Un Frère de renom écrivait récemment sur l’Alliance Fraternelle que le jour où toutes les obédiences régulières en France s’uniront, le problème des relations internationales et de leur reconnaissance sera définitivement réglé.

Je partage son point de vue. Ayant été membre de plusieurs obédiences régulières, reconnues ou pas, j’avoue avoir toujours été étonné qu’un Frère de la GLDF ne puisse visiter une Loge de la GLNF, qu’un Frère de la GLNF ne puisse visiter une loge de la GLTSO, qu’un Frère de la GLTSO ne puisse visiter une loge des Grandes Loges Unies d’Allemagne etc…

Qu’attendent nos dirigeants pour fonder la première confédération des obédiences traditionnelles de France ? Nos Grands Maîtres auraient ils peur ? C’est une question sous jacente qui revient régulièrement dans les forums. Mais peur de quoi ? Que des obédiences traditionnelles n’aient plus que des relations administratives avec les obédiences franchement libérales, serait-ce étonnant ?

Il y a là un problème de fond qui concerne les principes maçonniques eux-mêmes. En France il existe 3 groupes d’obédiences.

  • Il y a les obédiences libérales dont le Grand Orient de France est le chef de file. Ces obédiences ont pour principe de pouvoir parler de tout en Loge – philosophie, spiritualité mais généralement société, économie, religion, politique -, également d’utiliser des rituels parfois peu conventionnels. Les principales obédiences de cette catégorie sont le Grand Orient, également la Grande Loge Mixte de France, la Grande Loge Féminine de France et le Droit Humain pour ne citer que les principales. Elles ont également pour principe ce qu’elles appellent une « absolue liberté de conscience » ce qui signifie qu’elles n’imposent aucune conception spirituelle à leurs membres.

  • Parallèlement aux obédiences libérales il y a les obédiences dites « régulières ». Ces obédiences pratiquent les règles internationales Maçonniques en vigueur, qu’elles soient celles d’Anderson, ou de Dermott. Elles recommandent la croyance en un Principe Créateur (généralement Dieu), la masculinité, l’interdiction de parler politique et religion, l’indépendance et souveraineté de la Grande Loge etc… Parmi ces obédiences nous pouvons citer la Grande Loge de France, la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française, la Grande Loge Indépendante de France et la Grande Loge Nationale Française.

  • Entre les 2 gros pôles existe celui, plus discret, des obédiences traditionnelles. Elles ne parlent ni politique ni religion mais sont parfois ouvertes aux Soeurs (pas toutes) et demandent la croyance en un principe créateur. Elles sont souvent monorites et leurs dirigeants sont soumis à ceux des « hauts grades » (fonctionnement en système ou régime). Leurs travaux sont d’un réel sérieux. Dans ce groupe nous trouvons la Grande Loge Symbolique de France, l’Ordre Initiatique et Traditionnel de l’Art Royal, le Grand Prieuré des Gaules et la Grande Loge Ecossaise Réformée et Rectifiée d’Occitanie.

Certaines obédiences ont des accords de reconnaissance au delà des groupes, ce qui permet par exemple à un Frère du GODF de visiter des loges de la GLDF, des Frères de la GLDF de librement visiter des loges de la GLFF. Alors, certains puristes nous diront que les accords n’existent pas toujours. C’est vrai et les faits sont là.

Alors qu’est ce qui bloque la confédération des Grandes Loges Régulières de France de voir le jour ? Le fait qu’un jour un Frère athée du GODF ne puisse plus visiter une loge Rectifiée de la GLTSO ? Le fait qu’un Frère de la GLDF ne puisse plus visiter la loge de son épouse à la GLFF ? Tout cela à la fois ?

N’est ce alors pas mettre les intérêts individuels et personnels au dessus des intérêts de l’Ordre Maçonnique ?

On me répondra que non car la Fraternité est prioritaire. Mais au nom de cette même Fraternité les Soeurs de la GLFF ne peuvent visiter les obédiences régulières. Nous sommes alors dans une impasse car nous constatons que la logique n’est pas suivie jusqu’au bout. Certaines relations obédientielles sont unilatérales, comme si il y avait une hiérarchie dans les obédiences.

Au nom de la Fraternité (mot derrière lequel on se réfugie souvent pour faire passer en force une idée… C’est un peu le point godwin des Francs-Maçons, on arrive facilement au fameux « Ce n’est pas fraternel » qui veut dire par celui qui prononce cette phrase qu’il est dans son bon droit, logique et irréfutable et qu’on ne peut le contredire.) doit on tolérer l’isolement international de plusieurs obédiences maçonniques ?

Y aurait il donc quelque chose d’infamant, de honteux à avoir en France une confédération des Grandes Loges Régulières qui, à n’en pas douter, serait immédiatement reconnue à l’international ? Et pourquoi la GLNF ne se joindrait pas à elles ? Il me semble que l’intérêt supérieur de l’Ordre Maçonnique devrait être prioritaire, devant les honneurs des fonctions et les intérêts individuels, personnels voire obédientiels.

Alors oui, je fais partie des nombreux maçons qui rêvent d’une confédération régulière en France, qui permettrait de rétablir au nom de l’Ordre des liens réels entre obédiences qui ont une même pratique voire une même origine.

Aussi, je me prends à rêver…