Le Régime Ecossais Rectifié
Le Régime Écossais Rectifié est un rite maçonnique chrétien et chevaleresque, qui cherche à concilier la tradition maçonnique avec les idéaux spirituels du christianisme. Créé par Jean-Baptiste Willermoz au XVIIIe siècle, il repose sur une quête de rédemption et de perfection intérieure, marquée par la bienfaisance et un idéal chevaleresque. Ce rite, tout en restant minoritaire, offre un parcours initiatique profondément spirituel à ses membres, ancré dans une tradition ésotérique chrétienne.

Portrait connu de Jean-Baptiste Willermoz, le réformateur du Régime Ecossais Rectifié.
Le Régime Écossais Rectifié (RER) est un rite maçonnique à forte dimension spirituelle et chrétienne, né à la fin du XVIIIe siècle en France et en Suisse. Il se distingue des autres rites par son accent sur la chevalerie chrétienne et sa quête de réconciliation entre la franc-maçonnerie et les valeurs spirituelles et morales du christianisme. Le RER s’inspire de plusieurs courants mystiques et ésotériques, notamment de la Stricte Observance Templière, mais il se caractérise par une nette épuration de certains mythes et une orientation plus introspective.
Histoire du Régime Écossais Rectifié
Le Rite Écossais Rectifié (RER) est une rite très inspiré de la chevalerie templière. Il est né en 1778 à Lyon en France à l’occasion du “Convent des Gaules”. On trouve à son origine le rite Allemand dit de la “Stricte Observance Templière”. Il contenait à l’origine quatre degrés symboliques : apprenti, compagnon, maître et maître écossais, un Ordre intérieur chevaleresque en 2 étapes écuyer-novice et chevalier bienfaisant de la Cité Sainte, une classe “secrète” : Profès et Grands Profès.
Les rituels du Rite ont été principalement écrits par Jean-Baptiste Willermoz. Le rite disparut peu après la Révolution Française. Plusieurs tentatives furent entreprises pour le réveiller. Des Grands Prieurés qui avaient été créés pour l’administrer, seul subsista le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie.
En 1910, le Grand Prieuré d’Helvétie aida des Frères à créer sur le sol Français une Loge travaillant au Rite Écossais Rectifié. C’est ainsi que fut fondée à Paris la Loge de Saint André “Le Centre des Amis”. En 1911, la loge symbolique “le Centre des Amis” fut allumée sous les auspices du Grand Orient de France.
L’aspect profondément Chrétien du Rite Écossais Rectifié fut controversé par de nombreux membres du Grand Orient de France. La Loge “le Centre des Amis” fut contrainte à quitter le Grand Orient pour s’ériger en “Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et ses Colonies” (actuelle GLNF) en 1913.
Le Grand Prieuré des Gaules (GPDG), organisme inter obédientiel chargé d’administrer le Rite Écossais Rectifié, fut créé en France en 1935 par le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie. Une Grande Loge Rectifiée dépendant directement du GPDG fut également créée. Cette Grande Loge pratiquait le RER dans son acceptation la plus complète, à savoir que ses Loges Bleues comprenaient les 4 degrés symboliques du RER : Apprenti, Compagnon, Maître et Maître Écossais de St André. Des Frères de la Grande Loge Rectifiée, de la Grande Loge de France et de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière s’y retrouvaient pour pratiquer le RER.
En 1958, le Grand Prieuré fût contraint de se rattacher à la Grande Loge Nationale Française. Les Loges de la Grande Loge Rectifiée furent absorbées par la GLNF. Des Loges de St André furent créées pour les Frères possédant le 4e degré symbolique. Le rôle du Grand Prieuré des Gaules fut dès lors limité à l’administration du Rite à partir du 4e degré. Les Frères du GPDG appartenant à d’autres obédiences durent créer un autre Grand Prieuré (ainsi qu’une nouvelle obédience : la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique – Opéra) .
Le Grand Prieuré des Gaules n’a jamais vraiment admis les contraintes imposées par la GLNF. Il chercha petit à petit à reprendre le contrôle des Loges symboliques rectifiées de la GLNF.
En mai 2000, le Grand Prieuré des Gaules se détacha de la GLNF afin de redonner au RER ses lettres de noblesse. Nombre de Frères fidèles au RER suivirent le GPDG (environ 50 Loges). Depuis, la GLNF a interdit à ses membres pratiquant le RER de fréquenter le GPDG.
Le Grand Prieuré des Gaules est aujourd’hui complètement indépendant et autonome. Un Directoire National des Loges du Rite Écossais Rectifié (DNLRER) administre ses Loges bleues en 4 grades. Il existe en France plusieurs Grands Prieurés masculins régissant le Rite. Ils sont tous nés du Grand Prieuré des Gaules. Ils sont :
1.Le Grand Prieuré Indépendant de France (celui du Grand Orient de France)
2.Le Grand Prieuré de France (celui de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra)
3.Les Grands Prieurés Unis des Trois Provinces (recrutant principalement à la Loge Nationale Française)
4.Le Grand Prieuré Écossais Réformé et Rectifié d’Occitanie (et la Grande Loge Écossaise Réformée et Rectifiée d’Occitanie)
5.Le Grand Prieuré des Gaules (et son Directoire National des Loges Réunies et Rectifiées)
6.Le Directoire National Rectifié de France
Le 6 décembre 2008, en la salle du conclave du Palais d’Avignon, les 4 premiers de cette liste ont signé un protocole ainsi qu’une charte de référence commune dans la pratique de ce rite. Il nous est permis d’espérer voir la réunification des différents Grands Prieurés sur le territoire Français, tel que cela était avant 1958.
Il est important de noter que ce rite s’est également diffusé au sein de la Grande Loge Féminine de France qui possède désormais, depuis 2008, son Grand Prieuré : Le Grand Prieuré Féminin de France. Ce Grand Prieuré entretient d’excellentes relations avec ses homologues masculins cités plus haut.
En 2011, le Grand Prieuré des Gaules se rapproche des signataires du Convent d’Avignon en signant des traités formels avec plusieurs d’entre eux. Ce groupe de grands prieurés peut être considéré comme le seul qui, de par son histoire et ses filières de transmission soit légitime en France.
En 2012, un schisme important au sein du GPDG et du Grand Prieuré Indépendant de France ; des CBCS et MX s’en détachent et recréent le Directoire National Rectifié de France qui s’engage dans une pratique orthodoxe du régime.
D’autres structures, plus récentes, sont nées de schismes ou de scissions.
Jean-Baptiste Willermoz, Louis-Claude de Saint-Martin et Martinez de Pasquali sont considérés comme les “Pères Spirituels” du Rite. Pour en faire partie, il faut être Chrétien ou accepter sans réserve son caractère chrétien.
Caractéristiques du Régime Écossais Rectifié
Le Régime Écossais Rectifié est marqué par un retour aux valeurs spirituelles et morales du christianisme, en particulier de la chevalerie chrétienne. Voici les principales caractéristiques de ce rite :
Une dimension chrétienne affirmée : Contrairement à d’autres rites maçonniques qui se contentent de symbolismes universels ou ésotériques, le RER est explicitement chrétien. Il s’appuie sur une vision spirituelle de l’homme, de sa chute, de sa rédemption et de sa quête de perfection intérieure.
Une doctrine mystique et ésotérique : Willermoz s’inspira des enseignements de Martinès de Pasqually et de la doctrine de la réintégration. Cette doctrine soutient que l’homme, déchu depuis le péché originel, doit suivre un chemin de rédemption et de réintégration vers la pureté originelle, en harmonie avec Dieu.
Un ordre chevaleresque avec des grades maçonniques : Le RER intègre un idéal chevaleresque fort, qui se traduit dans ses degrés supérieurs. Il voit la franc-maçonnerie comme une continuation des valeurs de la chevalerie chrétienne, ce qui est particulièrement visible dans les degrés de la Chevalerie Bienfaisante de la Cité Sainte (CBCS), l’un des aspects centraux de ce rite.
Une rupture avec le mythe templier : Bien que le RER conserve une dimension chevaleresque, il s’éloigne des excès mythologiques de la Stricte Observance Templière. Il ne prétend pas à une filiation directe avec les Templiers, mais en conserve l’esprit moral et spirituel.
Les grades du Régime Écossais Rectifié
Le RER se compose de plusieurs degrés, structurés en deux grands ensembles : les degrés symboliques (ou grades bleus) et les degrés chevaleresques. Ils sont articulés ainsi :
En loge symbolique
- Apprenti
- Compagnon
- Maître Maçon
En loge écossaise
- Maître Écossais de Saint-André,
En commanderie et préfecture
- Écuyer Novice (grade temporaire)
- Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (CBCS).
En collège métropolitain ou collège particulier
Il existe une classe dite “non ostensible” qui comprend les grades de :
- Profès
- Grand Profès
Ces 2 grades ont souvent et improprement été qualifiés de grades sacerdotaux ; c’est une interprétation due à l’influence de la variante “Ambelain” de ces grades. Robert Ambelain ayant effectivement souhaité donner une teinte occultisme et très mystique à ces grades, il les a réécrit.
Les grades originaux liés au Collège Métropolitain sont cependant dédiés à l’étude de la doctrine du Rite, fortement influencée par celle de Martinès de Pasqually.
Les trois premiers grades sont les degrés symboliques classiques que l’on retrouve dans la majorité des rites maçonniques. Le quatrième grade, celui de Maître Écossais de Saint-André, fait la transition vers les hauts grades chevaleresques. Il est admis que les habits de ce grade soient portés en loge symbolique. Le sixième grade, celui de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte, est l’apogée du cheminement maçonnique ; il incarne l’idéal du chevalier chrétien, investi d’une mission de bienfaisance et de moralité.
Le Régime Écossais Rectifié est aujourd’hui pratiqué par plusieurs obédiences maçonniques en France et à l’étranger, notamment par la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, le Grand Prieuré des Gaules, la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française et la Grande Loge Nationale Française. Sa spécificité chrétienne en fait un rite moins universel que d’autres systèmes maçonniques comme le Rite Écossais Ancien et Accepté ou le Rite Français, mais il attire les maçons en quête d’une démarche spirituelle et religieuse clairement affirmée.
Le RER met l’accent sur l’élévation morale et la charité, la quête de la rédemption et la réintégration de l’homme dans sa condition originelle, conformément à la doctrine mystique de Willermoz et de Martinès de Pasqually.

Tablier de Maître Maçon du Régime Écossais Rectifié © Scribe.

Tablier de Maître Écossais de Saint André © Gants-blancs