercher le corps d’Hiram. Il y a alors 3 Maîtres uniquement : Hiram Abif, Salomon et Hiram de Tyr. La légende précise que chacun de ces Maîtres est en possession d’une partie du mot des Maîtres et que si l’un d’eux vient à manquer, le mot, la parole est perdue.

Cette légende justifie de degré de Royal Arch (qu’il s’agisse du degré de Sainte Arche Royale de Jérusalem tel que pratiqué dans les obédiences Anglo-saxonnes, du 13e degré du Rite Écossais Ancien et Accepté, voire du Maître Écossais de Saint André au Rite Écossais Rectifié). C’est à ce degré que le mot des Maîtres est retrouvé.

La légende Moderne est autre. La voici :

M:. F:., les compagnons n’eurent pas plutôt commis leur crime qu’ils en sentirent toute l’énormité. Afin d’en dérober la trace, s’il était possible, ils emportèrent le corps d’Hiram à quelque distance des travaux, et l’enterrèrent dans une fosse faite à la hâte, se promettant de venir l’enterrer au premier moment favorable et de le transporter bien loin; et pour reconnaître facilement l’endroit, ils y plantèrent une branche d’acacia.

Les Maîtres s’aperçurent bientôt de l’absence d’Hiram.

Trois Maîtres partirent par la porte d’Orient, trois par la porte du Midi, et trois par celle d’Occident. Ils convinrent de ne pas s’écarter les uns des autres plus loin que la portée de la voix. Au lever du soleil, l’un d’eux aperçut une vapeur qui s’élevait de la campagne, à quelque distance. Ce phénomène fixa son attention; il en fit part aux autres Maîtres, et tous s’approchèrent de l’endroit d’où sortait cette vapeur. Au premier aspect, ils virent une petite élévation, et reconnurent que la terre avait été fraîchement remuée, ce qui confirma leur soupçon; la branche d’acacia qui céda aux premiers efforts ne leur permit plus de douter qu’elle ne servit d’indice pour reconnaître l’endroit : ils se mirent à fouiller, et bientôt, ils trouvèrent le corps de notre Resp:. Maître déjà corrompu, et reconnurent qu’il avait été assassiné.

Il était à craindre que les assassins n’eussent, à force de tourments, arraché à Hiram les signes et mots de Maître : ils convinrent donc que le premier signe et le premier mot qui leur échapperaient lors de l’exhumation, seraient, par la suite, le signe et le mot de reconnaissance parmi les Maîtres.

Ils se revêtirent de tabliers et de gants de peau blanche, pour témoigner qu’ils n’avaient point trempé leurs mains dans le sang innocent, et députèrent l’un d’eux à Salomon pour l’instruire de la découverte du corps d’Hiram.

Salomon, instruit du crime affreux qui l’avait privé d’un ami et du chef des travaux, à la perfection desquels il mettait toute son ambition, se livra à la plus vive douleur: il déchira ses vêtements et jura qu’il tirerait une vengeance éclatante d’un forfait aussi noir.

Il ordonna un deuil général parmi les ouvriers du Temple. Il envoya exhumer le corps avec pompe par des Maîtres, lui fit de magnifiques funérailles et le fit déposer dans un tombeau de trois pieds de large, sur cinq de profondeur et sept de longueur. Il fit incruster dessus un triangle de l’or le plus pur, et fit graver au milieu du triangle l’ancien mot de Maître, qui était un des noms hébreux du G:.A:.D:.L’U:.; et ordonna que les mots, signe et attouchement soient changés et qu’on y substituerait ceux dont les neuf Maîtres étaient convenus.

Cette légende ne présente également aucune ambiguïté. Les Maîtres connaissent l’ancien mot des Maîtres mais par mesure de prudence (la vertu du Maître) ils lui substituent une nouvelle parole.

Au Rite Moderne, l’ancien mot des Maîtres apparaît au cours de l’exaltation gravé dans une lame d’or triangulaire incrustée sur le couvercle du catafalque dans lequel le candidat est allongé. Lorsque le catafalque est fermé, le nom du « défunt » apparaît sur le catafalque : Jehova.

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Figure 5 : Tableau de Loge sur lequel figure l’ancien mot des Maîtres.

En ce sens, aucun degré dit « supérieur » n’est nécessaire pour retrouver ce qui aurait été perdu. Les Maîtres partent ainsi à la recherche d’Hiram et non du mot.

En tant que rite « universel », le Rite Écossais Ancien et Accepté a puisé dans les origines Anciennes et Modernes des rituels. La Légende utilisée aujourd’hui empruntant dans les deux traditions crée une ambiguïté qui n’est jamais résolue.

La légende telle qu’elle est présentée aujourd’hui est résolument moderne. Le seul fait que Salomon envoie 9 Maîtres à la recherche d’Hiram permet de justifier cette affirmation. La légende Ancienne aurait envoyé 12 compagnons à la recherche du « secret » du Maître.

Le Guide des Maçons Écossais n’échappe pas à cette « incohérence ». Dans le Guide, Hiram envoie 12 compagnons (les 12 compagnons de la Légende Ancienne) qui ramènent les assassins à Salomon. Celui-ci envoie ensuite 9 Maîtres à la recherche du « secret » d’Hiram.

La problématique du Maître Maçon se résume alors en une interrogation : Aurais-je en moi la Parole Perdue ? Cette question est l’objet même de la démarche initiatique. Encore faudrait il pouvoir avoir ne serait ce qu’une idée de ce que peut être la Parole Perdue.

 

Quelle alternative proposer ?

Avant de proposer une alternative ou une « adaptation » de la légende d’Hiram en fonction d’une orientation précise, nous devons retourner aux sources du Rite afin de bien comprendre comment nous en sommes arrivé là.

En fait, il est intéressant de savoir quelles sont les origines du Rite Écossais Ancien et Accepté. Est il véritablement d’origine « Ancienne » comme son nom tendrait à nous le laisser supposer ?

Lorsque le Rite Écossais Ancien et Accepté est créé aux États-unis, les Grandes Loges Américaines existent depuis quelques années. Il n’est pas exceptionnel de trouver sur un même État une Grande Loge des Ancien et une autre des Modernes.

Le fondateur du Suprême Conseil de France, Grasse-Tilly, appartient aux deux Maçonneries qu’il connaît bien. En 1796 il participe en Caroline du Sud à la fondation d’une Loge de Rite Moderne : La Candeur La Candeur reçoit sa patente de la Grande Loge des Modernes de Caroline du Sud le 21 janvier 1798. , dans laquelle il est Vénérable Maître et dont il démissionnera quelques années plus tard.

Lorsqu’il rentre sur le vieux continent, il apporte avec lui un rite symbolique qu’il avait également pratiqué et qui semble l’avoir séduit : Le Rite Ancien. Ce rite l’a suffisamment intéressé au point qu’il lui consacre une partie dans la rédaction de son « thuileur Cf. Fac-similé du « Thuileur de Grasse-Tilly » publié par le Suprême Conseil Pour la France (rue Villers), 2003. » en 1819. Grasse-Tilly l’avait pratiqué lorsqu’il avait fondé la Respectable Loge « La Réunion Française » sous le numéro 45 de la Grande Loge des Ancients York Masons (la Grande Loge Ancienne de Caroline du Sud).

D’autres éléments viennent nous conforter dans le fait que les degrés du Rite Écossais Ancien et Accepté n’ont pas spécifiquement une origine « Ancienne ».

Le premier de ces éléments est le premier paragraphe de la Circulaire aux Deux Hémisphères de 1802 :

De l’Orient du Grand et Suprême Conseil des Très Puissants Souverains,

Grands Inspecteurs Généraux, sous la Voûte Céleste du Zénith situé par 32 deg. 45 Min. de L.N A nos Illustres, très Vaillants et Sublimes Princes du Royal Secret, Chevaliers K.H, Illustres Princes et Chevaliers, Grands, Ineffables et Sublimes Maçons, Francs Maçons Acceptés de tous les degrés, Anciens et Modernes, répandus à la surface des deux Hémisphères. A tous ceux auxquels parviendra cette correspondance : Santé Constance et Vigueur

La Circulaire est indifféremment adressée aux Francs-Maçons Acceptés de tous les degrés, Anciens et Modernes. Nous pouvons comprendre que le Rite Écossais Ancien Accepté se situe au-delà des querelles des rites symboliques. Au-delà des degrés symboliques ? Assurément. Grasse-Tilly dans son « Thuileur » fait commencer le Rite Écossais Ancien et Accepté au 4e degré, celui de Maître Secret. Ceux qui voyagent savent qu’aux États-unis le Rite Écossais Ancien & Accepté (Ancient & Accepted Scottish Rite) commence au 4e degré Il existe quelques loges historiques en Louisiane qui pratiquent le REAA symbolique. Elles seraient au nombre de 19 (source la mailing list de la Société des Philalèthes). .

J’ai eu la chance d’avoir une copie d’un rituel récemment publié aux États-unis. Il s’agirait d’une reproduction du premier rituel du Maître Secret, publié en 1801. Il est intéressant de lire une partie de l’instruction du degré qui « éclaire » l’origine du Rite Écossais Ancien & Accepté.

Voici donc un extrait de l’instruction au Maître Secret, « 4e degré de la première série de rituels (1801) de la Juridiction Sud des États-unis d’Amérique à Charleston, Caroline du Sud, appelé Maître Secret ».

Q. En quel lieu avez-vous été reçus ?

R. Dans le Saint des Saints.

Q. Qui vous a fait ?

R. Salomon, avec Adoniram l’Inspecteur des travaux.

Q. Qu’avez-vous perçu en entrant dans le Saint des Saints ?

R. Un Delta brillant, incluant certains caractères hébraïques, dont émanaient les neuf rayons de la Sheckina, chacun étant l’initiale d’un Nom Divin comme dérivé d’un attribut ; et le tout entouré par un Grand Cercle.

Q. Dites-moi, je vous prie, quelle est la signification de ces caractères hébraïques dans le Delta ?

R. Ils décrivent le nom Inexprimable et réel du Grand Architecte de l’Univers, que l’on a interdit de prononcer selon une loi de Moïse, et dont, par la suite, nous avons perdu la vraie prononciation.

Q. C’est vrai, mon Frère, la juste prononciation de ces caractères a été perdue à tous, mais les Grands Élus Parfaits et Sublimes Maçons, une connaissance, dont j’espère, vous acquerrez en vertu de votre attachement à notre Ordre et de votre ardeur dans l’accomplissement des devoirs de votre obligation. Mais pouvez-vous, je vous prie me dire quels sont ces noms, dont vous avez vu les initiales dans les neuf rayons de la Sheckina ?

R. Ceux que Dieu a donnés lui-même quand il a parlé à Moïse sur le mont Sinaï, lui annonçant, en même temps, que sa destinée future, un jour, serait de connaître son nom réel.

Nous constatons à la lecture de cette instruction que le postulant, en entrant dans le Saint des Saints, a aperçu un Delta brillant incluant certains caractères hébraïques. Ces caractères décrivent le nom inexprimable et réel du Grand Architecte de l’Univers nous dit l’instruction.

Cette description nous rappelle évidemment la lame d’Or qui figure sur le catafalque lors de la réception au Grade de Maître du Rite Moderne. Nous pouvons donc en déduire qu’il s’agit là de la Parole dite Perdue.

La description ainsi tournée est maçonniquement universelle ; elle permet aux Frères venant des Rites Anciens ou Modernes d’approfondir leur démarche grâce à un système de hauts grades qui est « compatible » avec l’ensemble des rites symboliques existants. Certains Suprêmes Conseils ont malheureusement supprimé Ou bien il apparaît de façon très discrète comme bijou du Trois Fois Puissant Maître, face tournée vers lui, dissimulant ainsi le Nom ineffable. le symbole du Delta au 4e degré.

Dans la pratique du Rite Écossais Ancien & Accepté en Loge symbolique, une modification doit être effectuée afin de rendre cohérente la légende d’Hiram.

Compte tenu de la double origine des rituels, les modifications ne doivent pas laisser de place à l’ambiguïté. Ces modifications peuvent être double :

  1. Modification « Ancienne » de la Légende, auquel cas ce sont des Compagnons qui partent à la recherche d’Hiram, non plus des Maîtres.
  2. Modification « Moderne » de la Légende : La parole n’est plus perdue mais « substituée » au cas où le Maître aurait parlé. L’ancien mot des Maîtres est alors connu du Maître Maçon.

Ces évolutions et comparaisons de rituels doivent nous amener à l’interrogation suivante : Quels sont les critères qui permettent de définir un rituel du Rite Écossais Ancien et Accepté ?

 

Critères permettant de définir un rituel du REAA

Pourquoi définir des critères qui permettent à un rituel de se dire du REAA ? Nous avons vu qu’il existe en Europe plusieurs versions des degrés symboliques de ce rite et qu’ils n’ont pas tous la même « consistance », si je puis m’exprimer ainsi. L’idée serait de pouvoir extraire de l’ensemble de ces rituels des « tendances » communes. L’ensemble de ces tendances permettraient de définir les Rituels Symboliques du Rite Écossais Ancien et Accepté.

Les critères se définissent en 3 typologies : Les aspect purement rituéliques (liés au rituel et à sa pratique en tant que tel), les décors des Frères ainsi que les règles qu’ils doivent observer dans le fonctionnement de la Loge.

 

Les aspects rituéliques

Il est difficile de trouver un symbole Nous aurions pu citer les listes, les colonnes, les Trois Grandes Lumières, les piliers ou colonnettes, l’autel des serments, les luminaires, le tapi de loge, le pavé mosaïque, la houppe dentelée, les chandeliers, le delta rayonnant, la place des officiers, etc. Il apparaît que tous ces symboles existaient déjà dans d’autres rites lorsque les rituels du REAA ont été créés. propre aux loges bleues du Rite Écossais Ancien et Accepté. Grâce à mes différentes pérégrinations, je pense avoir trouvé quelques constantes. Une loge serait dite du REAA lorsqu’elle utilise simultanément :

· Les Trois Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie (Bible ouverte à l’Évangile de Jean, Équerre et Compas). Les Trois Grandes Lumières sont généralement disposées sur l’autel des Serments. La Bible est ouverte à l’évangile de Jean. Des Loges Féminines ou d’obédiences qui se définissent comme « adogmatiques » ont remplacé l’Évangile de Jean par la Règle ou un autre Volume (livre blanc, constitutions de l’obédience…). Il conviendrait peut être de rappeler ici que la Maçonnerie du REAA gravite autour de l’Évangile de Jean. Cet Évangile placé dans une Loge symbolise à lui seul le passage de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance. Il y aurait fort à dire sur ce symbole ; nous ne le développerons cependant pas ici.

· Les colonnes B&J (B pour les Apprentis et J pour les Compagnons). Elles sont placées à l’ancienne. En fait, le REAA est le seul rite d’Europe « continentale » à avoir conservé la disposition « ancienne » des colonnes.

· Le Tableau du degré est visible dans la Loge, souvent entouré des 3 colonnettes « Beauté », « Force » et « Sagesse ». Les colonnettes peuvent cependant être disposées différemment, autour de l’autel des serments par exemple.

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Figure 6 : Tableau de la Respectable Loge « La Grande Triade », GLDF

Pourquoi ne pas avoir parlé de l’emplacement des Surveillants, comme au Rite Ancien ? Il existe des Loges dites du REAA qui placent leurs Surveillants à l’Occident, comme au Rite Moderne. D’ailleurs, dans les Hauts Grades les Surveillants, lorsqu’il y en a deux, sont souvent positionnés à l’Occident.

 

Les décors
Existe t’ils des décors typiques du REAA ? En France, l’usage imposé par le Suprême Conseil de France au 19e siècle veut que les Frères portent un tablier blanc bordé de rouge et si ils le souhaitent, les Frères portent un baudrier bleu bordé de rouge. Sur le Tablier figurent les lettres MB (tablier traditionnel) ou bien trois rosettes rouges (tablier de style Anglais).
imageFigure 7 : Tablier traditionnel du REAA imageFigure 8 : Tablier de style « Anglais » du REAA

En Suisse, il n’existe pas de règle, chaque loge adoptant le tablier de son choix (certaines loges du REAA ont un tablier vert).

A la Grande Loge Régulière de Belgique, les Frères qui pratiquent le REAA en loge symbolique portent l’un des deux tabliers ci-dessus et parfois un baudrier bleu.

Selon le tuileur d’Abraham, les premiers tabliers du REAA étaient blancs, bordés de bleu avec un soleil au milieu de la bavette.

La règle la plus généralement admise veut que les Frères portent un tablier bordé de rouge. Cette règle est à priori la seule qui soit acceptable.

Ce rite s’inscrivant dans le cadre d’une Maçonnerie de Traditions, la tenue sombre et le port des gants restent en usage. Au degré de Maître Maçon, les Frères portent traditionnellement le titre de « Vénérable Maître ». De fait, ils sont couverts. Il n’y a pas de critères précis pour le chapeau.

Voyons maintenant quelles sont les règles applicables en loge symbolique du REAA.

 

Les lois et règles applicables en Loges Symboliques

Les Règles applicables au REAA sont celles qui sont définies par les Suprêmes Conseils réunis en Convent. Les deux plus marquants ont assurément été Lausanne (1875) et Barranquilla (1970), le second venant annuler les résolutions du premier.

Ainsi, nombreux restent les Maçons qui pensent que le Rite Écossais Ancien et Accepté possède une définition du Grand Architecte de l’Univers qui lui est propre, se référant ainsi au texte du Convent de Lausanne (1875).

La définition du Grand Architecte de l’Univers est d’abord celle de l’obédience à laquelle nous appartenons. A la Grande Loge Régulière de Belgique, le Grand Architecte de l’Univers est Dieu, quelle que soit l’acceptation du mot « Dieu ». Les Suprêmes Conseils du Rite Écossais Ancien et Accepté ont défini en 1970 lors du Convent de Barranquilla (Colombie) que le Grand Architecte de l’Univers est Dieu, conformément à la Tradition.

 

Au sein de la Loge, les règles constatées sont :

Les Apprentis peuvent assister aux tenues. Ils doivent garder le silence pendant une période allant de 1 à 3 ans. Ils ne peuvent pas voter. Le passage au grade de Compagnon se fait sur proposition du deuxième Surveillant, après un travail symbolique. La proposition est soumise au vote de la Chambre du Milieu. Ils siègent sur la colonne du Nord.

Les Compagnons assistent aux tenues. Ils peuvent prendre la parole mais n’ont pas le droit de voter. Comme au grade précédent, leur augmentation de salaire se fait après l’audition d’un travail symbolique, avec un vote de la Chambre du Milieu sur proposition du Frère premier Surveillant. La durée du Compagnonnage s’étend de 1 à 3 ans. Ils siègent sur la colonne du Sud.

Les Maîtres participent aux tenues. Ils prennent la parole et votent sur les propositions du Frère Orateur.

La prise de parole s’opère par triangulation. Les Frères qui siègent sur la colonne du Nord demandent la parole au deuxième Surveillant. Les Frères de la colonne du Sud demandent la parole au premier Surveillant. Les Surveillant demandent alors la parole au Vénérable Maître pour eux ou pour les Frères de leurs colonnes ; elle leur est généralement accordée.

Au troisième degré la prise de parole est moins codifiée ; elle varie en fait selon les Loges.

Dans certaines Loges, les Vénérables Maîtres Titre des Frères au 3e degré. demandent directement la parole au Très Vénérable Maître Titre du Vénérable Maître au 3e degré. . Dans d’autres loges, la règle de triangulation est conservée.

Les autres règles sont celles en vigueur dans les différentes obédiences.

 

Nous avons vu que les rituels ont évolué dans l’espace avec une diffusion progressive au sein des différentes obédiences qui se sont constituées, mais aussi dans le temps par une lente transformation du contenu même des rituels. Nous avons ainsi pu distinguer 4 types de rituels dits écossais. L’évolution de ceux du Rite Écossais Ancien et Accepté, forts de leur double influence des Anciens et des Modernes, n’a pas été homogène. Le remaniement des rituels a influé sur leur contenu, créant parfois quelques ambiguïtés qu’une petite modification pourrait assurément corriger. Nous avons constaté qu’il est délicat de dresser une liste des spécificités symboliques de ce rite, compte tenu de ses multiples origines.

 

Conclusion

Le Rite Écossais Ancien et Accepté est il un Rite Universel ? Assurément, sous bien des angles.

D’abord, dans ses textes fondateurs, le Rite se présente comme fédérateur des différents systèmes écossais qui existaient. Il se présente aussi comme étant au dessus des clivages qui animent la Franc-Maçonnerie. Il s’adresse à tous, sans distinction de rite ni de degré. Il reconnaît la pratique de degrés annexes, non intégrés dans la hiérarchie officielle des degrés.

Ensuite, ce rite s’est diffusé rapidement dans les différentes obédiences Françaises (et Européennes, mais est il nécessaire de le rappeler ?), s’adaptant aux spécificités de chacune d’entre elles.

Enfin, ce rite a évolué dans le sens d’une harmonisation des degrés du 3ième au 14ième, parfois en dépit des origines « Anciennes » de ses premiers rituels symboliques, créant une légende d’Hiram incertaine. Nous avons constaté que cette harmonisation a été inspirée par les rituels du Rite Français et qu’il suffirait d’une légère et indolore modification de l’actuelle légende pour que toute ambiguïté soit levée.

Nous avons vu combien il est difficile de trouver des éléments communs aux différentes pratiques de ce rite. Du Guide des Maçons Écossais aux rituels dits « Cerbu » à la GLNF, les pratiques peuvent fortement différer d’une Loge à l’autre.

Cependant, ce rite est pratiqué avec le souci d’une transmission authentique d’une tradition héritée de la Chevalerie et des Bâtisseurs de Cathédrale.

Loin d’être une suite linéaire de degrés, fort de son universalité, le Rite Écossais Ancien & Accepté se comporte comme une fenêtre ouverte sur la Maçonnerie et les degrés pratiqués au 18e siècle et à ce titre, les dirigeants de notre Suprême Conseil en sont les véritables conservateurs.

Rite alliant tradition et évolution, le Rite Écossais Ancien & Accepté est aujourd’hui le rite le plus pratiqué en France.

 

Annexes

La Circulaire aux Deux Hémisphères (Déc. 1802, traduction attribuée à H. Gréven)

UNIVERSI TERRARUM ORBIS ARCHITECTONIS GLORIA AB INGENTIS

Deus Meumque Jus

ORDO AB CHAO

De l’Orient du Grand et Suprême Conseil des Très Puissants Souverains,

Grands Inspecteurs Généraux, sous la Voûte Céleste du Zénith situé par 32 deg. 45 Min. de L.N A nos Illustres, très Vaillants et Sublimes Princes du Royal Secret, Chevaliers K.H, Illustres Princes et Chevaliers, Grands, Ineffables et Sublimes Maçons, Francs Maçons Acceptés de tous les degrés, Anciens et Modernes, répandus à la surface des deux Hémisphères. A tous ceux auxquels parviendra cette correspondance : Santé Constance et Vigueur

Lors d’une assemblée de Souverains Grands Inspecteurs Généraux en Conseil Suprême du 33e degré, dûment et légalement réunie, tenue dans la Chambre du Grand Conseil, le 14e jour du 7e Mois appelé Tisri 5563, l’an de Vraie Lumière 5802, et 10e jour d’Octobre 1802 de l’Ère chrétienne. Union Plénitude et Sagesse

Le Grand Commandeur a informé les Inspecteurs qu’ils avaient été convoqués afin de prendre en considération l’opportunité d’adresser aux Grandes Loges Symboliques, aux Grandes Loges Sublimes et aux Grands Conseils répandus sur les deux Hémisphères, des Lettres circulaires expliquant l’origine et la nature des Degrés Sublimes de la Maçonnerie et leur institution en Caroline du Sud.

Une proposition à cet effet fut alors adoptée sur-le-champ, et une commission, composée des Illustres Frères le Dr. Frederick Dalcho, le Dr. Isaac Auld et M. Emmanuel De La Motta, Grands Inspecteurs Généraux, fut nommée pour rédiger et soumettre cette lettre au Conseil lors de sa prochaine tenue.

A l’assemblée des Souverains Grands Inspecteurs Généraux en Conseil Suprême du 33e &c. &c. &c. Ie 10e jour du 8e Mois appelé Chislev 5563, an de la V. L.. 5802, ce 4e jour de Décembre 1802 de l’Ère chrétienne. La Commission, qui avait été saisie de ladite résolution, soumit respectueusement au Conseil le Rapport suivant :

Retracer le cours de la Maçonnerie depuis l’époque la plus lointaine et fixer avec précision les dates de la constitution de chacun des degrés, relève de la plus grande difficulté. En tant que Maçons Symboliques, nous faisons remonter notre origine à la Création du Monde, lorsque le Créateur Tout-Puissant, le Grand Architecte de l’Univers, instaura les lois immuables qui ont donné naissance aux Sciences.

Des nécessités et besoins communs poussèrent nos frères originels à rechercher assistance mutuelle. La diversité de leurs aptitudes, dons et inclinations les rendit, dans une certaine mesure, dépendants les uns des autres, et c’est ainsi que se constitua la société profane ; il s’ensuivit tout naturellement que les hommes de dispositions et de caractères semblables s’associèrent plus intimement, ce qui donna naissance a des institutions se rapportant à leurs desseins et adaptées à leur esprit ; ceci aboutit à l’exclusion de ceux qui, par leurs aptitudes, leur tempérament ou leur condition, étaient incapables de participer au savoir des autres, ou inutiles, voire dangereux au bien-être de l’intérêt général.

Comme la civilisation commençait à se propager de par le monde, et que l’esprit des hommes se développait de par la contemplation des Oeuvres de la nature, les hommes les plus intelligents cultivèrent les arts et les sciences. La contemplation du système Planétaire, en tant qu’Oeuvre d’un Artiste Tout-Puissant, ainsi que des attributs de leur Dieu, donna naissance à la religion et à la Science de l’Astronomie. La mesure de la terre, la division et le bornage de leur propriété donnèrent naissance à la Géométrie. Ces trois occupations, mises en commun, donnèrent naissance à l’Ordre Mystique ; et l’on institua des mots, signes et attouchements d’ordre pour désigner les membres initiés ou reconnus.

Il est probablement impossible de fixer avec précision le moment où les premiers degrés furent constitués sous la forme où ils nous sont conférés de nos jours, par suite de la perte ou de la destruction en Angleterre de la majeure partie des archives du Métier au cours des guerres contre les Danois et les Saxons. L’imaginaire se mêle grandement à l’histoire de la Maçonnerie des premiers âges et la poussière du temps la recouvre à un point tel qu’il est impossible d’en tirer des conclusions satisfaisantes ; mais, à mesure que nous remontons vers l’époque actuelle, nous possédons d’authentiques archives pour notre gouverne. La façon particulière dont les trois premiers degrés, ou degrés Bleus, sont conférés, ainsi que leur contenu prouvent à l’évidence que ce sont purement et simplement des symboles des degrés supérieurs, ou degrés sublimes. Ils ont été formés pour représenter le meilleur de la conduite et des capacités des initiés avant qu’ils soient admis à la connaissance des mystères les plus importants. Au troisième degré, on nous informe que, par suite de la mort de H.A, le mot du Maître fut perdu et qu’un nouveau mot, qui n’était pas connu avant la construction du Temple, lui fut substitué. Si, selon la croyance générale, et comme l’indiquent nombre de nos anciennes archives, la Maçonnerie tire son origine de la création et s’est développée dès les premiers âges de l’humanité, les Maîtres possédaient un mot secret dont les Maçons du temps de Salomon n’avaient pas connaissance. Voici donc un changement de l’un des principes fondamentaux du métier et une suppression de l’un des anciens Landmarks ; cependant, nous ne sommes pas disposés à admettre ce fait. Le Maître Bleu sait bien que le Roi Salomon et son royal visiteur possédaient le vrai mot primitif, mais qu’il doit rester dans l’ignorance, à moins d’être initié aux degrés sublimes. La preuve de l’authenticité de ce mot Mystérieux, tel que nous le connaissons et pour lequel notre vénéré Maître est mort, est établie, même à l’esprit le plus sceptique, dans les pages sacrées des Saintes Écritures et dans l’histoire juive dès l’aube des temps.

Le Docteur Priestley, dans ses lettres aux Juifs, écrit ce remarquable passage quand il parle des miracles du Christ : « et il a été dit depuis par vos auteurs qu’il a accompli ses miracles par quelque nom Ineffable de Dieu, qu’il avait dérobé au Temple ». Bien que les Maçons Symboliques déclarent que leurs sociétés tirent leurs origines des premiers âges du monde et remontent à la création, on ne leur enseigne pourtant dans leurs degrés que des événements qui ont eu lieu à la construction du premier Temple (sur une période infime de sept ans), 2992 ans après la création. Ils ignorent l’histoire de leur ordre antérieurement à cette période et les progrès considérables et importants de l’art à la fois avant et depuis cette période.

De nombreuses Planches des degrés Sublimes contiennent un abrégé des arts et des sciences ; et dans leur histoire sont consignés nombre de faits d’importance et de valeur recueillis dans les archives authentiques dont dispose notre société et qui, de la façon dont ils sont communiqués, ne pourront jamais être tronqués ou déformés. Ceci constitue un objet de première grandeur dans une société dont les principes et les pratiques devraient être invariables. Malheureusement des variantes et des irrégularités se sont insinuées en masse dans les degrés Symboliques, par suite du manque de connaissance maçonnique chez nombre de ceux qui président aux tenues bleues ; et c’est particulièrement le cas chez ceux qui ne connaissent pas la langue hébraïque où tous les Mots et Mots de Passe sont donnés. Ceci est si fondamentalement nécessaire à un homme de science pour présider une Loge qu’un grand préjudice peut naître de la plus infime dérogation au cours d’une cérémonie d’initiation ou dans les Planches d’instruction on lit dans le Livre des Juges que la transposition d’un simple point sur le schîn, par suite d’un défaut de prononciation inhérent à la nation éphraïmite a trahi les Cowans et a abouti au massacre de quarante-deux mille d’entre eux. La représentation Sublime de la Divinité formée dans le degré de Compagnon ne peut être expliquée de façon correcte que par ceux qui ont quelque connaissance du Talmud. La plupart des Mots dans les degrés Sublimes sont dérivés des langues chaldéenne, hébreux et latine. Les diverses traductions d’une langue à l’autre, qu’ont fréquemment subies les degrés Symboliques depuis leur création, par des hommes ignares même dans leur langue maternelle, constituent une deuxième cause de la diversité que nous déplorons. Il en va différemment des degrés supérieurs qui se présentent dans la parure Sublime que leur ont donnée leurs auteurs et qui sont fondés sur la science et agrémentés par leur pouvoir évocateur.

Nombre de degrés Sublimes sont fondés sur les arts savants et dévoilent aux Maçons une masse de connaissances de prime importance. Bien que nombre de degrés Sublimes soient, en fait, le prolongement des degrés Bleus, il n’y a pas pour autant ingérence entre les deux institutions. D’un bout à l’autre du continent européen et aux Antilles, où ils sont universellement connus, ces degrés sont reconnus et leur essor favorisé. Les Maçons Sublimes ne procèdent jamais à des initiations aux degrés Bleus sans autorisation de droit accordée dans ce but par une Grande Loge Symbolique ; excepté lorsqu’ils communiquent les secrets de la présidence d’un Atelier aux postulants qui n’y ont pas encore été admis, préalablement à leur initiation dans une Loge Sublime, mais dans ce cas les postulants sont informés que cela ne leur confère pas le rang de Passé Maître dans la Grande Loge.

La Grande Loge Sublime, parfois appelée Loge Ineffable ou Loge de Perfection, va du 4e au 14e degré inclus, dont le dernier est celui de Perfection. Le 16e degré constitue le Grand Conseil des Princes de Jérusalem qui exerce sa juridiction sur le 15e degré appelé Chevalier de l’Orient et également sur la Grande Loge Sublime ; ce Grand Conseil est par rapport à elle ce qu’est une Grande Loge Symbolique par rapport à ses Loges subordonnées. Sans charte et sans Constitution délivrées par les Grands Conseils ou par un Conseil plus élevé ou par un Inspecteur, ces loges sont jugées irrégulières et sanctionnées en conséquence. Tous les degrés supérieurs au 16e sont placés sous la juridiction du Suprême Conseil des Grands Inspecteurs Généraux qui sont Souverains de la Maçonnerie. Quand il est nécessaire de constituer les degrés Sublimes dans un pays où ils sont inconnus, un Frère du 29′ degré, appelé K.H., est désigné comme Inspecteur Général Délégué pour ce territoire. Il sélectionne parmi les Frères du Métier ceux qu’il estime faire honneur à la société et confère les degrés Sublimes au nombre de Frères nécessaire à la première organisation de la Loge ; celle-ci élit alors ses propres officiers et se gouverne au moyen de la Constitution et de la charte qui lui a été fournie. La juridiction d’une Loge de Perfection s’étend sur vingt-cinq lieues.

Il est notoire qu’environ 27.000 Maçons accompagnèrent les Princes chrétiens aux Croisades, pour reprendre la Terre Sainte aux Infidèles. Pendant leur séjour en Palestine, ils découvrirent chez les descendants des anciens Juifs plusieurs manuscrits Maçonniques importants qui sont venus enrichir nos Archives d’authentiques actes, et sur lesquels sont fondés certains de nos degrés.

Certaines découvertes extraordinaires furent faites et certains événements extraordinaires se produisirent au cours des années 5304 et 5311, et ceci donne à l’Histoire Maçonnique de cette période une importance extrême. Cette période est chère au coeur du Maçon plein d’ardeur pour la cause de son Ordre, de son Pays et de son Dieu.

Une autre découverte d’importance fut faite en l’an 5553 : il s’agit d’un registre en caractères syriaques concernant la plus haute antiquité, d’après lequel il semblerait que le monde soit plus vieux de plusieurs milliers d’années que ne l’indique le récit mosaïque ; c’est un avis que partagent nombre d’érudits. Seuls quelques passages ont été traduits avant le règne de notre Illustre et très Éclairé Frère Frédéric II Roi de Prusse, dont l’ardeur bien connue pour le métier fut la cause de grand avancement de la société qu’il daigna présider.

A mesure que progressait la société et que d’anciens documents étaient découverts, le nombre de nos degrés augmenta jusqu’au moment où, avec le temps, le système fut achevé.

D’après celles de nos archives qui sont authentiques, nous sommes informés de la constitution des degrés Sublimes et Ineffables de la Maçonnerie en Écosse, en France et en Prusse sitôt après les Croisades.

Mais à la suite de circonstances de nous inconnues, après l’an 4658 (18), ils tombèrent dans l’oubli jusqu’en l’an 5744, lorsqu’un gentilhomme d’Écosse vint visiter la France et rétablit la Loge de Perfection de Bordeaux.

En 5761, les Loges et conseils des degrés supérieurs s’étant étendus sur l’ensemble du continent européen, Sa Majesté le Roi de Prusse, en qualité de Grand Commandeur de l’ordre de Prince du Royal Secret, fut reconnu par la totalité des membres du Métier comme chef des degrés Sublimes et Ineffables de la Maçonnerie sur l’ensemble des deux Hémisphères. Son Altesse Royale Charles, Prince Héréditaire des Suédois, des Goths et des Vandales, Duc de Sudermanie, Héritier de Norvège, &c. &c. &c. fut et est toujours le Grand Commandeur et protecteur des Maçons Sublimes de Suède ; et son Altesse Royale Louis de Bourbon, Prince du sang, Duc de Chartres, &c. &c. &c., et le Cardinal, Prince et Évêque de Rouen, furent à la tête de ces degrés en France.

Le 25 Octobre 5762, les Grandes Constitutions Maçonniques furent définitivement ratifiées à Berlin et proclamées pour le gouvernement de toutes les Loges de Maçons Sublimes et Parfaits, Chapitres, Conseils, Collèges et Consistoires de l’Art Royal et Militaire de la Franc Maçonnerie sur la surface des deux Hémisphères. Il y a des Constitutions secrètes, existant de temps immémorial, auxquelles il est fait allusion dans ces documents.

La même année, ces Constitutions furent transmises à notre Illustre Frère Stephen Morin qui, le 27 Août 5761, avait été nommé Inspecteur Général de toutes les Loges, &c. &c. &c. du nouveau monde par le Grand Consistoire des Princes du Royal Secret réuni à Paris et que présidait le délégué du Roi de Prusse, Chaillon de Jonville, suppléant Général de l’Ordre, Très Vénérable Maître de la première Loge de France, appelée de Saint-Antoine, Chef des degrés Éminents, Commandeur et Sublime Prince du Royal Secret, &c. &c. &c.

Étaient également présents les Illustres Frères suivants : Le Frère Prince de Rouen, Maître de la Grande Loge l’Entendement, et Souverain Prince de la Maçonnerie, &c. La Corne, suppléant du Grand Maître, Très Vénérable Maître de la Loge la Trinité, Grand Élu, Parfait Chevalier et Prince des Maçons, &c. Maximilien de St. Simon, Premier Grand Surveillant Grand Élu, Parfait Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Savalette de Buchelay, Grand Garde des Sceaux, Grand, Élu, Parfait Chevalier et Prince des Maçons, &c. Ie Duc de Choiseul, Très Vénérable Maître de la Loge les Enfants de la Gloire, Grand Élu, Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Topin, Grand Ambassadeur de son Altesse Sérénissime Grand Élu, Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Boucher de Lenoncour, Très Vénérable Maître de la Loge la Vertu, Grand Élu, Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Brest de la Chaussée, Très Vénérable Maître de la Loge l’Exactitude, Grand Élu, Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, &c.

Les Sceaux de l’Ordre furent apposés et la Patente contresignée par Daubertain, Grand Élu, Parfait Maître, Chevalier et Prince des Maçons, Très Vénérable Maître de la Loge St. Alphonso, Grand Secrétaire de la Grande Loge et du Conseil Sublime des Princes Maçons, &c.

Quand le Frère Morin arriva à St. Domingue, conformément à sa Patente, il nomma un Inspecteur Général Délégué pour l’Amérique du Nord. Ce grand honneur fut conféré au Frère M.M. Hayes, avec pouvoir de nommer d’autres Inspecteurs Généraux en cas de besoin. Le Frère Morin nomma également le Frère Frankin Inspecteur Général Délégué pour la Jamaïque et les Iles Britanniques sous le Vent, et le Frère Colonel Provost pour les Iles au Vent et l’Armée britannique.

Le Frère Hayes nomma Inspecteur Général Délégué pour l’état de Caroline du Sud le Frère Isaac Da Costa lequel, en l’an 5783, établit la Sublime Grande Loge de Perfection à Charleston. Après la mort du Frère Da Costa, le Frère Joseph Myers fut nommé Inspecteur Général Délégué pour cet état par le Frère Hayes qui avait au préalable également nommé le Frère Colonel Solomon Bush Inspecteur Général Délégué pour l’état de Pennsylvanie et le Frère Barend M. Spitzer au même titre pour la Géorgie ; ces décisions furent ratifiées lors d’une réunion d’inspecteurs quand ils furent assemblés à Philadelphie le 15 Juin 5781.

Le 1er Mai 5786, la Grande Constitution du 33e degré appelé, le Conseil Suprême des Souverains Grands Inspecteurs Généraux fut définitivement ratifiée par Sa Majesté le Roi de Prusse qui, en sa qualité de Grand Commandeur de l’ordre de Prince du Royal Secret, détenait le pouvoir Maçonnique Suprême sur l’ensemble du Métier. Dans la nouvelle Constitution, ces hauts Pouvoirs furent conférés dans chaque Nation à un Suprême Conseil de neuf Frères qui détiennent dans leur propre territoire toutes les prérogatives Maçonniques que Sa Majesté détenait à titre individuel ; et ce sont les Souverains de la Maçonnerie.

Le 20 Février 5788, fut ouvert dans cette Ville le Grand Conseil des Princes de Jérusalem auquel étaient présents le Frère J. Myers, I.G.D. pour la Caroline du Sud, le Frère B.M. Spitzer, I.G.D. pour la Géorgie, et le Frère A. Forst, I.G.D. pour la Virginie. Peu après l’ouverture du Conseil, une lettre fut adressée à Son Altesse Royale le Duc d’Orléans à ce propos sollicitant l’envoi de certains actes des archives de la société française ; dans sa réponse par l’entremise du Colonel Shee, son Secrétaire, il promit très aimablement de les transmettre ; mais malheureusement, les prémices de la révolution française empêchèrent cet envoi.

Le 2 Août 5795, le Frère Colonel John Mitchell, ci-devant Sous-Intendant Général des Armées des États-Unis, fut fait Inspecteur Général Délégué pour cet état par le Frère Spitzer par suite du départ de ce pays du Frère Myers.

L’action du Frère Mitchell fut limitée jusqu’après la mort du Frère Spitzer qui survint l année suivante. De nombreux Frères de degrés éminents étant arrivés de l’étranger, des Consistoires de Princes du Royal Secret se tinrent de temps à autre pour des initiations et pour d’autres propos.

Le 31 Mai 5801, le Suprême Conseil du 33e degré pour les États-Unis fut inauguré avec toutes les hautes personnalités de la Maçonnerie par les Frères John Mitchell et Frederick Dalcho, Souverains Grands Inspecteurs Généraux, et, dans le courant de la présente année, le nombre total de Grands Inspecteurs Généraux fut complété, conformément aux Grandes Constitutions.

Le 21 Janvier 5802, une charte de Constitution accorda le sceau du Grand Conseil des Princes de Jérusalem pour l’établissement d’une Loge de Maîtres Maçons de la Marque dans cette Ville.

Le 21 Février 5802 notre Illustre Frère le Comte Alexandre François Auguste De Grasse, Inspecteur Général Délégué fut nommé par le Suprême Conseil Grand Inspecteur Général et Grand Commandeur des Antilles françaises ; et notre Illustre Frère Jean-Baptiste Marie De La Hogue, Inspecteur Général Délégué, fut également reçu Grand Inspecteur Général et nommé Lieutenant Grand Commandeur des mêmes Iles.

Le 4 Décembre 5802, une charte de Constitution accorda le sceau du Grand Conseil des Princes de Jérusalem pour l’établissement d’une Grande Loge Sublime à Savannah, Géorgie.

Les Dénominations des Degrés Maçonniques sont comme suit, à savoir :

1e Degré Apprenti Admis

2e Compagnon

3e Maître Maçon, conférés par la Loge Symbolique

4e Maître Secret

5e Maître Parfait

6e Secrétaire Intime

7e Prévôt et Juge

8e Intendant des Bâtiments

9e Maître Élu des Neuf, conférés par la G. Loge Sublime

10e Illustre Élu des Quinze

11e le Sublime Chevalier Élu

12e Grand Maître Architecte

13e Royal-Arche

14e Perfection

15e Chevalier d’Orient, conférés par les Princes de Jérusalem, qui forment un Conseil Souverain

16e Prince de Jérusalem

17e Chevalier d’Orient et d’Occident

18e Souverain Prince de Rose-Croix d’Hérodom

19e Grand Pontife

20e Grand Maître de toutes les Loges Symboliques

21e Patriarche Noachite ou Chevalier Prussien

22e Prince du Liban

23e Chef du Tabernacle,

24e Prince du Tabernacle, conférés par le Conseil des Grands Inspecteurs qui sont Souverains de la Maçonnerie.

25e Prince de Merci,

26e Chevalier du Serpent d’Airain

27e Commandeur du Temple

28e Chevalier du Soleil

29e K H

30 31 32e Prince du Royal Secret, Prince des Maçons, conférés par le Conseil des Grands Inspecteurs qui sont Souverains de la Maçonnerie

33e Souverains Grands Inspecteurs Généraux, Officiers nommés à vie.

Outre ces degrés, qui se succèdent régulièrement, la plupart des Inspecteurs possèdent un certain nombre de degrés séparés, conférés dans diverses parties du monde et qu’ils communiquent en général, sans frais, aux Frères qui ont l’élévation suffisante pour les comprendre. Ainsi les Maçons Choisis des 27 et le Royal-Arche, conférés sous l’égide de la Constitution de Dublin. Six degrés de la Maçonnerie D’Adoption, Compagnon Écossais, Le Maître Écossais & Le Grand Maître Écossais, &c., faisant en tout 52 degrés.

La Commission soumet respectueusement à la réflexion du Conseil le rapport ci-dessus sur les principes et l’établissement des degrés Sublimes en Caroline du Sud, extraits des archives de la Société. Elle ne saurait, toutefois, conclure sans exprimer ses voeux ardents de prospérité et de dignité aux Institutions que préside ce Suprême Conseil ; et elle se flatte que, si des Frères des degrés Bleus ont pu avoir des impressions défavorables par méconnaissance des principes et pratiques de la Maçonnerie Sublime, cela sera aboli, et que l’harmonie et l’affection seront l’heureux ciment de la société universelle des Francs Maçons Acceptés. Que, de même que tous aspirent à l’amélioration de la condition générale de l’humanité par la pratique de la vertu et l’exercice de la liberté, de même la Commission souhaite sincèrement qu’il soit mis fin aux petits différends qui ont pu naître, à l’occasion de formalités insignifiantes entre Anciens et Modernes, pour faire place aux principes originels de l’ordre qui sont les nobles remparts de la société : l’universelle bonté et l’amour fraternel ; et que la vaste confrérie des Francs Maçons sur l’ensemble des deux Hémisphères ne forme qu’un seul lien de Fraternité. « Voyez comme il est bon et agréable pour des Frères de cohabiter dans l’unité. »

La Commission salue respectueusement votre Suprême Conseil par les Nombres Sacrés.

Charleston, Caroline du Sud, ce 10e jour du 8e Mois appelé Chisleu 55v3′ année de VL. 5802, le 4e jour de Décembre 1802 de l’Ère chrétienne.

FREDERICK DALCHO, K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e et Lieutenant Grand Commandeur des États-Unis d’Amérique.

ISAAC AULD, K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e.

E. DE LA MOTTA, K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e et Illustre Trésorier du S. Empire.

Le rapport ci-dessus a été pris en considération et le Conseil exprimé sa satisfaction en lui accordant sa totale approbation. Après quoi, le Conseil a décidé que ledit rapport soit imprimé et transmis à toutes les Grandes Loges Sublimes et à toutes les Grandes Loges Symboliques répandues sur les deux Hémisphères.

Signé JOHN MITCHELL K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e et Grand Commandeur des États-Unis d’Amérique.

Extrait fidèle des délibérations du Conseil.

Signé Ab. ALEXANDER K.H – P.R.S. Souverain Grand Inspecteur Général du 33e, Grand Inspecteur Général du 33e et Illustre Secrétaire du Saint-Empire.

DEUS MEUMQUE JUS

 

Introduction à la version Latine des Constitutions de 1786

UNIVERSI TERRARUM ORBIS SUMMI ARCHITECTONIS

GLORIA

AB INGENIIS

NOUVEAUX INSTITUTS SECRETS

ET BASES FONDAMENTALES

de la très ancienne et très Respectable Société des Anciens Francs-Maçons Unis, connue sous le nom d’Ordre Royal et Militaire de l’art libre de tailler la pierre.

NOUS, FREDERIC, par la grâce de Dieu, Roi de Prusse, Margrave de Brandebourg, etc., etc., etc. :

Souverain Grand Protecteur, Grand Commandeur, Grand Maître Universel et Conservateur de la très ancienne et très respectable Société des Anciens Francs-Maçons ou Architectes Unis, autrement appelée l’ORDRE Royal et Militaire de l’Art Libre de Tailler la Pierre ou Franche-Maçonnerie

A TOUS LES ILLUSTRES ET BIEN-AIMES FRERES QUI CES PRESENTES VERRONT

Tolérance, Union, Prospérité.

Il est évident et incontestable que, fidèle aux importantes obligations que nous nous sommes imposées en acceptant le protectorat de la très ancienne et très respectable Institution connue de nos jours sous le nom de  » Société de l’Art Libre de tailler la pierre  » ou  » ORDRE DES ANCIENS FRANCS-MAÇONS UNIS  » nous nous sommes appliqué, comme chacun sait, à l’entourer de notre sollicitude particulière.

Cette Institution universelle, dont l’origine remonte au berceau de la société humaine, est pure dans son Dogme et sa Doctrine : elle est sage, prudente et morale dans ses enseignements, sa pratique, ses desseins et ses moyens : elle se recommande surtout par son but philosophique, social et humanitaire. Cette société a pour objet l’Union, le Bonheur, le Progrès et le Bien Etre de la famille humaine en général et de chaque homme individuellement. Elle doit donc travailler avec confiance et énergie et faire des efforts incessants pour atteindre ce but, le seul qu’elle reconnaisse comme digne d’elle.

Mais, dans la suite des temps, la composition des organes de la Maçonnerie et l’unité de son gouvernement primitif ont subi de graves atteintes, causées par les grands bouleversements et les révolutions qui, en changeant la face du monde ou en soumettant à des vicissitudes continuelles, ont, à différentes époques, soit dans l’antiquité, soit de nos jours, dispersé les anciens Maçons sur toute la surface du globe. Cette dispersion a donné naissance à des systèmes hétérogènes qui existent aujourd’hui sous le nom de RITES et dont l’ensemble compose l’ORDRE.

Cependant, d’autres divisions, nées des premières, ont donné lieu à l’organisation de nouvelles sociétés : la plupart de celles-ci n’ont rien de commun avec l’Art Libre de la Franche-Maçonnerie, sauf le nom de quelques formules conservées par les fondateurs, pour mieux cacher leurs desseins secrets – desseins souvent trop exclusifs, quelquefois dangereux et presque toujours contraires aux principes et aux sublimes doctrines de la Franche-Maçonnerie, tel que nous les avons reçus de la tradition.

Les dissensions bien connues que ces nouvelles associations ont suscitées dans l’ORDRE et qu’elles y ont trop longtemps fomentées, ont éveillé les soupçons et la méfiance de presque tous les Princes dont quelques-uns l’ont même persécuté cruellement.

Des Maçons, d’un mérite éminent, ont enfin réussi à apaiser ces dissensions et tous ont, depuis longtemps, exprimé le désir qu’elles fussent l’objet d’une délibération générale afin d’aviser aux moyens d’en empêcher le retour et d’assurer le maintien de l’ORDRE, en rétablissant l’unité dans son gouvernement et dans la composition primitive de ses organes, ainsi que son antique discipline.

Tout en partageant ce désir que nous-même avons éprouvé depuis le jour où nous avons été complètement initié aux mystères de la Franche-Maçonnerie, nous n’avons pu, cependant, nous dissimuler ni le nombre, ni la nature, ni la grandeur réelle des obstacles que nous aurions à surmonter pour accomplir ce désir. Notre premier soin a été de consulter les membres les plus sages et les plus éminents de l’Ordre dans tous les pays sur les mesures les plus convenables à adopter pour atteindre un but si utile, en respectant les idées, de chacun, sans faire violence à la juste indépendance des Maçons et surtout à la liberté d’opinion qui est la première et la plus sacrée de toutes les libertés et en même temps la plus prompte à prendre ombrage.

Jusqu’à présent les devoirs qui nous étaient plus particulièrement imposés comme Roi, les évènements nombreux et importants qui ont signalé notre règne ont paralysé nos bonnes intentions et nous ont détourné du but que nous nous étions proposé. C’est désormais au temps, ainsi qu’à la sagesse, à l’instruction et au zèle des frères qui viendront après nous qu’il appartiendra d’accomplir et de perfectionner une oeuvre si grande et si belle, si juste et si nécessaire. C’est à eux que nous léguons cette tâche, et nous leur recommandons d’y travailler sans cesse, mais patiemment et avec précaution.

Toutefois, de nouvelles et pressantes représentations qui, de toutes parts, nous ont été adressées, dans ces derniers temps, nous ont convaincu de la nécessité d’opposer immédiatement une barrière puissante à l’esprit d’intolérance, de secte, de schisme et d’anarchie que des novateurs cherchent aujourd’hui à introduire parmi les frères. Leurs desseins ont plus ou moins de portée et sont ou imprudents, ou répréhensibles : présentés sous de fausses couleurs, ces desseins, en changeant la nature de l’Art libre de la Franche-Maçonnerie, tendent à la détourner de son but, et doivent nécessairement causer la déconsidération et la ruine de l’ORDRE. En présence de tout ce qui se passe dans les royaumes voisins, nous reconnaissons qu’une intervention de notre part est devenue indispensable.

Ces raisons et d’autres causes non moins graves nous imposent donc le devoir d’assembler et de réunir en un seul corps de Maçonnerie tous les RITES du Régime ECOSSAIS dont les doctrines sont, de l’aveu de tous, à peu près les mêmes que celles des anciennes Institutions qui tendent au même but, et qui, n’étant que les branches principales d’un seul et même arbre, ne diffèrent entr’elles que par des formules, maintenant connues de plusieurs, et qu’il est facile de concilier. Ces RITES sont ceux connus sous les noms de Rit Ancien, d’Hérédom ou d’Hairdom, de l’Orient de Kilwinning, de Saint-André, des Empereurs d’Orient et d’Occident, des Princes du Royal Secret ou de Perfection, de Rit Philosophique et enfin de Rit Primitif, le plus récent de tous.

Adoptant, en conséquence, comme base de notre réforme salutaire, le titre du premier de ces Rites et le nombre des Degrés de la hiérarchie du dernier, nous les DÉCLARONS maintenant et à jamais réunis en un seul ORDRE, qui, professant le Dogme et les pures Doctrines de l’antique Franche-Maçonnerie, embrasse tous les systèmes du Rit Écossais sous le nom de RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE.

La doctrine sera communiquée aux Maçons en trente-trois Degrés, divisés en sept Temples ou Classes. Tout Maçon sera tenu de parcourir successivement chacun de ces Degrés, avant d’arriver au plus sublime et dernier ; et à chaque Degré, il devra subir tels délais et telles épreuves qui lui seront imposés conformément aux Instituts, Decrets et Réglemens anciens et nouveaux de l’ORDRE, ainsi qu’à ceux du Rit de Perfection.

Le premier Degré sera conféré avant le deuxième, celui-ci avant le troisième et ainsi de suite jusqu’au Degré Sublime – le trente-troisième et dernier – qui surveillera, dirigera et gouvernera tous les autres. Un corps ou Réunion de membres possédant ce Degré formera un SUPREME GRAND CONSEIL, dépositaire du Dogme ; il sera le Défenseur et le Conservateur de l’ORDRE qu’il gouvernera et administrera conformément aux présentes et aux Constitutions ci-après décrétées.

Tous les Degrés des Rites réunis, comme il est dit ci-dessus, du premier au dix-huitième, seront classés parmi les Degrés du Rit de Perfection dans leur ordre respectif et d’après l’analogie et la similitude qui existent entr’eux ils formeront les dix-huit premier Degrés du RIT ECOSSAIS ANCIEN ACCEPTE ; le dix-neuvième Degré, et le vingt-troisième Degré du Rit Primitif formeront le vingtième Degré de l’ORDRE. Le vingtième et le vingt-troisième Degré du Rit de Perfection, soit le seizième et le vingt-quatrième Degré du Rit Primitif formeront le vingt-unième et le vingt-huitième Degré de l’ORDRE. LES PRINCES DU ROYAL SECRET occuperont le trente-deuxième Degré, immédiatement au-dessous des SOUVERAINS GRANDS INSPECTEURS GENERAUX dont le Degré sera le trente-troisième et dernier de l’ORDRE. Le trente-unième Degré sera celui des Souverains-Juges-Commandeurs. Les Grands Commandeurs, Grands Elus Chevaliers Kadosch prendront le trentième Degré. Les Chefs du Tabernacle, les Princes du Tabernacle, les Chevaliers du Serpent d’Airain, les Princes de Merci, les Grands Commandeurs du Temple et les Grands Écossais de Saint-André composeront respectivement le vingt-troisième, le vingt-quatrième, le vingt-cinquième, le vingt-sixième, le vingt-septième et le vingt-neuvième Degré.

Tous les Sublimes Degrés de ces mêmes Systèmes Écossais réunis seront, d’après leur analogie ou leur identité, distribués dans les classes de leur Ordre qui correspondent au régime du RIT ÉCOSSAIS ANCIEN ACCEPTE.

Mais jamais et sous quelque prétexte que ce soit, aucun de ces sublimes Degrés ne pourra être assimilé au trente-troisième et très Sublime Degré de SOUVERAIN GRAND INSPECTEUR GÉNÉRAL, PROTECTEUR ET CONSERVATEUR DE L’ORDRE, qui est le dernier du RIT ANCIEN ACCEPTE ÉCOSSAIS et, dans aucun cas, nul ne pourra jouir des mêmes droits, prérogatives, privilèges ou pouvoirs dont nous investissons ces Inspecteurs.

Ainsi nous leur conférons la plénitude de la puissance suprême et conservatrice.

Et, afin que la présente ordonnance soit fidèlement et à jamais observée, nous commandons à nos Chers, Vaillants et Sublimes Chevaliers et Princes Maçons de veiller à son exécution.

DONNE en notre Palais à Berlin, le jour des Calendes premier – de Mai, l’an de Grâce 1786, et de notre Règne le 47e.

Signé  » FREDERIC « .

 

Bibliographie

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