Editoriaux
Les livres sont les amis des Francs-Maçons. En fait, ils nous aident à comprendre nos origines, notre histoire et bien sûr, nos grades et les symboles s’y rapportant.
Trois ouvrages ont récemment retenu notre attention.
Le premier, le plus ancien par ordre de parution est celui de Guy Chassagnard, auteur prolifique du Rite Ecossais Ancien et Accepté. Il nous gratifie d’un recueil qui devrait être dans les bibliothèques de tous maçons qui s’intéressent à l’histoire de notre Ordre. Il a remis à jour les Acta Latumorum de Claude Antoine Thory jusqu’à la date du 12 novembre 2008. Nous espérons que celle du 6 décembre de la même année figurera dans sa mise à jour. C’est un travail monumental que Guy a réalisé. Plus que ses autres ouvrages, celui ci mérite une attention toute particulière pour les extraits et documents auxquels il se réfère. Pour plus d’informations, cliquez ici.
Le second est celui d’un auteur que l’on ne présente plus, à savoir Pierre Mollier. Pierre, connu pour son érudition et sa culture historique maçonnique, publie chez “à l’Orient” un ouvrage dédié au premier Empire en se focalisant plus spécialement sur les dirigeants du Grand Orient de France sous l’Empire et les relations presque familiales qu’il avait avec la famille impériale et l’entourage proche de l’Empereur. Pierre nous a habitué aux beaux livres, à ceux que l’on regarde à la fois pour le plaisir de l’esprit et celui des yeux. Celui ci n’y fait pas exception. Cliquez ici pour en savoir plus.
Le troisième est celui d’un passionné, d’un amoureux de son rite; il s’agit de Roland Bermann qui nous offre le livre que tous les Compagnons du Rite Ecossais Rectifié devraient posséder et intégrer pour leur propre compréhension du Rite. Roland nous avait déjà honoré d’un ouvrage sur le symbolisme du Maître Ecossais de St André. Il récidive ici en nous proposant une lecture fouillée et approfondie du deuxième grade du Rite Ecossais Rectifié. Le Grade de Compagnon est généralement un grade malaimé, charnière, incompris. Roland ici lève un coin du voile sans le déchirer et oriente le lecteur sur sa richesse symbolique et ésotérique. Pour en savoir plus, cliquez ici.
Bonnes lectures
Laurent
Dossier Templiers et Franc-Maçonnerie

L’Ordre des chevaliers du Temple était un ordre militaire et monastique formé à la fin de la première Croisade avec pour mission de protéger les pèlerins sur l’itinéraire menant à la terre sainte. Jamais avant il n’y eu de groupe de chevaliers séculiers qui eut prononcé les vœux monastiques. En ce sens ils furent les premiers moines-soldats. L’Ordre Templier a combattu aux côtés du Roi Richard I (dit « Cœur-de-Lion ») et d’autres croisés dans différentes batailles en Terre Sainte.
Les débuts de l’Ordre ont été empreints d’humilité et de pauvreté. Il subsistait grâce aux dons faits par les pèlerins qu’il croisait sur les chemins. L’Ordre a ainsi obtenu le support du Saint-siège et de plusieurs monarchies européennes.
En deux siècles de temps les Templiers étaient devenus assez puissants pour défier quiconque sauf le trône Papal. Craints comme guerriers, respectés pour leur charité et convoités pour leur richesse, il ne fait aucun doute que les chevaliers du Temple étaient les principaux acteurs des ordres monastiques et militaires. En raison de leurs vastes richesses et de l’étendue des territoires qu’ils contrôlaient, ils inventèrent les opérations bancaires, notamment la lettre de change qui permettait aux pèlerins de se déplacer sans argent sur eux.
Ils ont été détruits, peut-être en raison de leur richesse ou par crainte de leur puissance apparemment sans limite, qui faisait de l’Ordre l’égal des Rois. De 1307 à 1314, le Roi de France et le Pape s’en sont pris aux « pauvres soldats du Christ et du temple de Salomon » qui a cessé d’exister, au moins officiellement.
Bien qu’à l’origine l’Ordre fut un petit groupe de neuf chevaliers, sa renommée n’a cessé de croître en grande partie grâce au support de Bernard de Clairvaux et à son « Eloge de la nouvelle chevalerie « . Bernard à ce moment-là fut souvent surnommé « deuxième pape ». Il était le porte-parole en chef de la chrétienté. Il avait également la responsabilité d’aider à élaborer les règles et conduites de l’ordre.
Dans les cercles politiques européens, les Templiers sont devenus très puissants et influents. Ils furent protégés de toute autorité sauf de celle du Pape. (Décret du Pape Innocent II). Après les croisades, les chevaliers sont retournés à leurs Chapitres partout en Europe et sont devenus des prêteurs sur gages notoires pour les Monarques.
Les réunions et les rituels secrets des chevaliers du Temple ont par la suite favorisé leur chute. Le roi de la France, Philippe le Bel les a utilisé comme prétextes pour détruire l’Ordre. La vraie raison étant qu’il s’était senti menacé par leur puissance et leur immunité. En 1307, le Roi de France Philippe, ayant désespérément besoin de fonds pour soutenir sa guerre contre Edouard Roi d’Angleterre, entrepris son action contre les Templiers.
Le vendredi 13 octobre 1307, le Roi Philippe a fait arrêter tout les Templiers pour hérésie, seul charge qui permettait le blocage de l’argent et du patrimoine des accusés. Les Templiers furent torturés. Afin d’abréger leurs souffrances, ils avouèrent les pires crimes tels que :
- Piétiner et cracher sur la croix
- Homosexualité et sodomie
- Adorer le Baphomet
Le Roi Philippe IV avait réussi dans son entreprise pour se débarrasser des Templiers, de leur puissance et de leur richesse. Il invita les autres Rois de la Chrétienté à faire de même. Le 19 mars 1314, le dernier Grand Maître des chevaliers du Temple, Jacques de Molay fut brûlé sur l’île aux Juifs, à proximité de l’île de la Cité à Paris. On dit que sur le bûcher, De Molay maudit le Roi Philippe et le Pape Clément V, assurant à ces deux hommes qu’ils le rejoindraient dans l’année. Le fait est que le Pape Clément V mourut un mois plus tard et Philippe IV dit le Bel sept mois après.
La Légende veut que Pierre d’Aumont, alors Grand Maître de la Province d’Auvergne de l’Ordre du Temple, réunit des Templiers qui n’étaient pas emprisonnés. Ils s’habillèrent en Maçons et fuirent vers l’Écosse où ils rejoignirent d’autres Templiers. Hébergés par le Roi Robert de Bruce, ils perpétuèrent l’Ordre du Temple. En 1314 ils aidèrent le Roi d’Écosse à remporter la bataille de Bannockburn et gagnèrent ainsi son estime. Il fonda pour eux l’Ordre de Saint André du Chardon. Cet Ordre se déplaça à Aberdeen, puis à Kilwinning où fut fondée vers 1599 la première loge Maçonnique dite Écossaise (il est fait mention de l’existence de cette loge dans la seconde édition des Statuts Shaw du 28 décembre 1599).
Dans la Franc-Maçonnerie d’aujourd’hui, le Rite Ecossais Rectifié affiche une filiation « spirituelle » avec l’Ordre du Temple notamment en son Ordre Intérieur (Ecuyer Novice et Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte). Le Rite Américain dit d’York possède également un grade de Chevalier du Temple.