Règle Maçonnique à l’Usage des Loges Réunies et Rectifiées (1782)

Arrêtée au Convent général de Wilbelmsbad, en 1782.

 

Quest. « Are Macoones gudder men then-odhers ? »
Answ » Some Maconnes are not so vertuous as some other menne ; but,
y’n the most parte, thay be more gude than they woulde yf thay war nor Maconnes »
Quest. « , Doth Maconnes love eidtber odther mightylye as beetb sayde !  »
Answ, « yea verylyjcbe, and that may not odherwise be :
for gude menne and treu, kennynge eidher oder to be suche,
doeth aiways love the more as thay be more gude. »

(Interrogatoire sur Le Mystère de la Maçonnerie sous Henri VI.)

 

PROLOGUE.

O toi qui viens d’être initié aux leçons de la sagesse ! fils de la vertu et de l’amitié ! prête à nos accents une oreille attentive, et que ton âme s’ouvre aux préceptes mêles de la vérité ! Nous t’enseignerons le chemin qui mène à la vie heureuse ; nous t’apprendrons à plaire à ton Auteur, et à développer avec énergie et succès tous les moyens que la Providence te confia, pour te rendre utile aux hommes, et goûter les charmes de la bienfaisance.

 

ARTICLE PREMIER.

Devoirs envers Dieu et la Religion.

§ 1er.- Ton premier hommage appartient à la Divinité. Adore l’Être plein de majesté, qui créa l’univers par un acte de sa volonté, qui le conserve par un effet de son action continue, qui remplit ton cœur, mais que ton esprit borné ne peut concevoir ni définir. Plains le triste délire de celui qui ferme les yeux à la lumière et se promène dans les ténèbres épaisses du hasard que ton cœur, attendri et reconnaissant des bienfaits paternels de ton Dieu, rejette avec mépris ces vains sophismes, qui prouvent ta dégradation de l’esprit humain, lorsqu’il s’éloigne de sa source. Élève souvent ton âme au-dessus des êtres matériels qui t’environnent, et jette un regard plein de désir dans les régions supérieures, qui sont ton héritage et ta vraie patrie. Fais à ce Dieu le sacrifice de ta volonté et de tes désirs ; rends-toi digne de ses influences vivifiantes, remplis les lois qu’il voulut que tu accomplisses comme homme dans ta carrière terrestre. Plaire à ton Dieu, voilà ton bonheur : être réuni à jamais à lui, voilà toute ton ambition, la boussole de tes actions.
§ II.- Mais, comment oserais-tu soutenir ses regards, être fragile ! qui transgresses à chaque instant ses lois et offenses sa sainteté, si sa bonté paternelle ne t’eût ménagé un réparateur infini ? Abandonné aux égarements de ta **** trouverais tu la certitude d’un avenir consolant ? Livré à la justice de ton Dieu, où serait ton refuge ? Rends donc grâce à ton Rédempteur ; prosterne toi devant le Verbe incarné, et bénis la Providence qui te fit naître parmi les Chrétiens. Professe en tous lieux la divine Religion de Christ, et ne rougis jamais de lui appartenir. L’Évangile est la base de nos obligations ; si tu n’y croyais pas, tu cesserais d’être Maçon. Annonce dans toutes tes actions une piété éclairée et active sans hypocrisie, sans fanatisme ; le Christianisme ne se borne pas à des vérités de spéculation : pratique tous les devoirs moraux qu’il enseigne, et tu seras heureux, tes contemporains te béniront, et tu paraîtras sans trouble devant le trône de l’Éternel.
§ III.- Surtout, pénètre-toi de ce principe de charité et d’amour, base de cette sainte Religion : plains l’erreur sans la haïr et sans la persécuter : laisse à Dieu seul le soin de juger, et contente-toi d’aimer et de tolérer. Maçons ! Enfants d’un même Dieu ! réunis par une croyance commune en notre divin Sauveur ! que ce lien d’amour nous unisse étroitement, et fasse disparaître tout préjugé contraire à notre concorde fraternelle !

 

ARTICLE II

Immortalité de l’âme.

§ 1er.- Homme ! Roi du monde ! chef-d’œuvre de la création lorsque Dieu l’anima de son souffle ! médite ta sublime destination. Tout ce qui végète autour de toi, et n’a qu une vie animale, périt avec le temps, et est soumis à son empire ton âme immortelle seule, émanée du sein de la Divinité, survit aux choses matérielles, et ne périra point. Voilà ton vrai titre de noblesse sens vivement ton bonheur, mais sans orgueil ; il perdit ta race, et te replongerait dans l’abîme. Être dégradé ! malgré ta grandeur primitive et relative, qu’es-tu devant l’Éternel ? Adore le dans la poussière, et sépare avec soin ce principe céleste et indestructible des alliages étrangers ; cultive ton âme immortelle et perfectible, et rends-ta susceptible d’être réunie à la source pure du bien, lorsqu’elle sera dégagée des vapeurs grossières de la matière. C’est ainsi que tu seras libre au milieu des fers ; heureux au sein même du malheur, inébranlable au plus fort des orages, et que tu mourras sans frayeur.
§ II.- Maçon ! si jamais tu pouvais douter de la nature immortelle de ton âme, et de ta haute destination, l’initiation serait sans fruit pour toi ; tu cesserais d’être le fils adoptif de ta sagesse, et ta serais confondu dans la foule des êtres matériels et profanes qui tâtonnent dans les ténèbres.

 

ARTICLE III.

Devoirs envers le Souverain et la Patrie.

§ 1er.- L’Être suprême confia d’une manière plus positive ses pouvoirs sur la terre au souverain ; respecte et chéris son autorité légitime sur le coin de la terre que tu habites ; ton premier hommage appartient à Dieu, le second à ta Patrie.
L’homme errant dans les bois sans culture et fuyant ses semblables, serait peu propre à remplir les vues de la Providence, et à saisir toute la masse du bonheur qui lui est réservé. Son être s’agrandit au milieu de ses semblables ; son esprit se fortifie par le choc des opinions : mais, une fois réuni en société, il aurait à combattre sans cesse l’intérêt personnel et les passions désordonnées ; et l’innocence bientôt succomberait sous la force ou sous la ruse. Il fallut donc des lois pour le guider, et des chefs pour les maintenir.
§ II.- Homme sensible ! tu révères tes parents : honore de même les pères de l’État, et prie pour leur conservation : ils sont les représentants de la Divinité sur cette terre. S’ils s’égarent, ils en répondront au Juge dos fois ; mais, ton propre sentiment peut te tromper, et jamais Le dispenser d’obéir. Si tu manquais à ce devoir sacré, si ton cœur ne tressaillait plus au doux noms de Patrie et de ton souverain, le Maçon te repousserait de son sein comme réfractaire à l’ordre public, comme indigne de participer aux avantages d’une association, qui mérite la confiance et l’estime des gouvernements, puisqu’un de ses principaux mobiles est le patriotisme, et que, jalouse de former les meilleure citoyens elle exige que ses enfants remplissent, avec le plus de distinction et par les motifs les plus épurés, tous les d ir de leur état civil. Le guerrier le plus courageux, le juge le plus intègre, le maUre le plus doux, le serviteur le plus fidèle, le père le plus tendre, l’époux le plus constant, le fils le plus soumis, doit être le Maçon, puisque les obligations ordinaires et communes du citoyen ont été sanctifiées et renforcées par les voeux libres et volontaires du Maçon, et qu’en les négligeant il joindrait à la faiblesse l’hypocrisie et le parjure.

 

ARTICLE IV.

Devoirs envers l’Humanité en général.

§ 1er.- Mais, si le cercle patriotique qui t’ouvre une carrière si féconde et si satisfaisante, ne remplit pas encore toute ton activité ; si ton cœur sensible veut franchir les bornes des empires, et embraser avec ce feu électrique de l’humanité tous les hommes, toute s les nations ; si, remontant à la source commune, tu te plais à chérir tendrement tous ceux qui ont les mêmes organes, le même besoin d’aimer, le même désir d’être utile et une âme immortelle comme toi, viens alors dans nos Temples offrir tes hommages à la sainte Humanité ; l’univers est la patrie du Maçon, et rien de ce qui regarde l’homme ne lui est étranger.
§ II.- Vois avec respect cet édifice majestueux, destiné à resserrer les liens trop relâchés de la morale : chéris une association générale d’âmes vertueuses, capables de s’exalter ; répandue dans tous les pays où la raison et les lumières ont pénétré ; réunie sous la bannière sainte de l’humanité ; régie par des lois simples et uniformes. Sens enfin le but sublime de notre saint Ordre ; consacre ton activité et toute ta vie à la bienfaisance ; ennoblis, épure et fortifie cette généreuse résolution, en travaillant sans relâche à ta perfection, te réunissant plus intimement à la Divinité.

 

ARTICLE V.

Bienfaisance.

§ Ier.- Créé à l’image de Dieu, qui a daigné se communiquer aux hommes et répandre sur eux le bonheur ; rapproche-toi de ce modèle infini, par une volonté constante de verser sans cesse sur les autres hommes, toute la masse de bonheur qui est en ton pouvoir : tout ce que l’esprit peut concevoir de bien, est le patrimoine du Maçon.
§ II.- Vois la misère impuissante de l’enfance, elle réclame ton appui : considère l’inexpérience funeste de la jeunesse, elle sollicite tes conseils : mets ta félicité à la préserver des erreurs et des séductions qui la menacent : excite ou elle les étincelles du feu sacré du génie, et aide-la à les développer pour le bonheur du monde.
§ III.- Tout être qui souffre ou gémit, a des droits sacrés sur toi ; garde-toi de les méconnaître ; n’attends point que le cri perçant de la misère te sollicite ; préviens et rassure l’infortuné timide ; n’empoisonne pas, par l’ostentation de tes dons, les sources d’eau vive où le malheureux doit se désaltérer ; ne cherche pas la récompense de ta bienfaisance dans les vains applaudissements de la multitude : le Maçon la trouve dans le suffrage tranquille de sa conscience, et dans le sourire fortifiant de la Divinité, sous les yeux de laquelle il est sans cesse placé.
§ IV.- Si la Providence libérale t’a accordé quelque superflu, garde-toi d’en faire un usage frivole et criminel ; elle voulut que, par un mouvement libre et spontané de ton âme généreuse, tu rendisses moins sensible la distribution inégale des biens, qui entrait dans ses plans : jouis de cette belle prérogative. Que jamais l’avarice, la plus sordide des passions, n’avilisse ton caractère, et que ton cœur se soulève aux calculs froids et arides qu’elle suggère. Si jamais il venait à se dessécher à son souffle triste et intéressé, fuis nos ateliers de charité, ils seraient sans attrait pour toi, et nous ne pourrions plus reconnaître en toi l’ancienne image de la Divinité.
§ V.- Que ta bienfaisance soit éclairée par la religion, la sagesse et la prudence : ton cœur voudrait embrasser les besoins de l’humanité entière : mais ton esprit doit choisir les plus pressants et les plus importants. Instruis, conseille, protége, donne, soulage, tour à tour : ne crois jamais avoir assez fait, et ne te repose de tes oeuvres que pour montrer une nouvelle énergie En te livrant ainsi aux élans de cette passion sublime, une source intarissable de jouissances s’apprête pour toi : tu auras sur cette terre l’avant-goût de la félicité céleste : ton âme s’agrandira, et tous les instants de ta vie seront remplis.
§ VI.- Lorsque enfin tu sens les bornes de ta nature finie, et que ne pouvant suffire seul au bien que tu voudrais faire, ton âme s’attriste, viens dans nos Temples : vois le faisceau sacré de bienfaits qui nous unit, et concourant efficacement selon toutes tes facultés aux plans et aux établissements utiles que l’association Maçonnique te présente, et qu’elle réalise, félicite toi d’être citoyen de ce meilleur monde : goûte les doux fruits de nos forces combinées et concentrées sur un même objet ; alors tes ressources se multiplieront, tu aideras à faire mille heureux au lieu d’un, et tes voeux seront couronnés.

 

ARTICLE VI.

Autres devoirs moraux envers les hommes.

§ Ier.- Aime ton prochain autant que toi-même et ne lui fais jamais ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit. Sers-toi du don sublime de la parole, signe extérieur de ta domination sur la nature, pour aller au-devant des besoins d’autrui, et pour exciter dans tous les cœurs le feu sacré de la vertu. Sois affable et officieux, édifie par ton exemple : partage la félicité d’autrui sans jalousie. Ne permets jamais à l’envie de s’élever un instant dans ton sein, elle troublerait la source pure de ton bonheur, et ton âme serait en proie à la plus triste des furies.
§ II.- Pardonne à ton ennemi ; ne t’en venge que par tes bienfaits ; ce sacrifice généreux, dont nous devons le sublime précepte à la Religion, te procurera les plaisirs les plus purs et les plus délicieux : tu redeviendras la vive image de la Divinité qui pardonne, avec une bonté céleste, les offenses de l’homme et le comble de grâces malgré son ingratitude. Rappelle-toi donc toujours que c’est là le triomphe le plus beau que la raison puisse obtenir sur l’instinct, et que le Maçon oublie les injures, mais jamais les bienfaits.

 

ARTICLE VII.

Perfection morale de soi-même.

§ Ier.- En te dévouant ainsi au bien d’autrui, n’oublie point ta propre perfection, et ne néglige pas de satisfaire les besoins de ton âme immortelle. Descends souvent dans ton cœur, pour en sonder les replis les plus cachés. La connaissance de soi- [même est le grand pivot des préceptes Maçonniques. Ton âme est la pierre brute qu’il faut dégrossir : offre à la Divinité l’hommage de tes affections réglées, de tes passions vaincues.
§ II.- Que des mœurs chastes et sévères soient tes compagnes inséparables, et te rendent respectable aux yeux des profanes :
que ton âme soit pure, droite, vraie et humble. L’orgueil est l’ennemi le plus dangereux de l’homme, il l’entretient dans une confiance illusoire de ses forces. Ne considère point le terme où Lu os venu, il ralentirait ta course : fixe celui où tu dois arriver : la courte durée de ton passage te laisse à peine l’espoir d’y atteindre : ôte à ton amour-propre l’aliment dangereux de la comparaison avec ceux qui sont derrière toi : sens plutôt l’aiguillon d’une émulation vertueuse, en voyant des modèles plus accomplis devant toi.
§ III.- Que jamais ta bouche n’altère les pensées secrètes de ton cœur, qu’elle en soit toujours l’organe vrai et fidèle ; un Maçon qui se dépouillerait de la candeur, pour prendre le masque de l’hypocrisie et de l’artifice serait indigne d’habiter avec nous, et semant la méfiance et la discorde dans nos paisibles Temples, il on deviendrait bientôt l’horreur et le fléau.
§ IV.- Que l’idée sublime de la toute-présence de Dieu te fortifie, te soutienne ; renouvelle chaque matin le vœu de devenir meilleur ; veille et prie, et lorsque sur le soir ton cœur satisfait te rappelle une bonne action, on quelque victoire remportée sur toi-même, alors seulement repose tranquillement dans le sein de la Providence, et reprends de nouvelles forces.
§ V.- Étudie enfin le sens des hiéroglyphes et des emblèmes que l’Ordre te présente. La nature même voile la plupart de ses secrets ; elle veut être observée, comparée et surprise souvent dans ses effets. De toutes les sciences dont le vaste champ présente les résultats les plus heureux à l’industrie de l’homme et à l’avantage de la société, celle qui t’enseignera les rapports entre Dieu, l’univers et toi, comblera les désirs de ton âme céleste et t’apprendra à mieux remplir tes devoirs.

 

ARTICLE VIII

Devoirs envers les Frères.

§ 1°.- Dans la foule immense des êtres, dont cet univers est peuplé, tu as choisi par un vœu libre les Maçons pour tes frères. N’oublie donc jamais que tout Maçon, de quelque communion chrétienne, pays ou condition qu’il soit, en te présentant se main droite, symbole de la franchise fraternelle, a des droits sacrés sur ton assistance et sur ton amitié. Fidèle au vœu do la nature, qui fut l’égalité, le Maçon rétablit dans ses Temples les droits originaires de la famille humaine ; il ne sacrifie jamais aux préjugés populaires, et le niveau sacré assimile ici tous les états. Respecte dans la société civile les distances établies ou tolérées par la Providence : souvent l’orgueil les imagina ; il y en aurait à les fronder, et à vouloir les méconnaître. Mais garde-toi surtout d’établir parmi nous des distinctions factices, que nous désavouons : laisse tes dignités et tes décorations profanes à la porte, et n’entre qu’avec l’escorte de tes vertus. Quel que soit ton rang dans le monde, cède le pas dans nos Loges au plus vertueux, au plus éclairé.
§ II.- Ne rougis jamais en public d’un homme obscur mais honnête, que dans nos asiles tu embrassas comme frère quelques instants auparavant ; l’Ordre rougirait de toi à son tour et te renverrait avec ton orgueil, pour l’étaler sur les théâtres profanes du monde.
Si ton frère est en danger, vole à son secours, et ne crains pas d’exposer pour lui ta vie. S’il est dans lu besoin, verse sur lui tes trésors, et réjouis-toi d’en pouvoir faire un emploi aussi satisfaisant : tu as juré d’exercer la bienfaisance envers les hommes on général, tu la dois de préférence à ton frère qui gémit. S’il est dans l’erreur, et qu’il s’égare, viens à lui avec les lumières du sentiment, de la raison , de la persuasion ; ramène à la vertu les êtres qui chancellent, et relève ceux qui sont tombés.
§ III.- Si ton cœur ulcéré par des offenses vraies ou imaginaires, nourrissait quelque inimitié secrète contre un de tes frères, dissipe à l’instant le nuage qui s’élève : appelle à ton secours quelque arbitre désintéressé ; réclame sa médiation fraternelle : mais ne passe jamais le seuil du Temple avant d’avoir déposé tout sentiment de haine et de vengeance. Tu invoquerais en vain le nom de l’Éternel, pour qu’il daignât habiter dans nos Temples, s’ils ne sont purifiés par les vertus des frères et sanctifiés par leur concorde.

 

ARTICLE IX.

Devoirs envers l’Ordre.

§ Ier.- Lorsque enfin tu fus admis à la participation des avantages qui résultent de l’association Maçonnique, tu lui abandonnas en échange tacitement une partie de ta liberté naturelle :
accomplis donc strictement les obligations morales qu’elle t’impose ; conforme-toi à ses sages règlements et respecte ceux que la confiance publique a désignés pour être les gardiens des bis et les interprètes du vœu général. Ta volonté dans l’Ordre est soumise à celle de la loi et des supérieurs : tu serais un mauvais frère, si tu méconnaissais jamais cette subordination nécessaire dans toute société, et la nôtre serait forcée de t’exclure de son sein.
§ II.- Il est surtout une loi dont tu as promis à la face des cieux la scrupuleuse observance : c’est celle du secret le plus inviolable sur nos rituels, cérémonies, signes et la forme de notre association. Garde-toi de croire que cet engagement est moins sacré que les serments que tu juras dans la société civile. Tu fus libre on le prononçant : mais tu ne l’es plus de rompre le secret qui te lie. L’Éternel que tu invoquas comme témoin, l’a ratifié : crains les peines attachées au parjure : tu n’échapperais jamais au supplice de ton cœur, et tu perdrais l’estime et la confiance d’une société nombreuse, qui aurait droit de te déclarer sans foi et sans honneur.

 

CONCLUSION.

Que les leçons que l’Ordre t’adresse pour te faciliter le chemin do la vérité et du bonheur, se gravent profondément dans ton âme docile et ouverte aux impressions de la vertu ; si les maximes salutaires, qui marqueront pour ainsi dire chaque pas que tu feras dans la carrière Maçonnique, deviennent tes propres principes, et la règle invariable de tes actions ; ô mon frère quelle sera notre joie ! tu accompliras ta sublime destinée, tu recouvreras cette ressemblance divine, qui fut le partage de l’homme dans son état d’innocence, qui est le but du Christianisme, et dont l’initiation Maçonnique fait son objet principal ; tu redeviendras la créature chérie du Ciel : ses bénédictions fécondes s’arrêteront sur toi ; et méritant le titre glorieux de sage , toujours libre, heureux et constant, tu marcheras sur cette terre l’égal des Rois, le bienfaiteur des hommes, et le modèle de tes frères.

Recès du Convent de Wilhelmsbad (1782)

Nous Grand Maître général, Maîtres Provinciaux, Grands Officiers, Préfets et Députés des Chapitres du StøOø des Chevaliers Bienfaisants et des Francs-Maçons, réunis sous le régime rectifié, légitimement assemblés en convent général à Wilhelmsbad près de Hanau pour affermir l’édifice maçonnique confié à nos soins, rectifier les principes et le but de cet Ordre ancien, et réunir ses différentes parties par des liens communs et durables, avons arrêté et statué ainsi qu’il suit.

Convaincus dès les premiers pas de nos travaux, que pour entretenir l’activité entre les diverses parties de l’Ordre, et établir peu à peu une uniformité de principes, rits et obligations, il était nécessaire de créer un centre respectable où elles viendraient toutes aboutir, et considérant que notre régime doit sa conservation aux soins infatigables du Ser.me Fø Ferdinandus a Victoria in Seculo (Duc de Brundvic et Lunébourg) nous n’avons cru pouvoir mieux solenniser notre reconnaissance qu’en Le confirmant dans la dignité de Chef Suprême de toutes les Loges rectifiées, qui Lui a déjà été conférée au convent de Kohlo en 1772, et y ajoutant celle de Grand Maître Général de toutes les provinces de l’Ordre des Chevaliers Bienfaisants et des Maçons Rectifiés, que le voeu unanime de toutes les nations s’est empressé de lui offrir. Enjoignons en conséquence à tous les Chapitres, Loges et frères qui suivent notre régime, de Lui rendre en cette qualité l’hommage dû aux vertus éminentes dont Il présente sans cesse le modèle. Lui avons transmis par un acte solennel, et exprimant notre confiance entière, 1e droit de convoquer et présider les convents généraux et de diriger par le secours des Maîtres Provinciaux et autres chefs, les divers établissements de l’Ordre. Et avons reçu en échange de Lui une capitulation, gage des principes sages qui le dirigeront dans l’administration de l’Ordre, et de la liberté qui doit en animer les travaux. Enjoignons pareillement à tous les établissements tant maçonniques que de l’Ordre Intérieur de reconnaître pour secrétaire général de l’Ordre entier le Rø Fø ab Urna (Schwarz) et d’ajouter foi à tout ce qui sera expédié de sa part, comme chargé de la confiance particulière de l’Eminent. Grand Maître. Pour faire passer enfin à la postérité un monument de notre heureuse réunion sous un Chef commun et respectable par tant de vertus, nous avons arrêté, qu’il serait frappé une médaille avec son buste et une devise relative à l’époque fortunée de notre convent.

Un de nos premiers soins s’est tourné vers l’authenticité du système que nous avons suivi jusqu’aujourd’hui et le but final, où il doit conduire nos frères. Apres plusieurs recherches curieuses sur l’histoire de l’Ordre des Templiers, dont on dérive celui des Maçons, qui ont été produites, examinées et comparées dans nos conférences, nous nous sommes convaincus qu’elles ne présentaient que des traditions et des probabilités sans titres authentiques, qui puissent mériter toute notre confiance. et que nous n’étions pas autorisés suffisamment à nous dire les vrais et légitimes successeurs des Tø, que d’ailleurs la prudence voulait que nous quittions un nom, qui ferait soupçonner le projet de vouloir restaurer un Ordre proscrit par le concours des deux puissances, et que nous abandonnions une forme qui ne cadrerait plus aux mœurs et aux besoins du siècle. En conséquence nous déclarons, que nous renonçons à un système dangereux dans ses conséquences, et propre à donner de l’inquiétude aux Gouvernements. Et que si jamais quelque Chapitre ou quelque frère formait le projet de restaurer cet Ordre, nous le désavouerions comme contraire à la première loi du Maçon, qui lui ordonne de respecter l’autorité souveraine. A cet effet et pour décliner à jamais toute imputation sinistre et démentir les bruits semés indiscrètement dans le public : nous avons dressé un acte souscrit par nous tous et au nom de nos commettants, par lequel nous consacrons cette détermination sage, et protestons au nom de tout l’Ordre des Franc-maçons réunis et rectifiés devant Dieu et nos frères, que l’unique but de notre association est de rendre chacun de ses membres meilleur et plus utile à l’humanité par l’amour et l’étude de la vérité, l’attachement le plus sincère aux dogmes, devoirs et pratiques de notre sainte religion chrétienne, par une bienfaisance active, éclairée et universelle dans le sens le plus étendu et par notre soumission aux lois de nos patries respectives.

Nous ne pouvons cependant nous dissimuler, que notre Ordre a des rapports réels et incontestables avec celui des Tø prouvés par la tradition la plus confiante, des monuments authentiques et les hiéroglyphes mêmes de notre tapis ; qu’il parait plus que vraisemblable que l’initiation maçonnique plus ancienne que cet Ordre, a été connue à plusieurs de ces Chevaliers et a servi de voile à quelques autres au moment de leur catastrophe pour en perpétuer le souvenir. En conséquence, et pour suivre tous les vestiges d’un Ordre, qui parait à un grand nombre de frères avoir possédé des connaissances précieuses, et auquel nous devons la propagation de la science maçonnique nous nous sommes crus obligés de conserver quelques rapports avec lui et de consigner ces rapports dans une instruction historique. et comme nous devons à l’ancien système un plan de Coordination utile et des divisions avantageuses pour maintenir le bon ordre, et qu’en renversant la forme extérieure de notre gouvernement nous romprions sans motif les liens, qui unissent les différentes parties ; nous avons arrêté, que ces rapports seraient conservés dans un Ordre équestre, connu, sous le nom de Chevaliers Bienfaisants et chargé du régime et de l’administration des classes symboliques. Nous avons divisé la réception dans cet Ordre intérieur en deux époques avons arrêté le rituel pour la réception des novices, qui doivent être instruits des devoirs, dont ils contractent l’engagement, et avons approuvé l’esquisse du cérémonial de l’armement même des chevaliers, qui reçoivent cette dignité comme récompense de leurs efforts dans la carrière de la bienfaisance, qui nous a été présentée, et dont la rédaction a été confiée au Fø a flumine (de Turkheim). Mais comme quelques Provinces ou Préfectures pourraient avoir quelque raison particulière, pour ne pas se servir de cette dénomination de Chevaliers Bienfaisants et de la formule de leur réception, ou être gênés par des circonstances locales, dont nous remettons le jugement à la prudence de notre Éminentissime GøMøGø nous voulons et entendons leur laisser la liberté d’y ajouter les modifications jugées convenables, sans rompre ou altérer pour cela leur union avec l’ensemble de l’Ordre, dont la connexion plus étroite a été un des principaux mobiles de nos travaux. Avons accordé pareillement aux trois Provinces françaises, qui depuis leur réforme nationale avaient adopté le titre de Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, auquel elles attachaient un prix particulier, la liberté de continuer de s’en servir. En conservant enfin à cette Chevalerie chrétienne une croix, un habillement uniforme, les noms d’Ordre et la bague pour se reconnaître, nous prescrivons pour les dates l’usage de l’Ere du salut et du calendrier réformé, en abolissant dans les actes celui de l’Ere de l’Ordre établie auparavant.

Notre attention principale s’est portée sur les rituels des trois premiers grades, base commune de tous ceux, qui s’appellent Maçons. Occupés à réunir sous une seule bannière les autres régimes, nous sentions, qu’il était impossible de l’effectuer, sans conserver tous les emblèmes essentiels et en séparer ceux que l’esprit du système y avait ajoutés. Pénétrés intimement, que les hiéroglyphes de ce tableau antique et instructif, tendaient à rendre l’homme meilleur et plus propre à saisir la vérité, nous avons établi un comité, pour rechercher avec le plus grand soin, quels pouvaient être les rituels les plus anciens, et les moins altérés ; nous les avons comparé avec ceux arrêtés au Convent des Gaules, qui contiennent des moralités sublimes et en avons déterminé un pour les grades d’Apprenti, Compagnon et Maître, capable de réunir les Loges divisées jusqu’ici, et qui se rapprochât le plus de la pureté primitive. Nous publions ce travail, et invitons nos Loges à le méditer et à le suivre ; permettant aux Provinces, qui auraient des observations à y faire, de les communiquer à notre Eminent. GøMø Général d’ici à un an. Et comme dans presque tous les régimes il se trouve une classe Ecossaise, dont les rituels contiennent le complément des symboles Maçonniques, nous avons jugé utile d’en conserver une dans le nôtre, intermédiaire entre l’Ordre symbolique et intérieur ; avons approuvé les matériaux fournis par le comité des rituels, et chargé le RøFø ab Eremo, (Willermoz) d’en faire la rédaction. Nous avons lieu d’espérer qu’établissant pour première loi des principes de tolérance pour les autres régimes, et ceux d’une bienfaisance active, éclairée et universelle pour caractéristiques du nôtre ; nous obtiendrons la réunion désirée avec tous les bons Maçons : but que nous nous proposons principalement, et déclarons que nous ne reconnaîtrons pour fausses et contraires à la vraie Maçonnerie, que ces grades dont les principes seraient opposés à la religion, aux bonnes mœurs et aux vertus sociales.

Malgré que nos Loges se soient toujours empressées d’enseigner à leurs membres les préceptes de la morale la plus pure et de graver surtout dans le cœur des nouveaux reçus les leçons de la sagesse et de la vertu : nous avons cru devoir faire composer une règle générale pour tous les Maçons, qui leur traçât avec énergie ce qu’ils doivent à Dieu, à leur prochain, à eux mêmes, à leurs frères et à l’Ordre en général ; nous avons par conséquent adopté une règle, écrite dans les deux langues, pour être lue au Candidat lors de son initiation, et avons donné pareillement notre sanction à une paraphrase de cette même règle contenue en neuf articles, pour être soumise à sa méditation ultérieure et être lue quelquefois l’année dans nos Loges.

Et comme les Chevaliers Bienfaisants se dévouent plus particulièrement à la défense de notre sainte religion chrétienne, de l’innocence opprimée et de l’humanité souffrante, et que nos fonds sont consacrés à des établissements de bienfaisance, nous avons fait rédiger une règle, qui leur expliquât d’une manière plus positive leurs engagements et les principes, qui doivent diriger l’Ordre Equestre ; voulons et entendons, que cette règle, soit adoptée par tout Chevalier, comme norme de sa conduite dans l’Ordre, et lui soit lue lors de sa réception soit dans l’original latin, soit dans une des traductions.

Le défaut d’un bon code de lois, qui établisse d’un côté autant d’uniformité qu’il est possible entre les différents établissements sans trop gêner d’un autre côté les convenances locales, est cause des variations et des schismes que l’Ordre des Maçons a éprouvé jusqu’ici. Nos Convents antérieurs ont déjà senti la nécessité d’y porter remède, et celui des Provinces françaises a fourni des esquisses précieuses : nos vues ont dû s’arrêter sur le même objet, et nous avons vu avec plaisir un plan pour classer les différentes parties de cette législation, par le Fø a Fonte Irriguo (de Kortum). Nous en avons discuté plusieurs principes, et nous les communiquerons à toutes les Préfectures pour faire leurs observations sur ce travail. Mais nous aurions prolongé nos séances au delà du temps limité par les occupations civiles de nos députés, si nous avions voulu en entreprendre la rédaction. Nous nous sommes donc bornés, à approuver l’introduction à ce code, dans laquelle on fait sentir la nécessité des lois positives, les abus et les erreurs, qui jusqu’ici ont infesté l’Ordre ; les moyens de lui rendre sa pureté, et le précis des vues générales de l’Ordre, et des principes, qui doivent diriger la conduite de ses établissements et de ses membres. Nous enjoignons aux Loges de méditer souvent cette introduction : et estimons qu’on s’en servira avec succès pour donner aux Loges d’un régime étranger une idée favorable du nôtre et les amener à la réunion que nous désirons. Nous avons enfin chargé les FFø a Fonte Irriguo, a Circulis (Comte de Virieu) a Lilio Convallium (Bode) a Flumine (de Turkheim) de la rédaction de ce code, les priant chacun d’en faire deux, dont l’un trace des principes simples et fondamentaux, qui puissent convenir à toutes les Provinces, et l’autre soit détaillé et motive les différentes lois générales et locales même, qu’ils croiront les meilleures pour que chaque Province puisse y puiser à son choix ce qui lui sera le plus convenable. Nous comptons envoyer le travail de ces quatre frères aux Provinces, et lorsque celles-ci auront communiqué leurs observations sur ces ouvrages, nous remettrons tous ces matériaux au Fø ab Equo Bellicofo (de Rosskampff) que nous avons désigné comme une personne agréable à tous, pour rédiger un seul code général.

Apres avoir fixé un centre commun, nous devions nous occuper des parties constituantes et supérieures dans l’Ordre et revoir la matricule générale des Provinces qui relèvent immédiatement du Grand Maître Général. Faisant donc droit sur les demandes du Grand Prieuré d’Italie, ci-devant un des deux grands Prieurés de la Ville accordées depuis plusieurs années par le voeu unanime des Provinces, exprimées vis-à-vis du Ser.me Fø a Victoria, nous le séparons du grand Prieuré d’Allemagne et y joignant l’Archipel et la Grèce, le proclamons Province du Sø Oø considérant en outre, qu’ayant renoncé au système de restauration de l’Ordre des Templiers, il serait peu conséquent et peu analogue à cette détermination de conserver l’ancien Ordre de la matricule : nous recevons entre nos mains toutes les grandes charges de l’Ordre annexées jadis aux maîtrises provinciales, sans qu’aucun membre individuel, de l’Ordre puisse en être revêtu dorénavant. Abrogeons les anciennes dénominations des Préfectures et Commanderies comme relatives entièrement à l’Ordre des Templiers, déclarons que le nombre des Provinces ne devra pas être borné nécessairement à celui de IX. mais qu’il dépendra des circonstances et des besoins de l’Ordre ; que cependant pour le moment nous ne voyons pas de nécessité de l’augmenter, puisque les deux Provinces qui portaient le nom d’Aragon et de Léon dans l’Ordre, ne sont pas en activité, qu’il nous reste peu d’espoir de porter les établissements Maçonniques de la Grande Bretagne à une réunion solide et convenable, et que nous croyons devoir déclarer ces trois places vacantes. Partant de ce principe nous assignons le premier rang à celle de la Basse-Allemagne, qui portait jusqu’ici, dans l’Ordre le nom de VII.e comme à la plus ancienne des restaurées ; conservons à l’Auvergne, l’Occitanie et la Bourgogne leur rang de II. III. et V. que cette dernière a déclaré expressément vouloir conserver ; accordons le titre de IV. à l’Italie ; celui de VI.e à la haute Allemagne et vû la requête des établissements du Sø Oø dans les états Autrichiens, tendant à être réunis conformément aux voeux de leur Auguste Souverain en une Province, ou corps national, et le consentement des autres Provinces, surtout de celles spécialement intéressées, proclamons la Province d’Autriche VIIe dans l’Ordre, la composant des chapitres de Vienne, Hongrie et Transylvanie, et y ajoutant la Préfecture de Prague, et les établissements en Galicie et Lodomérie, appartenant jusqu’ aujourd’hui à la I.e Démembrons en outre la Lombardie Autrichienne du ressort de la IVe et la Flandre Autrichienne de celui de la V.e pour les réunir à cette nouvelle Province. et désirant enfin ménager toutes les voies de conciliation au Chapitre national de la Suède, dont nous ne pouvions reconnaître l’érection en IX.e Province, comme faite sans le concours des autres Provinces ; mais considérant en même temps que la Russie, qui devait faire partie du ressort de la Suède d’après d’anciennes conventions, était un pays vaste, réuni sous une souveraine puissante, qui verrait avec peine une dépendance étrangère, et contenant déjà beaucoup d’établissements d’ordre prêts à embrasser notre régime, et qui avoient demandé expressément d’être réunis en Province séparée ; nous proclamons la Russie VIII.e Province du Sø Oø et laissons ouvert le rang de IXe pour le Chap.e de la Suède, qui paraît attacher quelque prix à ce titre et à cette dénomination et avec lequel nous nous empresserons de renouer les liens de la fraternité dès que des circonstances heureuses nous en présenteront les moyens. Et comme nous avons adopté le principe, de réunir dans un ressort les établissements, qui sont sous une même domination du moment que l’autorité souveraine parait le désirer ; nous faisons droit sur la demande faite au nom du Révérendissime Maître Provincial et de la IVe Province dite Italie ; pour réclamer la Préfecture de Chambéry, qui avait jusqu’à ce jour fait partie de la II.e Province.

Les limites entre les trois Provinces françaises enfin, ayant été changées par le Convent national des Gaules, nous les rétablissons dans l’état où elles étaient avant cette époque, surtout entre la Il.e et III.e ; invitons la II.e et V.e à définir les leurs à l’amiable, à recourir en cas de différent à l’arbitrage de S.E.G.M.e G. et surtout la II.e à dédommager la V.e par une répartition plus égale de leur ressort ; de la partie considérable qui vient d’être retranchée à la dernière par les cessions faites à la Province d’Autriche.

Les Préfectures relèveront immédiatement des Provinces sans instances intermédiaires des Prieurés ; si nous désirons d’un côté, que cette forme soit observée dans les Provinces nouvellement établies, nous n’entendons pas d’un autre gêner la volonté et les vues locales de celles qui existent déjà sous une autre forme, et accordons nommément à la II.e et IVe Province la liberté nécessaire de conserver les divisions de leur Provinces en Prieurés, et de subordonner leurs Préfectures à ceux ci. Ayant déjà conclu avec la Loge nationale d’Hollande il y a trois ans un traité d’union et de fraternité, qui a été suivi peu après de l’établissement d’un Chap.e à La Haye, nous avons admis le Député de ce Corps natio­nal à nos conférences, et celui ci nous ayant exposé le voeu du Chap.e des Bataves, de devenir grand Prieuré de la VI.e ayant son Directoire et son Chapitre séparé de celui de la haute Allemagne, et immédiatement soumis au Ser.e M.e Provincial, sans l’intervention d’un Chap.e Provincial, nous élevons ledit Chapitre des Bataves de l’avis et de consentement du Sen.e Fø a Leone Resurgente, Maître Provincial de la VI.e (Prince Charles de Hesse – Cassel) et de son conclave Provincial, en grand Prieuré exempt, et reconnaissons pour grand Prieur le Ser.e Fø Fridericus a Septem Sagittis (Prince Frédéric de Hesse-Cassel.)

Les FFø de la Pologne nous ayant fait une demande pareille par le Fø a Fonte Irriguo leur Député ; nous n’avons pas encore cru leurs établissements consolidés suffisamment pour pouvoir y déférer, et les retenons encore quant à présent sous le Chap.e Provincial de la I.e mais en même temps nous avons statué, qu’en cas que plusieurs établissements réunis sous une seule domination, jalouse de leur indépendance, nous demandassent une existence séparée, et qu’il n’y eut pas encore un nombre de Chapitres convenable, pour être érigés en Province, ou que d’autres motifs s’y opposassent ; on pourra leur accorder le rang et titre de grand Prieuré exempt, immédiatement, soumis à notre GøM.e Général. Quant au G. Prieuré d’Helvétie, nous entendons, que le concordat, qui a été fait entre lui et notre Chap.e provincial de la V.e soit exécuté et maintenu, et que les établissements Maçonniques de la Suisse jouissent des exemptions qui leur y sont assurées, en continuant de reconnaître le Maître et Chap.e Provincial de la V.e pour leurs supérieurs.

Rien ne nous tenant à coeur autant que de faire régner la concorde et la bonne harmonie entre les différents établissements d’une même Province, nous voyons avec peine la mésintelligence qui divise depuis plusieurs années les deux Prieurés de Bordeaux et de Montpellier dans la III.e Prov.e. La médiation de notre Em.e G. M. Général et des II.e et V.e Provinces ayant été infructueuses jusqu’ici, nous espérions les terminer en ce Convent à la satisfaction commune ; mais le Chap.e de Bordeaux n’ayant pas répondu à l’invitation de comparaître en Convent, celui de Montpellier a réclamé nos conseils fraternels et un arrêt conciliatoire, quoique définitif sur les limites, privilèges et rapports de ces deux Loges ; nous les invitons donc à se rapprocher et à oublier le passé. chargeons les FFø a Circulis et a Capite Galeato (Marquis de Chefdebien) d’interposer à cet effet leurs bons offices : autorisons le Chap.e de Montpellier à exercer d’ici à la fin de 1783 dans tout le ressort de son Prieuré, et passé cette époque, dans tout celui de la III.e Prov.e tous les droits des supérieurs, jusqu’à ce que le Cha.e de Bordeaux accède aux arrêtés de ce convent, et approuve ce que Montpellier aura fait dans l’intervalle : avertissons le Chap.e de Bordeaux de ne pas procéder à une élection d’un Maître Provincial sans le concours de celui de Montpellier, et autorisons ce dernier passé le 1er janvier 1784 d’y procéder seul en cas que Bordeaux ne se soit pas mis en règle d’ici à ce terme : entendons enfin qu’en cas de formation du nouveau Chap.e Provincial on partage les charges entre les deux Prieurés et qu’un commissaire de S. E. le G.M.e G. y assiste la première fois, pour y remplir les fonctions de médiateur.

SøEø le G. M. G. ayant trouvé convenable pour le bien. de la I.e Province, que son Directoire soit transféré de Brunsvic, nous proposons aux Grands Officiers et Préfectures, de l’établir à Weymar vu la sûreté dont on y jouira pour les archives. Transférons pareillement de l’avis et vœu du Maître Provincial et du Chap.e de la VI.e le Directoire de la haute Allemagne de Meinungen à Heidelberg, et en proclamons Président le Rø Fø a Tumba Sacra (Baron de DablBerg). Sur la demande faite au nom des FFø et ødu Palatinat et accueillie favorablement par la VI.e Province, nous proclamons en son nom la Préfecture du Palatinat : reconnaissons pareillement sur le consentement de la I.e Province le Chapitre Prépositural de Brémen comme Préfecture exempte : et érigeons enfin de l’exprès consentement du Révérendissime M.e Provincial du Chap.e Provincial et Visiteur général de la V.e la Commanderie du Sø Oø à Metz en Préfecture régulière, sauf à la faire installer légalement par un Commissaire de la Province.

Pour assurer le bon ordre dans nos Loges et en voir épurer de plus en plus la composition, nous avons dès actuellement fixé quelques principes, qui doivent entrer dans le nouveau code. Nous établissons donc les Loges Ecossaises composées des Ecossais de l’arrondissement et présidées par le Commandeur de maison Député-Maître, comme Inspectrice et première instance des Loges bleues ou symboliques ; n’accordant aux Ecossais d’autre prérogative en Loge bleue que celle des Maîtres, à moins qu’ils soient officiers de la Loge lesquels formeront un Comité à la demande des Vénérables pour préparer les affaires à délibérer par devant les Loges.

Fixons dorénavant le nombre essentiel de ceux ci à sept, savoir le Vénérable, les deux Surveillants, l’Orateur, le Secrétaire, le Trésorier et Éléemosinaire, auxquels chaque Loge pourra adjoindre un Maître des Cérémonies et un Économe ; enjoignons aux Loge de ne recevoir aucun Candidat au dessous de 21 ans accomplis, et prouvé par extrait baptistaire, en faisant remise d’un an à ceux qui seront présentés par leurs pères, membres de la Loge ; mais en n’accordant aucune dispense et exigeant que jusqu’à l’âge de 25 ans on rapporte le consentement du père, à moins que le fils ne soit émancipé, et pour ne pas multiplier à volonté les réceptions et borner le nombre des membres par Loge nous faisons la loi expresse, que jamais aucune Loge ne pourra être composée de plus de 54 frères et que du moment que ce nombre sera rempli, on ne puisse recevoir qu’en cas de vacance.

Nous avons enfin arrêté, qu’au défaut du Vénérable Maître, la Loge ne soit pas présidée par l’Ex-maître, mais que le droit de Présidence soit alors dévolu au 1er Surveillant et que celui – là rentre du moment de la cessation de ses fonctions, dans la classe des Ecossais et ne conserve d’autre prérogative que celle de porter à la boutonnière une petite marque, de son ancienne dignité.

Et comme enfin nous sommes plus jaloux de persuader que de contraindre, et que nous reposant tranquillement sur la bonté de nos intentions, nous n’avons eu d’autre but que celui d’épurer notre régime et d’y réunir tous les frères, qui sont animés de l’amour du bien ; nous n’avons pas jugé convenable d’exiger une acceptation pure et simple de nos Chapitres mais nous leur laissons la liberté d’examiner d’ici à la fin, de 1783 nos opérations et de déclarer au bout de ce terme, s’ils veulent en acceptant le travail du Convent continuer d’adhérer à notre régime, ou s’ils préfèrent de s’associer à tel autre. Nous ne craignons pas d’avancer que celui qui sera fondé sur les bases les plus solides et qui enseignera avec le plus de succès les vérités religieuses et morales, et les vertus sociales et patriotiques ; présentera les moyens les plus efficaces pour exercer la bienfaisance dans toute son étendue, devra nécessairement entraîner la confiance de tous ceux, qui savent apprécier ces avantages. Nous Grand Maître Général & membres Capitulaires du Convent réitérons et déclarons, que ces arrêtés sont conformes aux délibérations générales et doivent guider les Chapitres et les Loges auxquelles ils seront dûment insinués par les Directoires Provinciaux.

En foi de quoi nous les avons tous signé de notre nom.

Fait à Wilhelmsbad le I.er septembre 1782.

Signé par le Président et tous les Députés présents au Convent.

Concordat cun Originali

in Archivo Mag.

Generalis deposito.